24 Heures du Mans: Mets la gomme !

La température de la piste est sans cesse étudiée

Durant la course, les manufacturiers de pneumatiques dépêchent des conseillers techniques d’écurie auprès des équipes qu’ils équipent. Le but est d’optimiser l’usage des pneus et leur intégration à la voiture.

Sur la voie des stands des 24 Heures du Mans, on observe un curieux manège : des personnes sortent régulièrement des boxes des équipes et posent durant quelques secondes une sonde sur l’asphalte.

Ils relèvent ainsi la température de la piste, une information essentielle pour le choix et l’utilisation des pneus. Le rôle de ces techniciens est essentiel et hautement stratégique.

Michelin équipe 29 voitures aux 24 Heures du Mans, dont l’ensemble de la catégorie LPM1, trois LMP2, toutes les LMGTE Pro à l’exception des Aston Martin et neuf autos en LMGTE Am. Une quarantaine de personnes est donc mobilisée au Mans, dont 25 conseillers techniques d’écuries, ou CTE, qui vivent la course auprès des écuries clientes. Leur mission est de travailler sur la pression des pneus, qui doivent, en piste, ‘faire leur grip’, c’est-à-dire offrir la meilleure adhérence possible, tout en conservant une longue durée de vie. Le règlement des 24 Heures du Mans impose que chaque voiture utilise au maximum 12 trains de pneus durant la course.

Alessandro Barlozzi, responsable de la communication chez Michelin, explique : « Si on prend l’exemple des LMP1, ils ont un aérodynamisme très étudié. Les pneus dont on les équipe doivent être en harmonie avec cet aérodynamisme et aussi avec la suspension. Cela va donc au-delà des simples missions d’un pneu. »

Dan Binks, le chef voiture de la Corvette C7R #64 en LMGTE Pro, confirme l’importance d’un travail d’équipe autour des pneumatiques : « Lorsqu’il fait très chaud, comme cela est prévu pour ce week-end, les voitures ont tendance à perdre de l’adhérence en piste. Il est facile de dérailler. Il faut donc jouer en permanence sur la pression des pneus et ajuster les réglages. »

Même son de cloche chez Toyota Motorsport, où Pascal Vasselon, Directeur technique, explique : « Lorsque la piste est très chaude, on peut observer une dégradation des pneus du train arrière. Rien de dangereux a priori, mais c’est un paramètre important à prendre en compte. »

Les pneumatiques Michelin sont différents selon les équipes, même au sein de la même catégorie. « lls ont une base de construction commune que l’on adapte aux besoins de chaque constructeur afin que le pneu se marie avec la voiture, détaille Alessandro Barlozzi. Hier, vendredi, c’était un jour où on ne roulait pas mais où toutes les écuries ont établi leur plan de bataille. Elles ont arrêté un déroulé précis pour les 24 Heures de course : quel pilote effectuera le premier relais, quelle est la température prévue, l’enchaînement des relais, la gestion du passage du jour à la nuit…  Tout est écrit. A partir de cela on sait exactement que, en principe, à tel moment précis il faudra ce pneu-là avec cette pression-là. Il faut savoir qu’il y a aussi, en dehors des conditions extérieures, des paramètres qui dépendent de chaque pilote. En tous cas chaque moment de la course est anticipé, avec des choix adaptables. »

Cette année, la chaleur ne sera pas forcément toujours évidente à gérer en piste, mais elle facilite les prévisions de Michelin et de ses clients : « On sait qu’il fera grand beau, sans pluie. Donc ce seront des conditions de course stables, et notre travail est plus compliqué lorsqu’elles sont changeantes. Pour autant, nous nous tenons toujours prêts à réagir en cas d’imprévu, la survenue d’un orage par exemple. » Michelin a ses propres techniciens météo mais se base, pour agir, sur la météo fournie par chaque écurie, qui conserve la responsabilité de ce paramètre.   

La température de la piste est prise très régulièrement au fil de la course, ainsi que celle des pneus à chaque relais à plusieurs endroits précis. Tout est enregistré et analysé. « Le but est d’avoir des pneumatiques le plus stables possible au fil de l’épreuve afin de ne pas devoir modifier les réglages de la voiture. »  Plutôt que de changer le type de pneus, on préfèrera ainsi, dans la mesure du possible, en prendre du même type, mais avec un mélange de gommes différent.

Céline Gualde,

PUBLICITÉ