Eurocup FR 2.0: Leur passion ? Transmettre !

Simon Abadie © DR

Nombreux sont les directeurs d’écurie à avoir occupé un baquet avant de se reconvertir. Depuis plusieurs années, la Formule Renault Eurocup a même la particularité d’avoir sur sa grille deux équipes sous la houlette d’anciens concurrents présents et vainqueurs en Formules Renault : Tech 1 Racing et AVF by Adrián Vallés. Qui sont-ils ? Quelles sont leurs motivations ? Nous avons cherché à en savoir plus !

 

Cette saison, plus de la moitié des structures engagées en Formule Renault Eurocup sont chapeautées par d’anciens compétiteurs. Pilote émérite dans les années 1970 et 1980, Josef Kaufmann a lancé son team éponyme, tout comme Mark Burdett.

D’autres ont suivi un autre chemin. Garry Horner et son fils Christian Horner ont ainsi fondé Arden Motorsport pour atteindre la F3000 Internationale et le destin que l’on connaît. Enfin, Richard Dutton raccrochait les gants pour rejoindre puis racheter Fortec Motorsports !

Parmi ces reconversions, Simon Abadie et Adrián Vallés occupent une place à part puisque tous deux sont passés par les Formules Renault et y possèdent désormais leur équipe.

Tech 1 Racing, l’aventure personnelle devenue épopée
En 2010, Tech 1 Racing retrouvait la Formule Renault 2.0, une catégorie où l’écurie toulousaine avait fait ses débuts dix ans plus tôt.

« J’y roulais quand la Formule Renault 2000 allait être introduite », se rappelle Simon Abadie, Team Manager de Tech 1 Racing. « Les conditions d’un accord avec une équipe ont changé au dernier moment, rendant ma situation financière compliquée. Avec la complicité de ma sœur Sarah, j’ai alors proposé à l’un de mes partenaires de m’aider à lancer une écurie sur deux ans et ils ont dit oui ! »

Dès la première campagne de la structure en 2000, Simon terminait vice-champion de France. L’aventure Tech 1 Racing se développait ensuite avec succès et moult titres en Eurocup Mégane Trophy, en Formula Renault 3.5 Series et en Formule Renault.

« Un mois avant la première course, j’étais assis par terre avec un calepin et un crayon pour lister ce que j’aurais déjà dû acheter ! Je voulais monter une équipe qui comblerait les manques que j’avais connus. C’était ambitieux, un peu insouciant, mais nos parents nous ont transmis le goût du travail et de l’exigence. Je partage ces qualités avec ma sœur et c’est pour cela qu’il y a peu de choses qui nous effraient dans tous nos projets. »

« Fin 2004, je voulais raccrocher le casque. Mais Renault a lancé la nouvelle Mégane Trophy et nous avons cru au projet avec raison puisque c’est devenu un produit phare en Europe. Un an plus tard, nous étions en essais à Lédenon. Un véritable calvaire tant il faisait froid ! Serge Saulnier m’a appelé pour me dire qu’il vendait ses Formules Renault 3.5. J’ai immédiatement fait une offre. Il m’a aidé et canalisé lors de mes démarches. Les financements ont suivi, mais il fallait attendre l’accréditation de Renault. Je me souviens avoir harcelé François Sicard (à l’époque Racing Manager de Renault Sport) durant mon voyage de noces pour y parvenir ! Une fois celle-ci accordée, l’équipe devait être montée de but en blanc. J’ai rencontré Florent Gouin, un ingénieur qui avait une année d’expérience chez Saulnier, nous avons échangé sur nos visions du sport automobile et celles-ci étaient assez proches. Nous avons trouvé un accord avec ma sœur – qui était alors en congé maternité ! – et nous nous sommes donnés trois ans. Le succès est vite arrivé et ce trio est toujours à la tête de l’équipe ! »

« Cette aventure est marquante, nous n’aurions peut-être pas pu la faire ailleurs par manque de crédibilité. Serge était assez fou pour vendre et il savait que j’étais assez fou pour relever le défi. Renault Sport nous a également fait confiance en voyant au-delà de notre petit palmarès et en remarquant que nous savions exactement où nous voulions aller. Nous avions parfaitement identifié nos problèmes en interne et ce qu’il fallait anticiper pour grandir et atteindre nos objectifs. Nous savions que nous pouvions le faire et nous l’avons rapidement prouvé ! »

De grands noms sont ainsi passés dans les rangs de la structure, qui joue toujours régulièrement les premiers rôles. Un succès qui n’est en rien dû au hasard selon Simon Abadie.

« Ma carrière est un avantage dans le sens où je suis parfois plus près des pilotes que quiconque. Je peux connaître leurs problèmes, leurs doutes, les petites erreurs à éviter de toutes parts dans leurs relations avec les ingénieurs ou les mécanos. Beaucoup m’ont rendu fier, comme Daniel Ricciardo, Jean-Éric Vergne, Jules Bianchi ou les frères Pic… D’autres m’ont marqué humainement. C’est le cas d’Alvaro Parente, de Pedro Petiz ou encore de Mathieu Lahaye… Tous sont devenus des amis. Néanmoins, une équipe représente bien plus que les pilotes. J’ai vécu avec des mécaniciens des choses assez folles et particulières ! »

Regrette-t-il un instant d’être passé de l’autre côté du miroir ?
« Tous les jours quand le banquier m’appelle ! (rires) Malgré les difficultés, la passion prend toujours le dessus. La seule chose qui pourrait m’arrêter, ce serait de me sentir dépassé par mon sport, de ne plus être capable de lui rendre ce qu’il m’a donné. Prendre fait et cause pour des pilotes et des collaborateurs géniaux, partager leur passion, leurs peurs, leurs doutes… Tout cela me fait vibrer quotidiennement. Voilà aussi pourquoi nous aimons tant les nouveaux défis. Et s’il faut passer le flambeau un jour, je reviendrai les voir le week-end le temps d’une bise et d’un café… Ou je basculerai de l’autre côté pour manager et aider des pilotes. Quoiqu’il arrive, j’y resterai… »

Aucun regret pour Adrián Vallés
Des propos appuyés par Adrián Vallés, fondateur d’AVF by Adrián Vallés et dauphin de Robert Kubica en Formula Renault 3.5 Series à l’issue de la saison 2005. L’Espagnol a même touché du doigt la F1 en devenant pilote réserviste pour Midland F1 Team et Spyker F1 Team.

« Je ne sais pas faire grand-chose d’autre que la course automobile », confie-t-il. « C’est bon de rester impliqué dans le milieu. Nous sommes tous passionnés et ce lien me permet d’être heureux et de me remémorer de bons moments même si je ne suis plus au volant. »

À la tête de son écurie fondée en 2012 près du Circuit de Barcelona-Catalunya, Adrián Vallés s’assure désormais de transmettre son savoir pour aider au développement de ses pilotes. Une mission qu’il considère presque comme sacrée.

« Fin 2010, les sponsors devenaient rares pour continuer ma carrière de pilote. Avec toute mon expérience, je me suis dit que je pourrais trouver des investisseurs pour monter une équipe du karting aux antichambres de la F1. En monoplace, je leur ai donc proposé ce qui me semblait être la meilleure option : l’Eurocup Formula Renault 2.0 et la Formula Renault 3.5 Series. Je voulais y être dès le début. J’y avais couru, je connaissais tous les rouages du format et de l’organisation. L’équité y est de rigueur et en tant que pilote, je sais également à quel point le temps de piste est important pour apprendre, se développer et acquérir un maximum d’expérience. Sur ce point, il n’y a rien de mieux que les Formules Renault car on en a pour son argent. Mes investisseurs ont été convaincus et le programme s’est lancé fin 2012 ! »

L’Espagnol a alors vu passer des pilotes tels que Nick Cassidy, Tatiana Calderón, Egor Orudzhev, Arthur Pic, Beitske Visser, Louis Delétraz, Harrison Scott, Alfonso Celis et même Tom Dillmann, avec qui l’écurie a remporté son premier titre l’an dernier en Formula V8 3.5.

« Quand on a été pilote, on connaît personnellement certains aspects du métier. On peut ainsi conseiller les jeunes, les guider dans les réglages, la préparation, les départs… J’aime leur expliquer ces choses et comprendre leur point de vue. J’aime croire que je forme un lien entre les ingénieurs et les pilotes qui permet à tout le monde de mieux travailler ensemble. »

« Dès la construction de mon équipe, j’ai souhaité la bâtir comme je l’aurais voulue si j’avais été au volant. J’avais la chance d’avoir gardé beaucoup de contacts et j’ai démarché certaines personnes avec qui j’avais travaillé. Aujourd’hui, l’effectif est sensiblement le même même si certains sont partis, l’esprit et la flamme sont intacts. Nous évoluons finalement dans un sport collectif où chaque élément est important et déterminant dans la victoire. Nous travaillons, résolvons les problèmes et gagnons tous ensemble. L’an dernier, nos premières poles positions et victoires en Eurocup Formula Renault 2.0 nous ont ainsi permis de prouver que nous pouvions
jouer le titre, voire de le remporter comme cela a été le cas en Formula V8 3.5. »

« Certes, on se dit parfois que l’on aurait pu faire mieux, mais je n’ai aucun regret. Nous sommes humains, nous pouvons faire des erreurs, mais nous apprenons tous les jours. Je ne reviendrai en arrière pour rien au monde. Je suis fier du chemin parcouru et ravi de voir que nos investisseurs ont une confiance totale en nous laissant toujours faire ce que nous estimons être le mieux pour l’équipe ! »

Renault Sport,

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