Cette année, Audi tentera de décrocher une 14ème victoire aux 24 Heures du Mans, mais face à elle, la marque aux quatre anneaux aura Porsche, le tenant du Trophée, et Toyota, qui compte bien décrocher enfin un premier succès dans la classique mancelle.
Directeur de la compétition : Wolfgang Ullrich
Bases : Ingolstadt (Audi) & Wald Michelbach (Joest) (ALL)
www.audi-motorsport.com ; www.joest-racing.de
Résultats FIA WEC 2016 :
6 Heures de Silverstone : Exclusion, Tréluyer/Fässler/Lotterer (FRA/CHE/DEU), Audi R18 #7 ; Abd, Di Grassi/Duval/Jarvis (BRA/FRA/GBR), Audi R18 #8.
6 Heures de de Spa-Francorchamps WEC : 1e Di Grassi/Duval/Jarvis (BRA/FRA/GBR), Audi R18 #8 ; 5e Tréluyer/Fässler/Lotterer (FRA/CHE/DEU), Audi R18 #7.
La marque Audi est fondée en 1909 par August Horch, un ingénieur ayant quitté la firme portant son nom. En 1932, les marques Wanderer, Horch, DKW et Audi s’unissent pour former Auto-Union, dont le logo est constitué des quatre anneaux. C’est la glorieuse époque des « flèches d’argent », Auto-Union et Mercedes se partageant records de vitesses et victoires en Grand Prix. Après la guerre, DKW renaît en 1949, Audi en 1966 alors que NSU rejoint le groupe en 1969.
Audi s’est forgé une forte image sportive en lançant la Quattro en Championnat du monde des Rallyes en 1980. Depuis, la marque allemande s’est également imposée en IMSA-GTO, dans les divers championnats de Tourisme et, depuis 1999, en Endurance où elle est devenue la marque référence. Elle a remporté la série ALMS à chacune de ses participations, ainsi que la saison inaugurale de la Série Le Mans en 2004, avant de confirmer en 2008. Jamais sans doute un constructeur n’a dominé la discipline à un point tel. L’une des raisons de cette domination tient au fait qu’Audi s’est appuyé sur le savoir-faire de Team Joest, écurie de Reinhold Joest, dont l’expérience en endurance est colossale (quatre victoires offertes à Porsche aux 24 Heures du Mans en 1984, 1985, 1996 et 1997, bien avant le début de l’épopée Audi).
En ayant pour objectif d’être le premier constructeur à remporter les 24 Heures avec un moteur Diesel, chose faite dès 2006, Audi s’était aussi lancé un défi majeur. L’Audi R10 TDI a ainsi dignement succédé à la glorieuse Audi R8. Un objectif brillamment confirmé en 2007, malgré l’arrivée de Peugeot. Egalement victorieuse à Sebring à deux reprises et sacrée en ALMS, la R10 TDI a vu sa suprématie remise en cause en 2008 : après avoir été battue aux 12 Heures de Sebring par Porsche, elle remporta néanmoins une huitième victoire au Mans et un titre assez inespéré en LMS. En 2009, Audi lançait une toute nouvelle voiture, la R15, construite autour d’un moteur V10 plus petit et une aérodynamique très osée. Une année de transition aussi côté pilote, les vétérans Biela et Pirro ayant fait place à Dumas et Bernhard, ‘prêtés’ par Porsche. Si la R15 débutait victorieusement à Sebring grâce à Capello-McNish-Kristensen, elle décevait au Mans face à Peugeot arrachant une 3ème place. Audi remettait l’ouvrage sur le métier et manquait de peu de l’emporter lors d’un « Petit le Mans » écourté par la pluie pendant qu’une nouvelle version de la R15 était en préparation du côté d’Ingolstadt
En 2010, la R15 Plus fait donc son apparition et s’impose dès les 8 heures du Castellet. Cette profonde évolution de la R15, rebaptisée R15 + permet à Audi de renouer avec la victoire au Mans, s’imposant grâce à un triplé magistral, la victoire revenant à Dumas-Bernhard-Rockenfeller. En ILMC, Audi subit la loi de Peugeot qui rafle toutes les autres courses ILMC et le titre.
En 2011, Audi passe à la R18, une voiture fermée disposant d’un nouveau moteur V6 TDI. Pour le début de saison, aux 12 heures de Sebring, deux exemplaires de la R15+ de 2010 adaptée aux règlements d’alors sont alignés, les nouvelles R18 n’effectuant leur première course que lors des 1 000 Km de Spa-Francorchamps. Au Mans, au terme d’une course époustouflante, la seule Audi R18 rescapée s’impose avec 13’’854 d’avance seulement sur l’équipage deuxième (le quatrième écart le plus faible de l’histoire, équivalent à 775 m !) et l’armada Peugeot. Tréluyer, Fässler et Lotterer entrent dans l’histoire des 24 Heures offrant à Audi sa dixième victoire dans la Sarthe. Seul Porsche (17 succès) devance désormais la marque aux quatre anneaux au palmarès de l’épreuve. Comme en 2010, Audi sauve sa saison au Mans car dans les autres épreuves comptant pour l’ILMC (saison 2), Peugeot reste le maître de l’endurance internationale.
En 2012, Audi s’engage dans le Championnat du Monde d’Endurance de la FIA, organisé par l’ACO, qui s’ouvre par les 12 Heures de Sebring où Audi aligne des modèles 2011 revisités. C’est sous ce label mondial retrouvé qu’Audi va enfin pouvoir concrétiser plus d’une décennie de succès en endurance, devenant Champion du Monde d’Endurance des Constructeurs tout en s’imposant le premier avec une voiture hybride lors de la 80e édition des 24 Heures du Mans.
A Spa, le 5 mai 2012, Audi aligne ses deux nouvelles machines : la R18 Ultra, version allégée de la R18 2011 et la R18 e-tron quattro, la version dotée d’un système hybride. Deux exemplaires de chaque modèle étaient engagés au Mans, mais la version hybride s’imposa au terme des 24 Heures. Une onzième couronne et un triplé face à des Toyota ayant endossé précocement le rôle de challenger suite au retrait de Peugeot ! Pourtant, si le constructeur germanique gagnait les manches de Silverstone et Bahreïn, il s’inclinait à trois reprises face à Toyota, mais entrait dans l’histoire comme le premier Champion du Monde des Constructeurs LM P. Tréluyer/Fässler/Lotterer victorieux au Mans en 2011 puis 2012 étaient sacrés Champions du Monde des Pilotes.
En vue de 2013, Audi travaillait d’arrache-pied lors de l’intersaison à l’amélioration de sa R18 e-tron quattro et, après un nouveau doublé à Sebring (hors Championnat FIA WEC), dominait les deux premières manches du calendrier mondial à Silverstone, puis Spa. De quoi arriver au Mans avec de nouveau le rang de favori. Toyota bénéficiant d’une légère augmentation de la taille de son réservoir d’essence, forçait Audi à jouer les lièvres mais des conditions de courses dantesques et une Audi R18 e-tron quattro #2 vierge de toute intervention dans les stands permettaient à la marque de remporter une douzième victoire, la neuvième pour le pilote danois Tom Kristensen associé au Français Loïc Duval et à l’Ecossais Allan McNish. Comme en 2012, Toyota réalisait une fin de saison agrémentée de plusieurs victoires. Audi était à nouveau sacré Champion du Monde des Constructeurs LM P à l’issue des 6 Heures de Shanghai. Duval-McNish-Kristensen s’offrant le titre Pilotes.
En 2014, Audi engage deux voitures en Championnat du Monde d’Endurance de la FIA et trois au Mans et à Spa. Ayant conservé la dénomination e-tron quattro pour une R18 répondant au nouveau règlement 2014, les Allemands veulent mettre à profit dans un châssis dernier cri, l’excellente efficience du moteur diesel V6 TDI accouplé à un unique système hybride sensiblement similaire à celui de la génération 2013. Désormais, la puissance hybride peut être restituée sur les roues avant dans les virages lents sous les 120 km/h contrairement à 2013. Tout ceci afin de satisfaire à une pertinente diminution de 20 à 30 % de la consommation voulue par les organisateurs.
Transparentes lors des premières courses de la saison, Audi gagnait néanmoins le sommet du Championnat : les 24 Heures du Mans. En décrochant leur troisième victoire commune, Tréluyer, Fässler et Lotterer offraient à la marque allemande son 13ème succès au Mans en 16 participations : du jamais vu. Ce même trio gagnait ensuite la manche américaine du calendrier avant une fin de saison décevante qui ne permettait pas à Audi de conserver son titre 2013.
En vue de la saison 2015, le constructeur allemand a revu profondément sa machine avec une nouvelle aéro (capot avant, aileron avant et passage de roues revus), optimisation de la traînée, affinement capot moteur… Et, côté mécanique, Audi a décidé de passer à la classe d’ERS supérieure, à savoir 4 MJ. Le début d’année a donné raison à la marque aux quatre anneaux, l’équipage Tréluyer/Fässler/Lotterer imposant la n°7 à Silverstone et à Spa. En revanche, le reste de la saison a été plus compliqué : à partir des 24 Heures du Mans, Audi a subi la domination de Porsche qui a raflé à la fois le trophée du double tour d’horloge sarthois et les titres mondiaux. Audi se devait de réagir et c’est une toute nouvelle voiture qui a fait son apparition au début de cette année.
Si elle a conservé le nom de R18, le concept de la voiture 2016 est totalement nouveau : aéro radical, chasse aux kilos superflus, nouveau système hybride avec batterie lithium-ion remplaçant le volant d’inertie et moteur V6
diesel revu et corrigé. Résultat : une voiture plus puissante, désormais dans la classe d’ERS de 6MJ, bien que plus économe en carburant. L’Audi R18 a annoncé la couleur dès les qualifications des 6 Heures de Silverstone, première manche de la saison du FIA WEC, en monopolisant la première ligne. Parti de la pole, le trio Tréluyer/Fässler/Lotterer s’imposait avec une marge confortable, tandis que la voiture sœur de Duval/di Grassi/Jarvis était contrainte à l’abandon suite à un dysfonctionnement du système hybride. L’euphorie a toutefois été de courte durée puisque l’Audi n°7 victorieuse a été exclue de la course pour une épaisseur du patin avant non conforme au règlement. Une décision qui a donné la victoire à Porsche sur tapis vert.
Ce n’était que partie remise pour Audi car lors de la deuxième manche de la saison, une seule voiture a été épargnée par les soucis mécaniques et les faits de course : la R18 #8, qui a rallié l’arrivée avec une marge confortable de deux tours sur son plus proche adversaire, tandis que la voiture sœur accumulé les soucis. Les mécaniciens ont d’abord procédé au changement du plancher après que Benoît Tréluyer a franchi un vibreur un peu trop brutalement avant de devoir changer le capot avant : Marcel Fässler a heurté le rail de sécurité après avoir été heurté par un prototype de la catégorie LM P2 à qui il avait coupé la route. Le Suisse a de plus écopé d’une pénalité pour cette manœuvre qui a relégué la R18 #7 à la 5ème place finale. Outre la victoire, la marque aux anneaux a toutes les raisons de se réjouir en vue de la 84ème édition des 24 Heures du Mans car, bien que la R18 soit entièrement nouvelle, les soucis rencontrés relèvent des faits de course et non de problèmes inhérents à la voiture.
Cécile Bonardel,