Après une première carrière de pilote sur le Dakar en Afrique, Manolo Plaza s’est engagé à quatre reprises avec sa fille Monica, et maintenant avec sa jeune sœur Marta.
L’histoire entre la famille Plaza et le Dakar connaît cette année une nouvelle déclinaison. Pour le père, Manolo, tout a commencé en 1996 sur le rallye de janvier, même s’il était déjà la référence du tout-terrain dans sa région de Cuenca depuis longtemps. Sur la séquence africaine, il a participé à 12 éditions, tout connu dans le Sahara, les nuits dans les dunes et beaucoup d’abandons, mais aussi une 21e place au général du classement autos en 1998. À cette époque, il s’engageait aussi occasionnellement avec son épouse Pillin sur le championnat de tout-terrain espagnol. Autant dire que chez les Plaza, le sport auto est un mode de vie, dans lequel ont grandi immédiatement les deux filles du couple, Monica et Marta. Amoureux de l’Afrique, Manolo a fait quelques infidélités au Dakar pendant la période sud-américaine, mais a tout de suite été conquis par l’idée de découvrir l’Arabie Saoudite en 2020. Entre temps, Monica avait bien grandi et s’était affirmée comme une copilote aguerrie, sur la scène nationale et sur ses premières tentatives au Maroc. Il était donc temps de faire le grand saut et d’engager le duo père-fille sur le Dakar : « Nous avons participé à quatre reprises ensemble et maintenant c’est au tour de Marta. Elles est née lorsque j’étais sur le Dakar en Mauritanie et je me sens très chanceux de pouvoir maintenant réaliser ce rêve de courir avec mes filles ». La dernière de la famille a elle aussi grandi avec des rêves de dunes plein la tête et a attendu sagement son tour. Plutôt activement d’ailleurs, puisqu’entre autres performances, le duo des frangines sont devenues championnes d’Espagne de rallye tout-terrain, Marta dans le baquet de droite : « Je me souviens que quand nous étions petites, il faisait le signe de se gratter l’oreille quand il passait à la télévision pour nous dire qu’il pensait à nous. Et ensuite quand je l’ai regardé avec Monica, je les suivais de loin et je les ai toujours soutenus, j’étais déjà très excitée. Maintenant, avoir la chance de pouvoir partager cette histoire avec lui, c’est incroyable ».
En acceptant le défi, Marta a dit oui pour le plaisir, mais aussi pour les angoisses. C’est de cette façon qu’a débuté le rallye 2024 des Plaza, la faute à un Challenger tout neuf que l’équipe Sodicars n’avait pas eu le temps de tester suffisamment avant de l’envoyer à AlUla. « J’étais très inquiète, raconte la nouvelle venue, parce que les mécaniciens ne parvenaient pas à trouver ce qui n’allait pas dans la voiture, elle s’arrêtait avant même d’avoir pu rouler 30 kilomètres. Je n’arrivais pas à profiter, mais avec le travail de toute l’équipe, tout est rentré dans l’ordre ». Depuis, la voiture # 346 a pu avaler les pistes et les dunes, y compris celles au programme de la 48h chrono, bien que les pannes d’essence se soient invitées au programme : « c’était génial de profiter de cette dure spéciale, mon père est très doué dans les dunes donc ça n’a pas été si difficile pour nous. C’était un moment très sympa et spécial d’arriver sur ce bivouac en plein désert, rencontrer d’autres concurrents ». Le week-end de l’Empty Quarter a signifié leur sortie du classement des finishers, mais la péripétie n’entame pas l’enthousiasme du paternel : « la voiture consomme beaucoup et nous sommes tombés en panne de carburant. Maintenant il faut finir le Dakar et même si c’est en ‘Experience’, on finira toutes les étapes ». « Ce sont les histoires du Dakar, des choses qui arrivent », acquiesce Marta, toujours dans un sourire.
Car Marta a aussi pu constater que la magie du Dakar existe, sur un épisode qui renvoie une fois encore à son histoire commune avec sa sœur. C’est Manolo qui raconte cette énorme coïncidence : « Il y a deux jours, nous sommes tombés en panne d’essence à 10 km de la ligne d’arrivée et nous avons eu la chance d’être dépannés par un Saoudien et un Qatarien qui nous avaient aidés il y a deux ans, Monica et moi. C’est quelque chose de fou qu’avec le nombre de kilomètres dans le désert, on rencontre les mêmes personnes. Ils se souvenaient parfaitement de ma fille aînée et ils nous ont montré des photos, j’ai dû leur expliquer que Marta était ma plus jeune fille ! ». Monica n’est jamais très loin, et passe même cette année le Dakar dans une des structures qui travaille avec Toyota. Et les plans ne manquent pas pour l’avenir. Manolo verrait bien ses deux filles prendre le départ du Dakar ensemble, et Marta va encore plus loin : « J’espère poursuivre l’histoire et faire la course ensemble en camion, cela compléterait l’aventure ». En attendant, elle fêtera ses 23 ans le 19 janvier, à Yanbu. En famille, et sur le Dakar.