Dakar Motos : Chamboule-tout sur la ligne de départ

– Après la conquête de Honda, qui s’est emparé des deux trophées attribués en Arabie Saoudite par Ricky Brabec et Kevin Benavides, l’écurie KTM a mis les moyens pour tenter de reprendre la main au palmarès, notamment en recrutant le tenant du titre argentin.
– Le dernier succès de Yamaha remonte au siècle dernier, mais la marque au diapason compte toujours sur Adrien Van Beveren pour retrouver le sommet du classement.
– Ils joueront en retrait par rapport aux grands champions de la discipline, mais les 34 pilotes engagés en ‘Original by Motul’ symbolisent la cohabitation sur le Dakar entre les professionnels et les amateurs. Ils se disputeront eux-aussi un titre convoité.

Le paysage a bien changé dans l’intervalle qui sépare les éditions 2021 et 2022 du Dakar. Les personnages appelés à donner corps au feuilleton de janvier restent en bonne partie les mêmes, mais ils ont quelquefois changé de chemise. Les enjeux de la confrontation dans la catégorie ont été bouleversés par la scène saoudienne, où s’est jouée la prise de pouvoir par Honda, qui a mis fin au règne de KTM grâce à Ricky Brabec en 2020 puis à Kevin Benavides en 2021. Mais les deux anciens coéquipiers, qui entouraient Sam Sunderland sur le podium de Jeddah il y a moins d’un an, seront maintenant rivaux puisque le tenant du titre argentin a rejoint le clan autrichien. Au-delà de cette prise majeure, KTM a pris soin de déployer ses atouts sur plusieurs fronts, en dispersant ses champions dans les écuries cousines de Gas-Gas et Husqvarna. Ainsi, le noyau dur a été formé autour de Kevin Benavides, avec Toby Price, vêtus de casaques oranges comme Matthias Walkner, peut-être l’homme le plus en forme de la saison après ses victoires sur le Silk Way Rally, à Abu Dhabi et au final sur le championnat du monde de la FIM. L’aire d’influence KTM s’étend chez l’alliée espagnole Gas-Gas, dont les maillots rouges seront portés par Sam Sunderland et le prometteur Daniel Sanders, 4ème de la dernière édition pour son baptême sur l’épreuve. Côté Husqvarna, c’est Skyler Howes, 5e en 2021, qui a gagné sa place de pilote officiel et fera partie des prétendants crédibles au titre. Les grandes batailles se jouant aussi dans les coulisses, KTM a appelé à la rescousse l’un de ses plus gros pourvoyeurs de victoires, Marc Coma, qui interviendra sur le rallye en tant que superviseur et stratège… l’artillerie lourde est de sortie !

Chez Honda, on entend bien poursuivre la série victorieuse, on n’a donc pas assisté en tant que spectateur aux mouvements sur le marché des transferts. Ricky Brabec reste fidèle au guidon japonais et garde comme coéquipier ‘Nacho’ Cornejo, qui occupait encore la tête du classement général avant son abandon à deux jours de l’arrivée à Jeddah. Le jeune Chilien, qui s’est notamment distingué par ses talents de navigateur, est rejoint par son aîné Pablo Quintanilla, la recrue de l’année, déjà suffisamment à l’aise sur sa nouvelle monture pour s’imposer au Rallye du Maroc. Selon les circonstances de course, le rôle de leader de la formation pourrait aussi revenir à Joan Barreda : le plus gros collectionneur d’étapes en activité dans la catégorie n’exclut pas d’améliorer son meilleur classement (5ème en 2017) et même de s’imposer à sa 12ème participation.

S’ils ont plusieurs fois été assommés par des coups du sort, les pilotes Yamaha n’ont pas pour autant abdiqué et se présentent bien au départ avec les ambitions les plus élevées. Leur favori naturel et historique, Adrien Van Beveren, garde une motivation intacte en dépit de quatre abandons consécutifs : sa science du sable a pu s’exprimer à plusieurs reprises cette saison (2e du championnat du monde). Le pilote français partage la responsabilité de faire briller Yamaha avec l’Américain Andrew Short et le Botswanais Ross Branch, eux-aussi en position d’outsiders. Chez le constructeur indien Hero, la mission d’aller chercher une place sur le podium s’annonce plus délicate sans Franco Caimi, le transfuge de Yamaha s’étant blessé à l’entraînement. L’objectif reste en revanche d’actualité pour Sherco, qui table sur l’Espagnol Lorenzo Santolino. Plusieurs jeunes pourraient également s’inviter à la lutte pour les places d’honneur, au regard des qualités qu’ils ont pu étaler avant de débuter leur carrière sur le Dakar. C’est par exemple le cas de l’Américain Mason Klein et du Sud-Africain Bradley Cox, respectivement âgés de 20 et 23 ans, peut-être capables de surprendre pour leur coup d’essai, tout comme l’Italien Danilo Petrucci qui lance sa reconversion au rallye-raid après avoir brillé sur les circuits de Moto GP (2 victoires en GP, 6e du championnat en 2019).

Original by Motul : la débrouille… et la compète !
C’est à la fois une bande de copains, un repaire d’allumés et un plateau de redoutables compétiteurs. Les ‘Original by Motul’ cultivent l’esprit de la débrouille et poussent jusqu’au bout le concept du Dakar à la dure en assurant eux-mêmes l’entretien de leurs machines une fois l’étape terminée. Dans cet exercice extrême, la famille des ‘Original by Motul’ compte des habitués de longue date, et attire par ailleurs chaque année des nouveaux-venus. Il s’agit quoi qu’il en soit d’un titre convoité, et la lutte devrait mettre aux prises les principaux acteurs de la catégorie en 2021. Le Lituanien Arunas Gelazninkas, vainqueur à sa première tentative parmi les irréductibles, avait devancé Emanuel Gyenes qui s’était quant à lui imposé en 2020, et Benjamin Melot, qui a fréquenté toutes les marches du podium… sauf la plus haute. Ils devront toutefois contenir l’appétit de prétendants tout aussi valables que le Tchèque Milan Engel, qui débute chez les ‘Original’ après s’être classé 15ème du général en 2019, ou le Portugais Mario Patrao, peut-être titulaire du plus beau CV de la troupe avec une 13ème place obtenue en 2016.

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