Rallye du Maroc J-1 : Un retour hors normes

Ambiance, during the Rallye du Maroc 2021, from October 8 to 13, 2021 in Zagora, Morocco - Photo Frédéric Le Floc’h / DPPI

Après trois éditions au départ de Fès, le Rallye du Maroc renoue avec Zagora, comme en 2014. Stratégiquement située entre les deux plus grands ergs du Royaume qu’elle explorera à l’occasion de trois étapes, l’édition 2021 se place délibéremment sous le signe du sable. Répétition générale pour les pros, évaluation pour ses prétendants, validation des nouvelles évolutions techniques pour les teams, c’est un parcours aux saveurs du prochain Dakar que leur a concocté David Castera. La plus imposante caravane de la discipline depuis celle de janvier dernier a déjà investi le bivouac pour passer les vérifications d’usage. Dès demain après-midi, ce sera le coup d’envoi avec le premier chrono de 10 kilomètres qui déterminera les ordres de départ de la course.

EN PISTE
Ce n’est pas seulement en raison de l’accueil chaleureux de la ville et de la Province de Zagora que David Castera a choisi d’y concentrer ‘sa’ troisième édition. C’était, de son propre aveu, la seule manière de concilier un parcours en trèfle dicté par les circonstances sanitaires avec son désir d’offrir aux concurrents la possibilité de se frotter aux deux plus belles zones de dunes du Maroc. Trois étapes de sable sur les cinq journées principales de course proposeront à chaque fois entre 30 et 40 kilomètres dans les dunes. Des moments hors du commun pour certains nouveaux venus, magiques pour tous. Dès le kilomètre 90 de l’étape 1, les concurrents vont se plonger dans l’Erg Chegaga. Ils y reviendront le dernier jour de course, qui ne sera donc pas une simple formalité, à bon entendeur… A l’étape 2, c’est une traversée aller-retour sans concession de l’Erg Chebbi et des plus hautes dunes du Royaume qui attend la caravane après une longue liaison matinale en direction de Merzouga. Un ‘format Dakar’ pour reprendre l’expression de l’architecte du Rallye du Maroc et du Dakar qui a mis un point d’honneur à proposer un parcours complet en évitant, comme à l’accoutumée, les pistes cassantes.

Les pilotes et les équipes professionnelles ne s’y sont pas trompées. A moto, pour la première fois de la saison depuis janvier dernier, tous les officiels sans la moindre exception seront au départ (27 engagés en RallyGP) ! Chez les autos, si certaines écuries préfèrent jouer la carte de l’effet de surprise et rester dans l’ombre jusqu’au Dakar, le duel s’annonce entre les Toyota emmenées par Nasser Al-Attiyah (Toyota Gazoo Racing), le recordman de l’épreuve et ses cinq victoires, et Yazeed Al Rahji (Overdrive) et les Mini du team X-Raid. Mais ce sera aussi 2022 avant l’heure puisque le Rallye du Maroc a été choisi pour écrire la première page de la transition du rallye-raid du futur. Pour la première fois, les catégories T1 Ultimate, T1+ et T3 2022 entreront en scène. Erik Van Loon aura en charge d’étrenner le tout nouvel Hilux Overdrive tandis que trois T3 aux normes 2022 inaugureront leur catégorie. Le road book électronique dans sa version finale qui sera utilisée au Dakar 2022 s’invitera aussi dans les cockpits des autos. Fini le simple lecteur pdf de cases, la navigation s’invite dorénavant sur la tablette des copilotes pour qui l’enjeu de familiarisation avec ce nouvel outils sera cruciale pour aborder sereinement le rendez-vous de janvier prochain. Enfin, 6 camions se disputeront leur catégorie.

Derrière les pros, les catégories amateurs explosent littéralement ! Chez les motos d’abord, en Rally2 (88 engagés) et en Enduro Cup Afriquia (27 motos et quads), mais aussi chez les véhicules légers (25 T4 en et 13 en T3) ! Facilité d’accès pour les concurrents des pays du bassin méditerranéen à des coûts maîtrisés, organisation aux standards de plus haut niveau de la discipline, le Rallye du Maroc assure la relève que le rallye-raid recherchait depuis plusieurs années. A moto, près de la moitié des pilotes de la catégorie Rally2 sont des prétendants au prochain Dakar et espèrent repartir avec leur sésame pour aller vivre leur rêve d’aventure en janvier 2022. Pour cela, ils seront à nouveau accompagnés par Cyril Despres (voir Le Rallye du Maroc et moi), coach du Challenge Road to Dakar mis en place par A.S.O. . D’autres vivront déjà une partie de leur rêve. Celui de participer chez eux, à domicile, aux côtés des meilleurs pilotes de la discipline. La scène marocaine montante sera en effet représentée comme jamais au travers de leur Collectif.

RADIO BIVOUAC
Neuf pilotes marocains seront à l’affiche de cette édition grâce au concours des partenaires Afriquia, Maroc Telecom, OCP et du Rallye du Maroc. Soutien financier conséquent aujourd’hui, ce Collectif de talents marocains recevra dans un futur proche un appui technique au travers d’une Academy en charge de former les pilotes du continent africain de demain. Pour l’heure, ils seront représentés dans presque toutes les catégories. Et les femmes seront à l’honneur avec deux revenantes : Souad Mouktadiri (Open Auto) et Firdaouss Al Fannane, son ex copilote, inscrite cette année en catégorie SSV Open Maroc Telecom. En Open Auto, Rachid et Kacem Hamsas viendront défier Souad. Chez les Moto Rally2, Ali Oukerbouch, Aoulad Ali Mohamedsaid profiteront des conseils du vétéran Harite Gabari d’Agadir, trois participations au Dakar à son actif. En Quad, il faudra compter sur Mustafa Arrahmani. En Enduro Cup Afriquia, Amine Echiguer sera aussi le seul réprésentant du Collectif dans sa catégorie. Pilote de motocross et d’enduro d’expérience, il fera ses débuts en rallye-raid. L’un des espoirs du Maroc aux couleurs d’OCP à surveiller. Trek salama à tous !

CHIFFRE DU JOUR : 70 000
70 000 m2, c’est la superficie totale du bivouac plus celle du parc d’assistance aux abords de Zagora qui a nécessité les compétences de 300 personnes durant 2 semaines afin d’installer les 4000 mètres de câble électrique, les 3300 tapis ou encore les 2600 mètres de tuyau d’alimentation en eau nécessaire au confort des 520 tentes dressées. Durant le rallye, 150 locaux s’apprêtent à travailler au quotidien. 50 seront dédiés à la maintenance du bivouac, 50 à la sécurité et encore autant pour le service des 3000 repas quotidiens. 300 personnes focalisées sur la course vont venir s’ajouter afin qu’aucun grain de sable ne vienne enrayer la machine d’excellence du Rallye du Maroc.

LE RALLYE DU MAROC ET MOI : CYRIL DESPRES
Où ?
« C’était à Ouarzazate. Après mon Dakar sur une 400 XR Challenge 75 en janvier 2000, il me restait un petit bout de budget et Honda venait de sortir une XR 650 qui pouvait prétendre lutter avec les motos de pointe qui étaient alors les BMW et les KTM. »

Quand ?
« Neveu et Pelletier qui avaient le vent en poupe avec le Rallye de Tunisie venaient de lancer leur Rallye du Maroc. C’était la première édition, en 2000. »

Comment ?
« Tous les pilotes officiels n’étaient pas présents et j’ai réussi à m’imposer. C’était ma première victoire en rallye-raid. Cela fait déjà 21 ans. C’était assez énorme car je découvrais le Maroc. La moto était d’un autre calibre que ma 400 XR du Dakar. »

DÉCLARATIONS
David Castera : « Cette édition sera une copie à échelle réduite de ce qui attend les concurrents au Dakar 2022. J’essaye toujours de donner au profil du Rallye du Maroc un peu la même physionomie que le Dakar qui lui succède puisque j’en suis aussi en charge. On aura beaucoup de dunes sur la prochaine édition du Dakar, on a essayé d’adapter le parcours au Maroc afin que les concurrents qui viennent pour s’y préparer aient un avant-goût de ce qui les attend en Arabie Saoudite. Dans une semaine, ils sauront où ils en sont dans leur préparation. »

David Castera : « Cyril Despres a commencé quasiment en malle moto avant de devenir officiel moto puis de passer en auto. Surtout, il a reçu l’esprit du rallye en héritage de pilotes comme Meoni ou Sainct, et il a aussi été touché de prêt par les drames du rallye. Il est pédagogue, il a une vraie sensibilité, je l’ai vu en Andalousie et j’ai vraiment aimé son approche. C’est la bonne personne pour parler aux nouveaux venus dans la discipline que l’on veut accompagner pour être sûr que ceux qui partiront au Dakar en aient les moyens. La moto comporte des risques, on veut les aider à être prêt à tenter leur aventure. Quand tu veux monter l’Everest, avant tu vas faire le Mont Blanc. Et quand tu as fait le Mont Blanc, cela ne veut pas non plus dire que tu es prêt pour l’Everest. Mais c’est un passage obligatoire. »

Cyril Despres : « Cela me semble assez normal d’essayer de rendre au rallye-raid tout ce qu’il m’a donné, c’est pour cela que j’ai répondu à nouveau présent à l’invitation de David Castera. Durant les prochains jours, je vais donner un peu de mon expérience aux concurrents qui rêvent d’aller au Dakar. A l’époque de mes débuts, j’aurais bien aimé avoir un pilote de pointe qui me donne des conseils. Il y a quand même des pièges lorsque l’on plonge dans le grand bain d’une course comme le Rallye du Maroc. Je vais essayer de les aiguiller pour leur éviter les accidents mais aussi pour leur permettre d’être le plus performant possible. Je suis très content d’être là en visiteur, en passionné. »

 

PROGRAMME DE DEMAIN
Super Spéciale /Spéciale de qualification : 8 km

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