Sébastien Loeb : « Le Dakar va arriver vite »

Mercredi prochain sera dévoilé le parcours du Dakar 2021. A la veille de sa cinquième participation (2ème en 2017, 3ème en 2019), Sébastien Loeb nous livre ses premières impressions après une semaine d’essais intensifs à Dubaï. Objectif de l’Alsacien, à la découverte de l’Arabie Saoudite après un an d’absence: gagner le Dakar avec ce tout nouveau proto à l’accent british…

– Quelles sont vos premières impressions au volant de ce proto BRX ?
Sébastien Loeb : « Plutôt pas mal ! J’ai roulé six jours. C’était nos premiers essais en conditions réelles, hors Angleterre. Jusqu’à présent, je n’avais roulé qu’une journée avec. Nous avons rencontré des petits problèmes techniques, électriques, des trucs classiques sur une voiture neuve. En dehors de çà, question moteur, boîte, suspensions, globalement ça se passe plutôt bien. La voiture est sympa à conduire. Elle est bien équilibrée, elle ne donne pas l’impression de vouloir se renverser, je me suis bien amusé. On aurait pu être arrêté toutes les dix minutes, ce ne fut pas le cas. On l’a bien testé, sans la mettre sur le toit ! On s’est focalisé sur les réglages, sur des boucles de 40/50 kilomètres, pas sur de longs runs. Dans le cassant, nous avons un peu cassé le châssis. C’était le but, voir jusqu’où nous pouvions aller. Nous y retournons dans le courant du mois de décembre, pour travailler l’endurance. Nous possédons une voiture qui vient juste d’être conçue, il fallait dégrossir l’ensemble. Il faut optimiser le temps dont nous disposons. Le Dakar va arriver vite. »

– Les premières photos laissent entrevoir un look différent…
Sébastien Loeb : « Oui, ça change ! Ils ont bien bossé sur l’aéro. C’est sûr, l’aileron, on ne peut pas le rater! La conception est assez semblable à celle de la Toyota : le moteur est très reculé, la boîte de vitesses est derrière. Ils ont beaucoup travaillé sur le centrage des masses. Ça paie en comportement. Au volant, on ne sent pas le poids, l’inertie d’une voiture de deux tonnes. J’arrive à jouer avec. Bon, l’inconvénient, c’est que l’accès mécanique est compliqué. En spéciale, mieux vaut ne pas mettre les mains dedans, sinon on va galérer ! »

– On vous sent rassuré après ces premiers essais…
Sébastien Loeb : « Question performance, la voiture n’est pas à l’arrêt ! C’est dur de juger quand tu roules tout seul mais j’ai l’impression qu’elle marche plutôt bien. Après, nous allons peut-être prendre 3 minutes sur 200 bornes… Mais ça m’a plu. Je prends du plaisir à la conduire. La Peugeot était une machine à gagner, mais question sensations, c’était complètement décalé. En termes de franchissements, c’était incroyable mais je m’y retrouvais moins en pilotage pur. Là, elle est typée rallye WRC. Je me fais vraiment plaisir avec ! »

– Vous avez toujours couru pour des équipes d’usine, des programmes officiels. En quoi est-ce différent avec le Bahrain Raid Xtreme ?
Sébastien Loeb : « Ils ont les moyens de bien faire. L’usine est plus impressionnante que celle connue chez Peugeot ou Citroën. Les locaux sont ultra-modernes, ils font quasiment tout : du tournage, du composite, c’est un gros truc ! Par contre, en essais, il y a moins de monde sur place, on n’est pas en surnombre. Après, on part aussi avec une équipe sans expérience. Sur le terrain, ceux qui en ont le plus, ce sont les équipages. Mais les gars sont motivés, ils sont à l’écoute. C’est bien structuré, ça fonctionne. »

– Vous voilà donc dans une équipe anglaise… (Bien connue en WRC, l’équipe Prodrive, dirigée par David Richards, engage les deux BRX T1 sur le Dakar). Entre vous, c’est une longue histoire depuis vos débuts en WRC…
Sébastien Loeb : « C’est comme ça ! (rire)… Bon, chez Hyundai, ça parlait déjà anglais. David Richards, c’est un monsieur du sport auto, ça me fait plaisir de rouler pour lui. Je l’ai toujours un peu admiré. Le Dakar, c’est un de ses derniers grands projets. Tout construire ensemble, c’est un projet sympa. Après le San Remo 2001, tous les constructeurs m’ouvraient les portes. David Richards est venu me rencontrer à Strasbourg! Il me proposait un programme complet avec Subaru. A l’époque, j’ai préféré rester chez Citroën pour une demi-saison en mondial… L’histoire du Monte Carlo 2002 ? Ça remonte à loin ! C’était surtout Mäkinen… (vainqueur du Monte Carlo 2002, l’alsacien est déclassé après une réclamation de Subaru, alors dirigée par David Richards. La victoire revient sur tapis vert à Tommi Mäkinen, au volant de la Subaru.) »

– Daniel Elena, votre co-pilote, a t’il pu tester la tablette numérique ?
Sébastien Loeb : « Vaguement. Il a pu se familiariser – un peu – avec le système. Bon, après, il faut juste appuyer sur le bon bouton (rires) ! Ce n’est pas insurmontable. La vraie nouveauté, c’est que, avant, Daniel pouvait préparer la spéciale pendant 5 heures, le soir, la nuit, avant le départ. Il pouvait demander des conseils, on s’en parlait. Là, c’est 15 minutes avant. Il va falloir interpréter. C’est plus ce côté là qui m’inquiète. »

– Comment se passe votre collaboration avec Nani Roma, votre coéquipier (double vainqueur du Dakar moto 2004 et auto 2014) ?
Sébastien Loeb : « Avec Nani, on s’est toujours apprécié. C’est un des mecs les plus cools de la discipline. Sa présence a d’ailleurs influencé mon choix. De par son expérience, il apporte beaucoup à l’équipe. Une bonne ambiance règne, on partage tout, sans tension. »

Propos recueillis par Gaël Robic – France TV,

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