Sunderland, Al-Attiyah et Shibalov, les ‘Tigres blancs’

Sunderland remporte la 1ère édition avec les motos

Sur fond de montagnes de dunes, le podium final du Silk Way Rally 2019, dressé devant la Grand Centre Culturel de Dunhuang célèbre ses vainqueurs. Sam Sunderland (Red Bull KTM Factory) en moto, Nasser Al-Attiyah et Mathieu Baumel (Toyota Gazoo Racing Overdrive) en auto et Anton Shibalov (Kamaz-Master) en camion, sont donc devenus aujourd’hui les nouveaux ‘Tigres blancs’ du rallye tout-terrain.

 

Au terme d’une épreuve palpitante de plus de 5.000 kilomètres parcourus sur des terrains aussi variés que la taïga sibérienne, les steppes de Mongolie pour finir dans les dunes géantes du désert de Gobi, ce 9ème Silk Way Rally a consacré aujourd’hui trois champions hors du commun qui n’avaient, jusque-là, jamais inscrits leur nom au palmarès de l’épreuve

SS.10 – JIAYUGUAN – DUNHUANG – Kilométrage total: 556,30km – Secteur sélectif: 255km
Déroulé de la spéciale
Motos : Sunderland, le pionnier
En rallye-raid, plus encore que dans toute autre discipline, rien n’est jamais fini, tant que la ligne d’arrivée n’a pas été franchie. Donc même s’il jouissait d’un avantage conséquent avant d’entamer cette 10ème et dernière étape, Sam Sunderland (Red Bull KTM Factory) était clairement soulagé en coupant son moteur sur la ligne d’arrivée. Le pilote Britannique est le premier pilote moto à graver son nom en lettres d’or au palmarès du SILK WAY RALLY. Il profite de l’occasion pour conforter très largement sa place de leader au Championnat du Monde FIM des Rallyes Tout-terrain.

Sam Sunderland (Red Bull KTM Factory) 1er : « Ce fut une expérience incroyable de traverser tant paysages différents. C’est l’une des choses que je préfère dans notre sport. Chapeau aux organisateurs d’avoir réussi à mettre tout cela sur pieds. Pour ce qui est de la course, elle fut terriblement exigeante. Surtout ces trois derniers jours en Chine. Heureusement que je possédais déjà un léger avantage qui m’as permis de gérer ma course. Je tiens à remercier l’ensemble de mon team pour l’excellent travail accompli. »

Si la victoire du Britannique ne faisait plus trop de doutes, la deuxième place de l’Américain Andrew Short (Rockstar Energy Husqvarna Factory) était en péril. De son propre aveu, l’Américain qui ouvrait la piste pour la première fois en rallye, ne s’attendait pas à résister aux assauts d’Adrien Van Beveren (Yamaha Racing Team) et de Kevin Benavides (Monster Energy Honda) lancés sur sa trace. Pourtant, au final, c’est bel et bien l’Américain qui s’empare du premier accessit.

Andrew Short (Rockstar Husqvarna) 2ème : « Pour moi il s’agissait du meilleur scénario possible. Je crois que j’ai été très chanceux que cette dernière étape était rapide sans trop de pièges de navigation. Ce fut une expérience incroyable, car je sais désormais que je suis capable d’ouvrir la piste. Je suis vraiment ravi de mon résultat et je tiens encore à remercier l’ensemble de mon team de me donner l’occasion d’être là. Car c’est vraiment cool ! »

Signalé en tête au ravitaillement et virtuellement deuxième du général à ce point, Adrien Van Beveren perdit tout le bénéfice de ses efforts sur une erreur à 10 kilomètres de l’arrivée, ne sauvant sa 3ème place sur le podium final que pour 36 secondes face à Kevin Benavides.

Adrien Van Beveren (Yamaha Rally Team) 3ème : « J’ai vraiment tout donné sur la piste aujourd’hui. J’ai roulé à fond pour rattraper Andrew (Short), mais j’ai perdu 2 ou minutes sur la fin dans un oued pour retrouver la bonne piste. Je suis sincèrement déçu car j’ai fourni tellement d’efforts pour faire la différence. Voir tous ses efforts ruinés comme ça, c’est vraiment dur… La preuve qu’il est plus facile de perdre des secondes que d’en gagner… »

Du côté des quads, le Polonais Rafal Sonik (Yamaha Raptor) s’impose au terme d’un duel intense avec le Russe Alexsandr, vainqueur de cette dernière spéciale, afin de mettre la pression sur son adversaire jusque dans les derniers mètres de cette course.

Rafal Sonik (Yamaha Raptor 700) 1er quad : « Ni mon team ni moi-même n’avons commis de grosses erreurs sur ce rallye. Il faut faire la course depuis le depuis le début et ne pas attendre les grosses spéciales. Il faut trouver le bon tempo et savoir quand rester patient. Les organisateurs ont fait de l’excellent travail. Le road book était parfait. Et pourtant je suis un client difficile ! »

Autos : Al-Attiyah persiste et signe !
Neuf sur neuf ! Difficile de faire mieux… En remportant chacune des étapes entre Irkoutsk et Dunhuang, Nasser Al-Attiyah et Mathieu Baumel (Toyota Gazoo Racing Overdrive) ont dominé ce Silk Way Rally 2019 de la tête et des épaules. C’est dire à quel point les vainqueurs du dernier Dakar tenaient à s’assurer de cette victoire qui manquait encore à leur impressionnant palmarès.

Nasser Al-Attiyah (Qat/Toyota Gazoo Racing Overdrive) 1er : « Tellement heureux de remporter enfin ce SILK WAY RALLY après avoir terminé deuxième à deux reprises. Cela me tient tellement à cœur car c’est une grande et très belle course qu’il est important de compter à son palmarès. Nous avons traversé trois pays très différents, avec des terrains et des étapes totalement variés. Je me souviendrai longtemps de la première étape en Chine. Je crois que c’est l’une des plus difficiles de ma carrière. Remporter toutes les spéciales depuis le début, c’est tout simplement la cerise sur le gâteau, qui vient orner notre septième victoire d’affilée cette saison. C’est le fruit, bien sûr, du travail de toute une équipe et bien évidemment de mon co-pilote, Mathieu sans qui tout ceci ne serai pas possible… »

Le meilleur équipage du moment, sur la meilleure voiture du plateau : ces deux ingrédients suffisaient-ils pour réaliser pareil sans-faute historique dans cette discipline? « Un paramètres essentiel que l’on oublie souvent de préciser, est que Nasser est non seulement le pilote le plus rapide du plateau mais que, par ailleurs, il roule en osmose parfaite avec la mécanique », souligne Jean-Marc Fortin, le team-manager du Toyota Gazoo Racing Overdrive. Et dieu sait si sur la variété et la difficulté des terrains rencontrés tout au long de cette 9ème édition, ce détail a son importance.

Relégué à 1h25 du pilote qatarien, Han Wei (Buggy Geely SMG) a profité de l’arrivée dans ‘son’ désert de Gobi pour se hisser sur la deuxième marche. Le ‘Général Han’, comme le surnomment ses compatriotes, déjà 3ème en 2017 à Xi’an, signe donc sa meilleure campagne dans le cadre de ce Silk Way Rally 2019.

Han Wei (Buggy Geely SMG) 3ème : « Ma voiture souffrait d’un problème moteur depuis le départ. Du sable dans un cylindre, hérité d’un rallye précédent. C’est donc pourquoi pendant toute cette épreuve, nous avons dû rajouter constamment de l’huile, sans jamais savoir si nous pourrions arriver au bout. Je me dois donc de remercier mon copilote pour son excellent travail et… mon sponsor pour m’avoir fourni une si bonne huile ! »

Avec un Buggy revigoré, mais 15ème en piste après avoir oublié de se faire reclasser dans les ordres de départ de cette ultime étape, les Français Jérôme Pélichet et Pascal Larroque (Optimus Raid Lynx) signent une
3ème place finale dont ils ne pouvaient raisonnablement rêver au départ. Ils complètent un podium final démontrant que sur les plus grands rallyes marathons comme ce Silk Way Rally, la sagesse est souvent meilleure conseillère…

Jérôme Pélichet (Fra/Optimus Raid Lynx) 3ème : « Quelle joie de terminer sur le podium final. Je savais qu’il y avait une petite dizaine de voitures plus rapides que nous au départ de ce Silk Way Rally, donc j’espérais un places dans le top 5. Mais finir troisième ? Jamais je n’aurais parié là-dessus. Ce matin, après nos ennuis d’hier, nous sommes partis le couteau entre les dents. J’ai commis l’erreur de ne pas demander un reclassement, donc nous nous élancions 15èmes et je craignais peut-être une course stratégique des buggies du team Shanxi Yunxiang. J’ai donc roulé à fond pour signer le 3ème chrono de la spéciale et ne laisser aucun doute sur cette 3ème marche du podium qui restera comme l’un des meilleurs souvenirs de ma carrière… Là, je suis prêt à repartir pour deux jours de course en plus dans les dunes du désert de Gobi ! »

Camions : Shibalov dans la cour des grands
En remportant les trois dernières étapes en Chine pour prendre la relève d’un Viazovich (MAZ) un rien trop téméraire à l’heure d’aborder les dunes, Anton Shibalov (Kamaz-Master) s’est offert une place dans la cour des grands au sein du team de Nabereinye Tchelny. Car chez Kamaz-Master, qui domine la catégorie camions en rallye-raid depuis plus de deux décennies, les places coûtent cher. Et une victoire sur ce Silk Way Rally vaut son pesant d’or à l’heure d’établir les hiérarchies. Arborant le #303 sur la portière, Anton Shibalov avait, comme le veut la tradition du team, pris le départ d’Irkoutsk en embarquant les pièces de rechange vitales pour ses camarades partis devant lui. Très vite pourtant, il apparut qu’il serait le meilleur challenger pour contrer les attaques répétées de Siarhey Viazovich et de son nouveau MAZ bâti en Biélorussie. Délesté de sa charge, il enchaîna les belles spéciales pour porter son estocade finale dans le désert de Gobi et devancer ses équipiers Karginov et Mardeev.

Anton Shibalov (Kamaz-Master) 1er : « Je me souviendrai pour toujours de cette course car il s’agit de ma première victoire sur le Silk Way Rally. Cette édition était vraiment magnifique, mais très exigeante. Je suis d’autant plus satisfait d’avoir réussi à l’emporter. Le plus difficile a été de naviguer hors-piste dans les dunes lors de la première étape chinoise. Je ne me rends pas encore bien compte de ce que nous avons accompli. Je vais d’abord devoir me reposer avant de laisser parler mes émotions… »

LE CHIFFRE DU JOUR : 83
Sur les 97 concurrents inscrits sur cette édition 2019 du Silk Way Rally, ils étaient 93 (24 motos et quads, 51 autos, et 16 camions) à avoir officiellement pris le départ d’Irkoutsk, le 6 juillet dernier. A l’arrivée, après dix jours et quelques 5.000 kilomètres de course, ils sont 77 (22 motos et quads, 43 voitures et 12 camions) à avoir franchi le podium final dressé à Dunhuang, soit un taux de 83% de ‘finishers’.

Vladimir Chagin (Directeur du Silk Way Rally) : « Grâce au travail acharné d’une équipe internationale, nous avons réussi à mettre sur pieds une épreuve qui traversait trois pays. Et aujourd’hui nous avons sur la plus haute marche du podium, trois valeureux vainqueurs de trois nationalités différentes. La coopération internationale, combinée à l’aventure et à la découverte, c’est ce qui rend notre rallye tellement particulier. C’est aussi ce qui nous motive à nous lancer dans un projet encore plus ambitieux l’année prochaine, afin de fêter au mieux notre 10ème anniversaire. Merci à tous ceux qui ont contribué à la réussite, tant les autorités, les concurrents, leurs assistances, les officiels, les média et les organisateurs qui ont rendu possible cette édition 2019. »

Frédéric Lequien (Directeur-adjoint du Silk Way Rally) : « Ce Silk Way Rally 2019 nous a offert toutes les émotions possibles. Sportivement, l’introduction de la catégorie moto pour le compte du Championnat du Monde FIM a été une belle réussite. La course s’est avérée passionnante d’un bout à l’autre et je suis persuadé que les nombreux teams officiels présents ont apprécié la diversité du parcours et le professionnalisme de l’organisation. Suivi par des millions de téléspectateurs de par le monde, cette 9ème édition nous a offert des images époustouflantes et de paysages grandioses et inédits qui resteront gravés pour longtemps dans la mémoire collective. Le Silk Way Rally est entré dans une nouvelle dimension et s’apprête à effectuer un pas encore plus important, dès l’année prochaine pour une 10e édition anniversaire qui s’annonce déjà mémorable ! »

Philippe Janssens,

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