Euroformula Open à Pau: Admirable Billy Monger !

François bayrou et Billy Monger © Fodil Chibi

Le 78ème Grand Prix de Pau a été remporté par Billy Monger, pilote amputé des deux jambes depuis 2017.

Le jeune britannique a écrit l’une des plus belles pages du circuit palois avec son succès plein de maîtrise sous la pluie.

 

La ligne franchie, Billy Monger s’est engouffré dans la structure de son équipe installée dans le paddock (Stade Tissié), bondit de son baquet pour enlacer ses parents et tous les membres de son équipe. Assis sur son fauteuil roulant. Le temps de se changer, il file vers le podium, juché sur ses deux prothèses. A cet instant, on finit de réaliser que ce Grand Prix moderne a aussi quelque chose d’historique. Amputé des deux jambes sous les genoux en 2017, après un accident alors qu’il courait en F4, le Britannique de 20 ans à la bouille d’angelot vient de réaliser quelque chose d’inimaginable. Mais pas pour lui…

Après le protocole et la remise des coupes, savouré un peu de champagne, versé quelques larmes, Billy le ‘magnifique’ colle la chair de poule au public et à ceux et celles qui, devant le podium sont les témoins de cette image irréelle ! François Bayrou Maire de Pau est lui aussi sans voix et regarde et écoute ce jeune exemplaire qui vient de donner une leçon de vie !

Billy s’est exprimé ensuite de façon éloquente : « Peut-être que la pluie fut une bénédiction déguisée ! Nous avons fait le tour de chauffe en pneus slick, et pour moi c’était juste trop humide. Il pleuvait à ce moment-là. On a dû faire face à une situation identique lors des qualifications du dimanche matin. La pluie est arrivée en fin de séance, et je voyais les traces des pneus laissées sur l’asphalte par les voitures devant moi. C’est comme ça que j’ai compris que le circuit était trop mouillé pour des gommes slick. Dès que je m’en suis rendu compte, j’ai averti plusieurs fois mon ingénieur à la radio : « Je rentre, je rentre (aux stands). » « C’est d’ailleurs la raison pour laquelle notre arrêt fut efficace. L’équipe se tenait prête à m’accueillir, avec le train de gomme approprié. Et maintenant, je suis le vainqueur du Grand Prix de Pau !

« Les premiers tours ont été très difficiles à négocier. Les pilotes en slick allaient lentement, c’était pas simple d’anticiper leurs points de freinage et leurs trajectoires. Par rapport à eux, j’avais une adhérence idéale. Je devais donc me montrer malin, choisir les zones de dépassements adéquates et évidemment ne pas commettre de faute. J’ai failli ruiner ma course au passage du virage 3 (le pont Oscar), juste avant la neutralisation. J’ai bloqué les pneus avant, j’ai trop élargi ma trajectoire, et j’ai effleuré le rail extérieur. Mais heureusement, Pau m’a donné un peu de chance ce week-end ! »

À quel point avez-vous senti la victoire à portée ?
« Dès que j’ai entrepris des dépassements lors des premiers tours. À chaque boucle, je doublais un adversaire. Mon ingénieur me tenait au courant de mon rythme. Il me disait : « Tu es deux secondes plus vite que le leader de la course, trois secondes parfois. » Je savais qu’il me fallait continuer le travail comme je le faisais. Si je restais comme ça, je pouvais finir aux avant-postes. Les deux premiers se sont éliminés, ce qui est très dommage car cela a provoqué la sortie de la Voiture de Sécurité. J’avais construit une bonne avance sur mon poursuivant, mon équipier Nicolai qui lui aussi roulait en gommes pour la pluie. Tous les écarts ont été ainsi annulés vers la fin d’épreuve, et ma monoplace était endommagée à cause du léger contact avec le rail. À la relance, je n’ai pas pu piloter aussi vite que souhaité. Je devais moins escalader les trottoirs et vibreurs. En gros, être plus doux. Du coup, c’était assez chaud avec Nicolai.

« Deux ans auparavant, lorsque j’ai eu mon accident, je n’aurais jamais pensé rouler ici, à Pau, et encore moins gagner ce Grand Prix mythique ! Je n’ai pas d’autres mots ! L’équipe Carlin est sensationnelle et m’a toujours aidé ! »

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