Le Morocco Desert Challenge par Gert Duson

Gert Duson © DR

Le Morocco Desert Challenge a quitté Agadir samedi pour huit jours intenses de course dans ce Maroc dont la magnificence est une concrète. Pays de soleil, terains aussi variés que techniques et physiques, rien ne manque à cette 11ème édition pour les animateurs qui en reviennent super enchantés. Gert Duson, le patron du Morocco Desert Challenge est bien placé pour en parler tout en regardant ceux que les autres organisateurs réalisent de leur côté. Pas de langue de bois pour Gert, il est vrai que la quantité de ses plateaux laissent pantois !

 

– La 11ème édition est sur les rails, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous ?
Gert Duson : « Nous sommes très enthousiastes pour cette 11ème édition. Les concurrents aussi, le nombre d’engagés le prouve. En amont, le travail est énorme. Nous sommes près de 1400 personnes au bivouac chaque soir. Il a fallu prévoir les hébergements. A Agadir, nous avions réservé la totalité de trois grands hôtels. Il a fallu aussi charger les camions de tout le matériel nécessaire. C’est simple, la moyenne d’une journée démarre à 4h30 du matin et se termine vers 22h le soir. Entre temps nous essayons de dormir un peu. Vraiment le plus important, je me réjouis d’être au Maroc avec une telle caravane. »

– Le Morocco Desert Challenge est devenu un évènement majeur dans la saison, avez-vous un secret pour obtenir une telle réussite ?
Gert Duson : « Ce que tu dis est vrai. Ce n’est même plus l’un des évènements majeurs du sport automobile au Maroc mais un évènement majeur du Rallye-Raid dans le monde. Sur le plan des inscriptions, nous possédons le même nombre de participants que le Dakar, pour nous cela représente une croissance de 50% par rapport à 2018. C’est un résultat magnifique et hypermotivant. Ca booste !
« Le secret de cette réussite est très simple… et je conseille cela – je ne dois peut être pas le dire, mais je vais le faire quand même – et le partager avec tous mes collègues organisateurs et surtout ceux du Dakar. Il faut rendre le Rallye-Raid à ses participants et surtout aux amateurs. Cette discipline n’appartient pas aux usines, il n’appartient pas aux sponsors ni aux médias, il appartient aux amateurs qui veulent ‘s’éclater’ avec leur bagnole de course dans le désert. C’est cela que nous faisons et proposons depuis le début. Le ‘stakeholder’ principal c’est le client, il est prioritaire. Et les gens le savent à présent. Beaucoup de personnes ne sont jamais venus chez nous. Nous n’avons jamais fait de publicité mais tout le monde entend de bons échos. Le bouche à oreille est la meilleure ‘pub’. Les bivouacs sont accueillants, nous faisons un super parcours différent tous les ans. Nous investissons dans le road book : j’envoie mon directeur sportif 4 fois au Maroc pour les rédiger, je lui donne un budget pour passer des mois dans le désert pour trouver chaque année de nouvelles pistes. On ne tourne pas en rond autour de Errachidia, Erfoud ou Merzouga. Le Maroc est un très grand pays où il y a énormément de choses à découvrir et voilà aussi une des raisons de l’engouement. »

– Les nouveautés sont annuelles ?
Gert Duson : « Il y a toujours des nouveautés. Comme je viens de le dire, chaque année on veut offrir un parcours tout à fait différent aux participants. La grande nouveauté cette année ce sont les trois étapes que nous avons tracées dans le Sahara marocain. Il y a un bivouac à Smara et on descend même 100km plus au sud que Laâyoune dans une zone ou peu d’organisateurs passent. C’est une des nouveautés mais en fait tout le parcours est nouveau. Depuis cinq ans nous faisons un départ sur la Plage Blanche et une arrivée à Saïdia. Si on regarde la carte, les parcours se ressemblent, on longe la frontière algérienne et on va du sud-ouest jusqu’au nord-est. J’ai félicité mon directeur sportif, Jean Claude Kaket : il nous a trouvé un parcours pas seulement exceptionnel mais complètement différent de celui de l’an dernier. Seulement 10% des pistes ont été empruntées aux parcours 2017 ou 2018. »

– Y a-t’il une étape clé sur les 8 du programme de la semaine ?
Gert Duson : « Oui. Bon… Chaque étape est un peu clé ! Chaque étape est différente. C’est vraiment difficile de dire celle-là est la meilleure, celle-là est plus jolie… J’adore les dunes et l’étape 5 qui va de Zagora à Merzouga n’emprunte pas le trajet classique. Il y a quatre corridors et ils passent quatre fois dans les dunes. Il y a les dunes d’Erg Ouzina, d’autres dunes juste avant, les dunes de l’Erg Schnaidt découvertes par Jean Claude il y a quelques années, que certains organisateurs ont repris. Et puis, il y a évidemment une traversée des dunes d’Erg Chebbi. C’est l’étape la plus fun mais chaque étape est exceptionnelle et différente. »

Prenez-vous des mesures pour encourager les pilotes marocains à venir sur votre épreuve ?
Gert Duson : « Bien sûr. Il y a le retour du Champion marocain Harite Gabari qui vit à Agadir. Il court à moto et ça me fait très plaisir d’avoir un concurrent du pays qui roule et surtout qui est candidat au podium car il ne faut pas oublier qu’il a remporté notre épreuve il y deux ans et donc je suis content qu’il soit de retour. »

– Côté sécurité, vous mettez le paquet sur le dispositif
Gert Duson : « C’est le plus important. Souvent les rallyes-raids sont peu médiatisés en Europe sauf lorsqu’il y a un accident mortel où là, malheureusement, nous figurons dans tous les journaux. Ce qu’il faut éviter à tout prix. Il y a trois hélicoptères. Nous comptons une vingtaine de médecins urgentistes, anesthésistes, ambulanciers, donc une solide équipe médicale. Il y a aussi des ambulances sur le parcours et en parallèle au parcours pour ramener les personnes à l’hôpital ou au bivouac. Sur le matériel médical nous avons effectué de grands investissements. Ensuite, Le camion PC Course est énorme cette année, extensible en plus et dans lequel se trouve l’équipe de Marlick donc l’équipe qui s’occupe de l’iritrack. Il y a un Directeur de crise, Charly Goetlib qui a beaucoup d’expérience avec trente Dakar à son actif. »

– Quel regard portez-vous sur la discipline, le rallye-raid en général ?
Gert Duson : « Il faut rendre au rallye-raid son esprit d’aventure pour encourager les concurrents à s’inscrire en plus grand nombre. Notre souhait est de réintroduire ce concept. Aujourd’hui, en Championnat du Monde FIA c’est toujours le même petit nombre d’autos qui participe… »

Propos recueillis par Youssef ML,

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