Alain Prost, un sportif légendaire !

Alain Prost et le vélo, une histoire d'amour ! © Luc Manago

Tout le monde ou presque connaît Alain Prost pilote (quatre fois Champion du Monde de F1) ou patron d’écurie (en F1 puis en Formula E où il est deux fois Champion du Monde ‘Teams’). Ce que l’on sait moins, c’est que, passionné de vélo, il court sérieusement depuis près de vingt-cinq ans toujours en quête de précision, de technique, et proche en cela de la démarche de Richard Mille.

 

Alain Prost : « J’adore le vélo depuis mon plus jeune âge et j’ai d’ailleurs arpenté toutes les routes du Var où je suis né. Depuis un peu plus d’une dizaine d’années, je suis, notamment grâce à mon ami Alain Prost également passionné de vélo, un témoin attentif des évolutions phénoménales de la discipline.
« Pour avoir régulièrement suivi des étapes du Tour de France dans la voiture des organisateurs, j’ai rapidement réalisé les incroyables performances de ces athlètes hors normes, sans doute les plus endurants au monde, qui font la légende de ce sport. Fasciné par la performance sportive, je suis ébahi par la puissance que les coureurs développent. La révolution qu’a connue le matériel a bien entendu attiré également mon attention : apparition des composites, allègement des matériaux, accroissement des performances de l’assemblage et des transmissions… Étant moi-même accro à la technique et à l’innovation, je suis bien à même d’en apprécier toutes les subtilités.
« Sans oublier l’aspect compétitif essentiel dans la pratique du vélo qui impose efficacité, performance et rationalisation. Croisant la route de la haute horlogerie, celle du cyclosport qui connaît également un remarquable essor ne pouvait mener qu’à une réflexion puis à une montre particulièrement inspirées. »

– Votre passion du vélo remonte-t’elle à l’enfance ?
Alain Prost : « Pas du tout. Même lorsque je faisais de la F1, mon programme d’entraînement ne l’intégrait pas et je ne m’y intéressais pas particulièrement. Je pratiquais plutôt le footing, le ski de fond, la musculation, le golf ou le tennis. Étrangement, je ne me sentais pas à l’aise sur un deux-roues. C’est plutôt un concours de circonstances qui m’y a conduit pendant mon année sabbatique de pilote en 1992. Mon kiné de l’époque, Pierre Baleydier, fou de vélo et ancien coureur lui-même m’a convaincu que ce sport pouvait être une alternative à ma méthode d’entraînement, d’autant plus intéressante que j’avais des problèmes de dos et les genoux douloureux. Ne sachant alors pas trop comment m’affûter physiquement pour mon retour en 1993, j’ai commencé par le VTT et décidé de relever ce challenge.

– Très vite vous avez préféré le vélo de route…
Alain Prost : « Je voulais m’acheter un VTT et puis j’ai découvert les vélos de course. J’ai été séduit par l’objet et un peu aussi par le côté technique et même technologique avec l’emploi de différents matériaux. Mais surtout, ma bande de potes faisait déjà du vélo de route dans le Sud-Ouest et ils m’ont convaincu de les rejoindre. Au cours de l’été 1992, des membres d’Amaury Sports m’ont parlé de leur projet d’organiser, en marge du vrai Tour de France, une étape destinée aux amateurs. Et comme, cette première édition de ‘l’étape du Tour’ se déroulait entre Tarbes et Pau avec au programme les cols du Tourmalet, du Soulor et de l’Aubisque, notre petite bande s’est inscrite.
« C’était d’autant plus inconscient qu’à ce moment-là je pilotais pour Williams-Renault et que j’étais en lice pour le titre. Mais c’est parti comme ça, avec l’obligation de faire bien, donc de s’entraîner dur. »

– Qu’est-ce qui vous a séduit dans le vélo ?
Alain Prost : « Même si j’ai découvert un sport très difficile, j’ai tout de suite adoré. C’était bon pour mon physique mais aussi un défi, accentué par le côté ‘compétition’ avec les copains et les concurrents des épreuves cyclotouristes. Je me suis aperçu que grâce à la Formule 1, où le coeur monte souvent à 160, voire 200 pulsations, j’avais une bonne base. Les jambes souffrent, surtout au début, mais une fois qu’on a développé les bons muscles et qu’on les entretient, le plaisir est là. Très vite je me suis senti bien, jusqu’à ne plus pouvoir m’en passer, du fait que cette pratique provoque la production d’endorphines. Et puis c’est un sport ‘porté’. Les cadres modernes, vraiment confortables, épargnent les courbatures et je ne subis plus de chocs traumatiques aux genoux ou au dos, comme lorsque je courais en F1 dans des monoplaces dont les suspensions étaient particulièrement dures et le pilotage agressif. C’est une fatigue saine et agréable. »

– Et contrairement à l’auto, il n’y a pas de limite d’âge ?
Alain Prost : « Si on n’interrompt pas cette pratique, rien n’interdit de continuer jusqu’à un âge très avancé.

– Vous êtiez réputé être un pilote très technique… Qu’en est-il pour le vélo ?
Alain Prost : « Je l’ai dit, j’adore l’objet. Je possède une dizaine de vélos, dont deux électriques et des VTT. J’aime expérimenter, tester des réglages. Même une nouvelle paire de chaussures peut procurer des sensations différentes.

– Vous astreignez-vous à un programme ?
Alain Prost : « Oui, j’essaie surtout de rouler le plus régulièrement et le plus souvent possible malgré mes activités très diverses (ambassadeur de Renault pour la F1, Consultant Canal Plus, et codirecteur de l’écurie Renault e.dams dont Richard Mille est partenaire).
« Je vais d’ailleurs tenter de transporter un vélo dans un camion atelier de l’écurie pour en faire lorsque je serai sur un Grand Prix. L’idéal est évidemment de s’entraîner tous les jours, mais j’ai diminué le hometrainer qui n’est pas très bon pour le dos.
En revanche, je ne suis pas du genre à compiler mes sorties et mes entraînements. Je suis incapable de savoir combien j’ai fait de kilomètres depuis mes débuts à vélo, mais des milliers c’est sûr. Selon les années, je cumule entre 5.000 et 10.000 km, bien moins que les très bons cyclos qui enchaînent plus de 15.000 km par an. Je considère donc que ma pratique du vélo se situe entre l’entretien et la compétition, même si en période d’entraînements je peux aller jusqu’à 20 heures de roulage hebdomadaires. Cette année, entre mes obligations professionnelles et les déplacements, je suis plutôt autour de douze heures par semaine. »

– Vous entraînez-vous aussi pour vous aligner en compétition ?
Alain Prost : « J’ai des objectifs par rapport aux personnes avec lesquelles je sors à vélo et au club auquel j’appartiens en Provence. En 2017, j’ai prévu cinq courses dont chacune rassemble entre 300 et 1.000 participants.
« Je participe aussi au Championnat du monde Masters d’Albi. En principe ouvert aux amateurs à partir de 27 ans, et d’un niveau déjà hallucinant, il laisse aux pros qui ne courent pas pendant un an et n’accumulent donc pas de points UCI la possibilité de participer… Je me suis pourtant engagé en sachant que je n’y serais pas au top, mais c’était un objectif. »

– Qu’elles sont vos limites à vélo ?
Alain Prost : « Sur le plat, ça dépend bien sûr de la vitesse et de la durée. C’est facile de se maintenir longtemps à 30 km/h. Mais c’est toujours un compromis en fonction du terrain.
« Je n’ai pas assez de force dans les jambes, et ne suis donc pas un rouleur. Avec mon gabarit (1,65 m pour 58 kg au poids de forme), je suis plutôt typé ‘grimpeur’. Mais les bosses usent aussi. En côte, l’âge permet parfois de gagner en endurance ce qu’on perd en performance. Mais en ce moment je manque d’entraînement alors que c’est justement la qualité de l’entraînement qui permet la performance.

– La montre ‘vélo’ que vous dédie Richard Mille int_gre-t’elle cette notion de performance
?

Alain Prost : « Il faut d’emblée souligner que c’est Richard qui a eu l’idée de cette montre, il en est l’initiateur. C’est lui qui a évoqué la possibilité d’en faire une ensemble car il est également passionné de vélo. Il est d’ailleurs proche de Mark Cavendish qui lui aussi même en roulant, porte une édition limitée. Pour notre montre, Richard est parti sur l’idée de marier sport automobile et vélo.

– Y a t’il une approche du temps spécifique à la pratique du vélo ?
Alain Prost : « Sur le vélo, il ne s’agit pas de ‘claquer’ un chrono à chaque sortie, mais de se situer en termes de rythme cardiaque, de dépense d’énergie (exprimée en calories), de moyenne, de variation de dénivelés.
« Intégrer toutes ces données, dont certaines sont ‘compilées’ dans la montre que nous avons préparée avec Richard représente un véritable défi en termes de mécanique d’horlogerie. Les cyclistes sont sensibles à tous ces paramètres qui leur permettent de fixer leurs objectifs personnels, mais aussi de mieux se connaître lorsqu’il s’agit de se mesurer à la concurrence ou simplement d’effectuer des sorties en club. Le compteur est d’ailleurs un élément intégré dans la montre. »

– Êtes-vous intervenu au niveau du design ?
Alain Prost : « Là encore, nous avons eu des discussions épiques avec Richard. Il m’a posé beaucoup de questions d’ordre technique ou esthétique et nos discussions sont parfois parties dans des délires… Mais s’il a écouté mes idées, mes avis, au final c’est lui qui décide. J’ai entièrement confiance dans ses choix.
« D’ailleurs, il ne s’est jamais trompé. Parmi les principes auxquels la conception des montres que Richard dédie aux sportifs ne déroge jamais, l’un est incontournable : chacune d’elles doit être portée par l’athlète pendant la pratique de son sport.
Comme ce fut le cas avec Rafael Nadal par exemple, même si ça n’a pas été simple au départ de le convaincre de porter une montre en jouant. Pourtant, une fois qu’il l’a essayée il ne l’a plus quittée. Nous avons collaboré et travaillé sur notre montre pendant plus d’un an et demi.

– Intégrez-vous, comme en sport automobile, la notion de danger ?
Alain Prost : « Même en Formule 1 paradoxalement, j’y ai toujours été sensible et ça reste une préoccupation à vélo. Il y a entre 300 et 1 000 engagés dans les courses cyclosportives auxquelles je participe, alors ça frotte toujours un peu, et ça va vraiment très vite.
« S’il pleut, je ne prends même pas le départ. Et j’essaie de rester à l’écart des risques de chute. Au début du printemps, je suis tombé à ‘deux à l’heure’, et j’ai mis trois semaines à m’en remettre.
« Sachant ce que coûte en douleurs une chute, j’ai la peur au ventre lorsque je regarde un sprint à la télé. Même si j’ai une certaine notion des trajectoires, je suis de plus en plus prudent dans les descentes. Ça dépend bien sûr de l’état de la route, mais je ne suis pas très bon dans cet exercice. Comme en voiture, il faut surtout anticiper. C’est le secret pour rester en selle !

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