Jean-Luc Beaubelique, la belle trajectoire !

Jean-Luc Beaubelique © Patrci Hecq

Dans le Team AKKA-ASP, les équipages Pro-AM ont toujours occupé une place de choix et ont souvent contribué à enrichir le palmarès de l’équipe. Associant un pilote Pro et un ‘Gentleman’ cette subtile alchimie nécessite un certain équilibre. Mais quelle que soit la catégorie, l’un comme l’autre est animé de la même passion. Engagés en Blancpain GT Series Sprint Cup, Jean-Luc Beaubelique et Christophe Bourret sont les deux ‘Gentlemen’ de l’équipe. Grand habitué du Sprint et de l’Endurance, le premier dispose d’un solide palmarès tandis que le second, plus familier, avec succès, des deux tours d’horloge, a découvert plus récemment les courses d’une heure.

Ce qui est certain, c’est que l’un comme l’autre vivront ce week-end sur le circuit du Nürburgring une finale animée. Avant de laisser place au sport, retour sur deux parcours atypiques.

Avant de prendre goût à la piste, Jean-Luc a fait ses premières armes en rallye. C’était dans les années 90 au contact d’un petit frère bien inspiré. Devenu au fil des ans un véritable pilier du sport auto régional limousin, jusqu’à devenir vice-champion de ligue, Jean-Luc arpente avec assiduité les lacets de sa région entre 1992 et 1999. Mais sous la pression de son entourage, suite à l’accident mortel d’un proche, il doit finalement renoncer.
Après une année de disette sportive, il croise un confrère lyonnais qui lui fait découvrir en 2000 le Renault Clio V6 Trophy. Les premiers tours de piste sont compliqués. Le rallyman, pilote instinctif, a du mal à s’adapter au rythme du circuit et surtout, il se retrouve seul dans l’habitacle. Avec un plateau oscillant entre 40 et 60 voitures en piste en fonction des meetings, deux courses sont organisées, une première où les 30 premiers chronos sont qualifiés d’office et une seconde baptisée ‘consolante’ pour les autres. « Je crois bien qu’en deux saisons, j’ai du participer cinq fois seulement à la ‘grande’ course ! »

A la fin de la première saison du XXIème siècle, sur la piste de Magny-Cours, un événement qui va sans doute changer le cours de la carrière automobile de Jean-Luc va se produire.
« Je me souviendrai toute ma vie de cette course. A cette époque, Anthony Beltoise et Jérôme Policand étaient deux pilotes vedettes de la discipline. Ils se battaient régulièrement pour la gagne et donc pour le titre. Ils sont revenus ensemble vers moi pour me prendre un tour et au virage d’Estoril, j’ai plongé avec l’intention claire de les laisser passer. Manque de bol, je me suis retrouvé en pleine trajectoire et pour m’éviter, Jérôme a du laisser Anthony s‘envoler. S’en est suivie une mémorable engueulade. Le lendemain, nous nous sommes rappelé et depuis…nous ne nous sommes plus quittés ! »

Ce fut ensuite le début de l’épopée GT3 sur les Ferrari : « Les Ferrari étaient plus puissantes que les Porsche et disposaient d’une vraie aérodynamique. Cela m’a forcé à élever mon niveau de pilotage. Malgré tout, cette nouvelle exigence conservait un côté ludique. J’ai géré en vrai gentleman jusqu’en 2014, puis il a fallu passer un nouveau cap et ajouter de la rigueur à mon pilotage. Nous roulions à la fois en Blancpain Endurance Series et en championnat de France GT. Il y a eu de bons moments pendant cette période, comme la victoire sur les 24 Heures de Spa 2013 en catégorie Am. »

A partir de 2015, le niveau monte encore d’un cran. La saison se déroule sur les chapeaux de roue et associé à Morgan Moullin-Traffort, Jean-Luc termine vice-champion de France GT. En 2016, les Protos sont injectés dans le championnat de France, ce qui sonne le glas de l’aventure française pour le team AKKA-ASP. Cette même année, les Ferrari laissent place aux Mercedes-AMG GT3. Jean-Luc est engagé sur les deux disciplines Blancpain, Sprint et Endurance. Aux côtés de Maurice Ricci et de Gilles Vannelet, il décroche la deuxième place de la Blancpain GT Series Endurance Cup, catégorie AM et termine deuxième de la Blancpain GT Series Sprint Cup Pro-AM avec Morgan Moullin-Traffort.
« Cette première saison avec les Mercedes ne fut pas simple. Dix courses en cinq week-ends, c’est un peu court et nous manquions d’expérience avec la voiture. Malgré une gestion moyenne de nos changements de pilotes, nous avons obtenu des résultats mais nous avons aussi pris conscience du ‘gros niveau’ du championnat. »

Il y a encore eu quelques courses de V6 puis en 2003, quand le championnat bascule dans les Silhouettes, Jean-Luc confie l’exploitation de sa voiture à Jérôme, qui en parallèle s’attaque à la Porsche Carrera Cup.
« Fin 2005, début 2006, je me suis lancé dans la Carrera Cup et j’ai fait le championnat avec Jérôme. Il y avait un savant mélange dans l’équipe de pilotes Pro et Am. A cette époque, Jérôme comptait dans ses rangs Kevin Estre, Anthony Beltoise, Morgan Moullin-Traffort et Ludovic Badey. L’aventure a duré jusqu’en 2011. »

En 2017, Jean-Luc découvre un nouvel équipier. Rapidement, le courant passe avec Jules Gounon et le duo ne tarde pas à se faire remarquer.
« Cette année, Jérôme souhaitait donner l’opportunité à un jeune d’intégrer l’équipe. Nous avons fait une séance d’essais au Castellet et j’ai tout de suite eu un bon feeling avec Jules. J’ai quitté Morgan avec regrets mais les règles de la discipline Blancpain ont donné une place prépondérante aux pilotes ‘Silver’ (en faisant abstraction du côté budget) au détriment des ‘Gold’.

Jules a pu se mettre en avant cette saison et a pris un virage déterminant. Il venait de la Carrera Cup et s’était surtout fait remarquer pour quelques ‘acrobaties’ mémorables. Jérôme a su le canaliser et lui a fait confiance. Ce week-end, je roulerai avec Tristan Vautier car Jules est retenu sur une épreuve de l’ADAC. »

Si l’on demande à Jean-Luc d’évoquer quelques croustillants souvenirs de course, le premier et peut-être le plus marquant est celui de Magny-Cours en Clio V6 Trophy, le jour de sa trajectoire raté face à Jérôme Policand… Mais il y en a tant d’autres !

En 2011, un constat s’impose, la Ferrari n’arrive pas à boucler des courses d’une heure sans tomber en panne et l’équipe s’engage sur les 24 Heures de Spa…
« Je me souviendrai toujours de la dernière heure de course. Guillaume Moreau était au volant et je m’étais positionné à la Source en me rongeant les sangs. Je chronométrais chaque tour en attendant fébrilement que la voiture passe. Jusqu’au damier, j’étais très tendu et finalement, nous gagnons la catégorie Pro-Am, 6ème position au général. Un super souvenir. J’ai roulé trois fois à Spa. J’ai vécu deux victoires de catégorie et un podium. Je n’ai plus roulé depuis. Le destin m’a souri et j’ai trop peur d’être déçu si j’y retourne, c’est pourquoi je fais régulièrement l’impasse sur cette épreuve.
« Des souvenirs insolites, il y en a beaucoup. Faire une espèce de crise de panique quelques minutes avant de prendre son relais en pleine course et récupérer 200% de ses capacités après 150 mètres en piste ou être toujours à l’hôtel 20 minutes avant le départ de la course parce qu’on a zappé l’heure… Oui, j’ai connu ! »

Rien de très étonnant non plus quand on demande à Jean-Luc quel est son circuit fétiche. Spa, bien sûr ! « Spa est une expérience à part pour un pilote. Le décor, les montées, les descentes, les virages incroyables, c’est une référence. J’aime aussi Silverstone, bien que ce soit un peu une autoroute mais aussi Magny-Cours. J’avoue, je ne suis pas très à l’aise au Castellet. »

La saison est presque terminée et déjà la prochaine se dessine avec de nouvelles options envisageables.
« Pour 2018, nous sommes en pleine réflexion. Il faudra regarder de plus près la GT4 mais je m’interroge sur la gestion de course en France car les nombreux contacts ne sont pas sanctionnés comme sur le Blancpain. La France reste une option, notamment pour les partenaires, avec en parallèle le Sprint ou l’Endurance. Un autre sujet devra être clairement évoqué, celui de la catégorisation de l’équipage, Am,
Pro-Am ? Le niveau est très relevé et en matière de Pro-Am, ce n’est plus vraiment représentatif. Ce qui est sûr, je serai toujours au volant en 2018 ! »

Lydie Arpizou – Race com,

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