24 heures du Mans: Le désastre Toyota en trois actes

La Toyota #8 lors des tests

Comment en trois heures et demie, dans la nuit de samedi à dimanche, les prototypes Toyota ont perdu les 24 Heures du Mans.

La #8 fume
22h47. La Toyota #8 pilotée alors par Buemi, qui venait de remplacer Nakajima, deuxième à une vingtaine de seconde de la Toyota #7 rentre prématurément aux stands. Une fumée de plus en plus épaisse se dégage du capot avant. La TS050 Hybrid est immédiatement rentrée dans le box.

Les ingénieurs décident de changer le moteur électrique avant et la batterie associés au système hybride. Près de deux heures plus tard la #8 repend la piste. En 56e  position. Et donc, quasiment hors course pour la victoire.

La lente agonie de la #7
0h44. Alors que la Toyota #8 s’apprête à reprendre la piste, la #7 alors en tête et pilotée par Kamui Kobayashi ralenti brutalement, juste au moment de passer devant les stands. Elle entame alors un improbable chemin de croix d’une vingtaine de minutes en roulant à 60 km/h. Il reste 13 km à accomplir. La Porsche 919 Hybrid passe en tête à 0h46. Très vite, la voiture de sécurité entre en piste. A mesure que les minutes passent, la #7 montre des signes de défaillance de plus en plus prononcés. On apprendra plus tard qu’il s’agit d’un problème conjugué embrayage/boite de vitesse. Elle finit par s’arrêter moteur thermique coupé. Elle repart à mi-circuit, roulant quelques dizaines de mètres à cinq km/h puis quatre… puis trois… puis plus rien. A mi-chemin entre Arnage et les virages Porsche. Définitivement privée d’énergie électrique. C’est fini. Kobayashi ouvre la porte, sort et les épaules voutées salue la foule du bras gauche. L’horloge indique 1h08. La Porsche #1 est en tête devant la Toyota #9, pilotée par Nicolas Lapierre.

Le choc avec une LMP2
1h12. Virage Dunlop, Nicolas Lapierre part en tête à queue. Sa Toyota finit dans les graviers. La LMP1 a été touchée à l’arrière gauche par l’ORECA 07 Manor du team chinois TDS Racing. Si la Toyota #9 reprend la piste, on comprend très vite que l’auto a subi de sérieux dégâts. Nicolas Lapierre : « La boîte de vitesse était touchée et j’ai fini par perdre mon moteur thermique. Sans parler de la roue arrière gauche arrachée ». Là aussi, comme pour la #7, l’incident s’est produit au pire endroit. A l’autre bout du circuit. Le pilote français tente de ramener la voiture au stand. Là aussi, comme pour la #7, la TS050 Hybrid est au ralenti. Les kilomètres défilent avec une lenteur sidérante. A 1h17, des flammes sortent à l’arrière de la voiture juste au-dessus des échappements.

Dans le camp Toyota, Hugues de Chaunac, le patron d’ORECA, et Rob Leupen, le patron de l’écurie, ont les larmes aux yeux. Un instant ; le moteur de la #9 redémarre pour définitivement rendre l’âme. Dans un ultime soubresaut, la TS050 se relance sur sa batterie électrique pour finalement échouer à quelques centaines de mètres de la voie des stands. La #8 est alors la dernière Toyota encore en course, mais elle navigue au-delà de la 50ème place, à vingt tours du leader Porsche. Quant à M. Akio Toyoda, le Président de Toyota, il dort du sommeil du juste dans un hôtel d’Angers. On plaint celui qui, ce matin, a dû le réveiller et lui annoncer la destinée de ses trois TS050…

Erik Bielderman au Mans avec Stéphane Barbé et Stefan L’Hermite,

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