Reverra t’on Philippe Croizon en rallye-raid ?

Philippe Croizon toujours en course © DR

Le quadri-amputé Philippe Croizon, est actuellement sur toutes les chaînes de télévision (samedi dans ‘On n’est pas couché’) et les radios (France Info) pour parler de son livre d’une part mais aussi de son exploit : avoir bouclé le Dakar. En atteignant Buenos Aires, capitale de l’Argentine au terme d’une course effrénée de 8.820 km, son exploit est le reflet de la volonté de cet homme hors pair qui ne s’écoute pas et va au-delà du surpassement de lui-même… avec souvent des larmes !

 

L’année 2017 avait démarré par un premier record époustouflant, celui du cycliste Robert Marchand (105 ans) capable de parcourir 22,5 km en seulement une heure. Elle a vu un autre formidable exploit se dérouler durant ce mois de janvier en Amérique latine.

Le Samedi 14 Janvier, Philippe Croizon est rentré dans l’histoire en devenant le premier pilote quadri-amputé à terminer le Dakar (Asuncion-Buenos Aires), réputé comme le rallye-raid le plus éprouvant et le plus difficile dans le monde. L’émotion fut immense pour cet aventurier de 48 ans dont la vie a été marquée par des évènements éprouvants. En 1994, alors âgé de 26 ans, Philippe Croizon fut foudroyé sur le toit de sa maison par une décharge de quelques 20.000 volts. La vie sauve, il perd cependant l’usage de ses membres inférieurs et supérieurs. Débute alors un combat, ou plutôt son combat: celui de démontrer à tous sa capacité à vivre comme un être humain valide.

A force de courage et d’abnégation, de volonté et d’acharnement, Philippe Croizon réalise des défis incroyables. Sauter en parachute, traverser la Manche à la nage et relier les cinq continents, toujours à la nage, constituent des exemples éloquents.

Sa soif de challenge semble alors inépuisable. Lui vient ensuite le projet de participer à la 39ème édition du Dakar en Janvier 2017. Néanmoins, des obstacles se dressent durant sa préparation. Pas une histoire d’envie ni de personnalité mais des soucis financiers cumulés à l’avis réservé du patron de la course, Etienne Lavigne « Je te connais, je connais aussi tes exploits en mer, mais tu ne feras pas le Dakar avec nous », entravent ses nouvelles intentions.

Il n’est cependant pas question de plier ou d’admettre le refus. Ainsi, avec une insistance et une persévérance à toute épreuve, Philippe Croizon parvient à convaincre le boss de chez ASO (Amaury Sport Organisation) de le laisser participer à la compétition. Une seule condition est requise: que Philippe Croizon « s’occupe lui-même de son matériel assurant sa sécurité ».

Un souci vient en chasser un autre: il est désormais question d’argent et de financement. L’équipement nécessaire est en effet particulièrement onéreux et les sponsors manquent à l’appel. Sa rencontre avec le Qatari Nasser Al-Attiyah, double vainqueur du Dakar en 2011 (sur VW) et 2015 (sur Mini), constitue alors une aubaine qu’il saisit. Les fonds obtenus et le virement effectué, Philippe Croizon peut s’élancer dans la course au volant de son Buggy X6 BMW conçu spécialement pour l’occasion. Le véhicule est équipé d’une boîte de vitesses automatisée et piloté à l’aide d’un joystick hydraulique dirigé par le bras droit de Philippe Croizon. L’assistance est assurée par Yves Tartarin et son équipe.

Durant l’épreuve, Croizon en a bavé : « Tous les jours, nous avons rencontré des galères sans nom. C’était quotidien. C’était tellement dur, tellement violent, le froid, l’altitude, le chaud… jamais je n’ai baissé les bras ! » dit avec humour Philippe qui caricature régulièrement son handicap.

Son aventure avait commencé le 2 Janvier à Asunción, capitale du Paraguay. Dans la foulée, les douze étapes de l’édition 2017 se sont suivies, aucune ne se sont ressemblées pour le Français, accompagné d’un jeune navigateur novice en rallye-raid, Cédric Duplé. Galères mécaniques sur galères physiques : panne électrique, fuite de la pompe hydraulique… conditions extrêmes : forte chaleur, pluies torrentielles, coulées de boue, altitude donc manque d’oxygène… et les problèmes de santé : impossibilité pour lui de réguler sa température corporelle : « les médecins m’ont mis 45 minutes dans un frigo… » Ce sont autant de difficultés qu’il a du gérer au quotidien. « A chaque fois que nous tombions en panne, on se motivait tous ensemble. C’était dur mais c’était très fraternel. »

« J’insiste » dit-il « sur le travail de l’équipe durant cette course. » En fin de rallye, Philippe Croizon a d’ailleurs rendu un hommage appuyé à elle, car la victoire d’un homme est également celle d’un collectif extrêmement soudé : « Les mécanos ont énormément souffert. Ils ont remis le Buggy en état chaque soir voire nuit. Un travail colossal de nuit, qui, au fil des jours les a épuisés. »

De ce Dakar, Philippe Croizon en garde de nombreuses images : « J’ai adoré les dunes et les passages techniques. J’ai aussi aimé les paysages et la population de Bolivie. C’est ce que j’ai vu de plus beau durant ce Dakar. Le passage du rallye était une belle fête pour eux ! Je me suis pris une claque monumentale sur le plan émotionnel. Je me suis fait peur une fois. Le deuxième jour, nous sommes tombés en panne et nous avons été tirés à la sangle dans le fech-fech pendant 160 km. Mon navigateur avait alors pris le volant car il n’y avait plus de direction assistée. Il ne voyait rien car nous n’avions plus de pare-brise. Plusieurs fois, nous avons cru partir en tonneaux. Il faisait chaud et humide… »

Philippe Croizon ajoutera aussi: « Je crois que sur un Dakar, tu as des moments de joie, des moments de plénitude et des moments où tu craques. Tu y pleures aussi et souvent. Des moments de doute, énormément, mais renoncer, jamais ! Je suis heureux d’être à l’arrivée: nous l’avons fait ! Même si beaucoup n’y croyaient pas, nous sommes au bout » comme ce fut le cas à la Baja en Aragon au mois de juillet dernier, au rallye tout-terrain Béarn-Orthez, au rallye du Maroc en octobre.

En atteignant son rêve, Philippe Croizon est rentré en France et se ressource en famille, auprès de ses enfants et de sa compagne Suzanna qu’il a demandé en mariage sur le podium de Buenos Aires. Il ne chôme pas actuellement, très sollicité par les médias qui veulent le rencontrer, l’écouter et faire partager son aventure lui qui, amputé des quatre membres, véhicule un sourire et une joie de vivre qui laissent perplexe !

Reviendra t’il sur le Dakar ? Il ne répond pas à la question se réservant le droit de réfléchir. Philippe a déjà « deux-trois pistes en tête » d’autres défis certainement à couper le souffle !

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