Il est un peu comme l’alchimiste du rallye-raid, capable de trouver le dosage idéal des qualités nécessaires pour couler le métal dont on forge les victoires sur le Dakar. On a beau connaître sa formule et tous ses ingrédients (vitesse sans précipitation, régularité, science de la navigation…), Stéphane Peterhansel poursuit son chemin victorieux et ajoute cette année un 13ème titre à sa collection, le 7ème avec trois blasons différents dans sa carrière de pilote auto.
Il était délicat de désigner un leader dans la Dream Team Peugeot au départ d’Asunción, mais la sortie de piste spectaculaire de Carlos Sainz a été le premier acte de la bataille des lions, achevée sur un duel de haut vol entre ‘Monsieur Dakar’ et ‘Monsieur Rallye’. A l’occasion de sa deuxième participation, Sébastien Loeb a su minimiser le nombre et la portée de ses erreurs pour tenir tête à ‘Peter’ dans un combat royal, symbolisé par un dénouement tragique pour l’Alsacien, dans son jardin de Cordoba, où il a empilé les succès dans sa première carrière. Avec le titre en vue au bout de l’avant-dernière spéciale, Loeb crevait en percutant une pierre, « une comme on en a cogné mille », rage-t-il gentiment. Les minutes perdues sur le changement de roue, avec celles qu’il aurait pu engranger en filant sur les pistes qui lui convenaient à merveille, sont à peu près celles qui lui manquent pour inscrire son nom au palmarès. « Il va falloir persévérer », promet et admet le virtuose.
La troisième place de Cyril Despres pour sa troisième tentative en auto confirme à la fois sa progression et sa maturité dans sa nouvelle carrière et la supériorité des Peugeot 3008, qui signent un triplé comparable à ceux réalisés par Mini, Volkswagen ou Mitsubishi, pour s’en tenir au XXIe siècle.
La concurrence n’a pas manqué de détermination et la lutte semblait même réellement engagée par Nasser Al Attiyah (Toyota) jusqu’à son abandon dans la troisième étape. Egalement embarqué dans une Toyota, ‘Nani’ Roma campait encore à mi-course le rôle de sérieux contradicteur des Peugeot avec seulement 5 minutes de retard sur ‘Peter’. Le Catalan a pourtant plié et perdu dans cette course par élimination qu’il termine au pied du podium, juste devant son coéquipier Giniel De Villiers.
Les Mini d’Orlando Terranova et de Jakub Przygonsky, respectivement 6ème et 7ème à près de deux heures et plus de quatre heures, accusent le coup tout en prenant date. Pour renouer avec la victoire, le team X-Raid, tout comme Toyota, ne devra pas se contenter de patienter, mais aussi mener la bataille du développement et de l’innovation avec Peugeot.
Stéphane Peterhansel (Peugeot 3008 DKR – vainqueur) : « Avant le départ de la course, ce n’était pas gagné. Il y avait une grosse concurrence interne et au total sept ou huit pilotes capables de gagner. A la mi-course nous n’étions plus que quatre et dans la dernière semaine, ça s’est terminé avec Sébastien (Loeb). C’était un duel sous haute tension, ça a roulé vite. Je remercie Peugeot de nous avoir donné des voitures exceptionnelles, et surtout ils ne nous ont donné aucune consigne de course, ce qui est très fair-play et très sportif, car nous avions les mêmes armes pour nous battre. Nous avions face à nous un champion très rapide, qui sait gérer des courses en tête, qui ne se laisse pas impressionner. Dans l’étape 11 (San Juan-Rio Cuarto) ça s’est joué sur une crevaison, et c’est probablement là que se règle la victoire du Dakar. Mais ma tactique, c’était d’obliger Sébastien à rouler à 100 % de ses possibilités. A partir de ce moment-là, il s’exposait à faire des erreurs et c’est ce qui s’est produit, donc ce n’est pas de la chance. »
Sébastien Loeb (Peugeot 3008 DKR – 2ème) : « C’est un progrès, et déjà nous sommes restés sur la piste. Nous avons fait quelques erreurs de navigation mais finalement nous nous en sommes bien sortis, sur un Dakar aussi compliqué que celui-là. Il y a eu un petit problème mécanique qui nous a fait perdre du temps au début, et depuis nous avons cravaché pour le rattraper. Nous finissons deuxième… pas très loin. C’est sûr que, au niveau de la vitesse, nous étions au-dessus et lorsque j’attaquais fort, nous arrivions à faire des écarts importants. Nous avons le potentiel pour y arriver. Je ne pense pas que je vais faire autant de Dakar que Peterhansel, mais l’objectif c’est de réussir à le gagner un jour : il va falloir persévérer. Pour l’instant, nous avons trois voitures Peugeot sur le podium, alors nous allons savourer cela, et on verra pour la suite. »
Cyril Despres (Peugeot 3008 DKR) – 3ème : « Si j’ai cette troisième place, c’est avant tout parce que j’ai un bel outil de travail. Je suis très content, parce que, devant nous, il n’y a pas n’importe qui : Peterhansel, Loeb, nous n’avons pas à rougir ! Il faut que je roule plus vite, et sur tous les types de terrain. C’est déjà pas mal de savoir vers où, il faut progresser, mais je ne suis pas spécialement pressé, ce n’est pas dans ma nature. D’année en année, ça se rapproche. Mais il est sûr que pour grimper sur les deux prochaines marches, ça va être très compliqué. C’est long de travailler 365 jours pour se préparer. Il faut réussir à garder la motivation et on ne peut pas le faire tout seul, c’est avec l’équipe. »