GT France et Prototypes, Olivier Loisy explique !

Oliviuer Loisy © DR

Après l’annonce de nouveautés au programme du Championnat de France FFSA GT et Championnat de France FFSA Prototypes, Olivier Loisy s’est prêté au jeu des questions/réponses. L’évolution du GT, l’origine de l’arrivée des LM P3 et les nouveautés 2016 : le manager général du GT Tour revient sur les grands sujets de l’intersaison.

 

– Dix ans après la naissance de la catégorie, où en est le GT3 en France ?
Olivier Loisy : « La catégorie GT3 entame une nouvelle page de son histoire avec l’arrivée de nouveaux modèles. Elle est toujours une catégorie magnifique et une valeur sûre auprès des fans. Le GT3 constitue aussi un excellent produit notamment pour la clientèle gentlemen drivers et les constructeurs ont d’ailleurs fait évoluer leur manière de concevoir une GT3 en pensant d’abord aux exigences des pilotes non professionnels. Il n’en demeure pas moins que le prix des voitures ne tend pas à la baisse… Plusieurs constructeurs sont quand même restés assez raisonnables dans cette inflation, d’autres moins… »

– Dans ce contexte, comment se présente la cohabitation entre les GT de différentes générations?
Olivier Loisy : « Il faut d’abord prendre en compte que rares sont les équipes françaises à avoir investi sur de nouvelles GT3. Dans la conjoncture que nous connaissons, les entreprises ralentissent leurs investissements. En France, bon nombre de teams ont donc choisi de conserver leur matériel et d’en prolonger l’utilisation, ce qui me paraît être tout à fait respectable et cohérent avec la nécessité qu’ont les entreprises à essayer de stabiliser leur activité. C’est aussi pour cela qu’avec la FFSA depuis de nombreux mois, nous avons fait savoir aux teams dans nos différentes réunions que l’arrivée possible des nouvelles voitures ne modifierait en rien la compétitivité des ‘anciennes’. La balance de performance sera élaborée de manière à ce que chacun ait sa chance, ce qui est d’ailleurs également la politique de la FIA. Donner l’avantage aux nouvelles voitures reviendrait inévitablement à faire fuir les teams n’ayant pas eu les moyens ou l’envie d’acheter une voiture récente. Or, ceux-ci sont clairement majoritaires France. Nous ne prétendons pas à faire un Championnat uniquement avec des voitures de la génération précédente, notre volonté est simplement de respecter l’ensemble des participants en leur offrant les mêmes chances de l’emporter. C’est tout là principe du GT3 ! »

– D’où est venue l’idée d’accepter les LM P3 ?
Olivier Loisy : « Tout d’abord, j’insiste sur cette notion, les LM P3 ne sont pas ‘acceptées’ au milieu des GT. Il s’agit de deux types de voitures radicalement différents qui évolueront chacun dans leur propre Championnat de France, sans aucune notion d’équivalence de performance et avec leur propre podium à l’arrivée. Lorsque les GT3 sont arrivées progressivement en France, il n’a jamais été à l’ordre du jour de faire une équivalence avec les GT1. Là, ce sera pareil, il y aura bien un titre de Champion de France GT et un titre de Champion de France Prototypes, avec une mise en valeur égale des deux compétitions. Les deux catégories vivront leur vie comme cela est le cas dans de nombreux championnats mixant plusieurs types de voitures. »

– Le but n’est donc pas uniquement de consolider la grille de départ ?
Olivier Loisy : « Si la cohabitation de deux championnats peut permettre de consolider un plateau dans sa globalité, forcément c’est positif. Mais le raisonnement n’est pas parti de là. L’arrivée de la catégorie LM P3 est intervenue à une période où beaucoup de teams se posaient la question de savoir s’ils devaient continuer en GT. Pour d’autres teams, l’attrait du produit LM P3 représentait une belle opportunité de se donner de nouvelles ambitions ou orientations en terme de programme sportif. En regardant le plateau des championnats GT nationaux en Europe, les plateaux GT3 tournent toujours entre 15 et 20 voitures. Des championnats de dimension européenne souffrent même encore plus. On ne pouvait pas non plus faire abstraction de l’intérêt de différents teams français pour cette nouvelle catégorie prototypes. L’idée n’est pas de mettre en opposition deux produits qui répondent à des philosophies totalement différentes mais de proposer deux solutions attractives pour concourir au plus haut niveau des championnats de France Circuits et dans des conditions budgétaires beaucoup plus accessibles que sur des compétitions de dimension européenne. La plupart des teams français et européens ont d’ailleurs immédiatement montré un vif intérêt pour notre championnat. Duqueine Engineering, Yvan Muller Racing, EuroInternational, N-Race, Graff Racing, Wintec, DKR, Extreme Limite, PBR… on ne peut pas tous les citer mais bien sûr, mais la possibilité de monter un programme accessible à moindre coût, avec deux courses par week-end, dans un cadre sportif rigoureux respectant le règlement ACO LM P3 a forcément suscité l’intérêt immédiat des teams depuis que nous avons publié les grandes lignes de notre règlement la semaine dernière. Sans compter qu’il y a un titre de « champion » à la clé, ce qui est forcément un plus pour le pilote et l’équipe qui l’emporteront. »

– La cohabitation ne s’annonce-t-elle pas compliquée ?
Olivier Loisy : « Tout changement entraîne forcément des adaptations et aucun championnat n’échappe à cette règle. Il y aura forcément un temps d’adaptation pour chacun mais nous ne sommes pas inquiets. La cohabitation s’annoncerait compliquée si, justement, nous avions inscrit l’arrivée des LM P3 dans une logique de concurrence aux GT, en recherchant une équivalence de performance. Mais avec des voitures aussi différentes, c’était non seulement de l’utopie mais, pire encore, cela aurait totalement incompréhensible par le quidam. Je le répète, chacun aura sa place et son classement propre. »

– Peut-on quantifier précisément le différentiel de performance entre les GT3 et les LM P3 ?
Olivier Loisy : « Il est judicieux de ne pas retenir la différence entre ces deux types de voiture sous le seul prisme de la performance. Bien sûr, à un instant T, dans des conditions climatiques égales, il n’est pas surprenant de voir la LM P3 un peu plus rapide aux mains d’un pilote professionnel. On ne peut pas en dire autant chez les pilotes moins chevronnés en revanche. Compte tenu de l’absence d’assistance au pilotage et des importantes charges aérodynamiques, les gentlemen, notamment, vont devoir repenser leur manière de piloter, de freiner, d’aborder les courbes… ce qui va bien sûr prendre un peu de temps. Même si les LM P3 semblent très ‘faciles’ à prendre en main, il sera logiquement plus délicat de faire un bon chrono et de le répéter avec une LM P3 qu’avec une GT. Si on ajoute à cela le fait que les LM P3 seront plus physiques à piloter, on peut s’attendre à des surprises au cours du week-end ! »

– Justement, comment s’articuleront les week-ends de course ?
Olivier Loisy : « Plutôt que de jouer à fond la carte du format sprint, nous avons pris le parti d’innover en proposant à nos teams des courses longues et des sprints sur un même week-end ! Nous allons donc conserver le format de course de 90’ que les teams ont beaucoup apprécié cette année pour la course du dimanche. Pour le samedi, nous irons sur des courses plus longues dont la durée pourra aller jusqu’à 2h45, un format de course très intéressant pour ceux qui ont suivi l’American Le Mans Series, notamment à l’époque du duel entre les Audi officielles et les Porsche du Team Penske ! »

– Les pilotes vont donc rouler plus par week-end ?
Olivier Loisy : « Oui, c’est une évolution importante là-aussi du Championnat. Les gens aiment forcément rouler beaucoup au cours d’un week-end mais on sait aussi que le roulage à un coût ! Aussi, dans la mesure où nous souhaitions vraiment conserver la notion d’une course le samedi
et une autre le dimanche pour que chaque week-end, les pilotes aient deux possibilités de faire un résultat, nous avons donc choisi de faire une course longue le samedi. Le temps de roulage en course pour chaque équipage sera donc compris entre 3h30 et 4h15 par week-end. »

– Sans compter que les gentlemen qui voudraient rouler encore plus pourront le faire, en formant un équipage à deux pilotes…
Olivier Loisy : « C’est exact. Cette année, pour ceux qui souhaitent rouler à deux, ce sera possible pour les gentlemen mais aussi pour les équipages Bronze/Gold, ce qui permettra au pilote Bronze de doubler son temps de roulage. »

– Quelles sont les principales autres nouveautés dans le règlement ?
Olivier Loisy : « Ce format des courses et l’autorisation de nouveaux types d’équipages (Gold/Silver/Bronze et Gold/Bronze) sont les deux principales nouveautés du championnat. L’autre grande nouveauté est l’arrivée de la Renault RS 01 dans le Championnat de France GT. La FFSA et Renault ont étroitement collaboré pour positionner équitablement le niveau de performance cette voiture à celui des GT. J’en profite pour saluer le gros travail fourni par l’équipe du Pole Sport de la FFSA pour l’important travail mené en peu de temps sur l’évolution de notre règlement sportif. Enfin, nous allons mettre en jeu des primes dans le Championnat de France GT et le Championnat de France Prototypes ainsi que pour les Juniors. Renault a prévu des dotations dans le cadre d’un classement spécifique pour les clients RS01 et Ligier aura une démarche similaire pour sa clientèle LM P3. »

– Le calendrier du GT Tour s’étendra finalement sur six épreuves, soit une de moins qu’en 2015. C’est un choix de conjoncture ?
Olivier Loisy : « Définitivement ! Nous avions envisagé de faire étape à Marrakech. Or, essentiellement pour faciliter la vie de nos teams, il était plus raisonnable de nous limiter à six épreuves. Sans compter que pour beaucoup de teams qui ont un second programme, courir le week-end juste après Marrakech posait un certain nombre de contraintes. Le Championnat de France se revendique comme le plus accessible budgétairement parlant, que ce soit en GT ou en Prototypes, il était donc prioritaire de ne pas nous éloigner de cette priorité de la même manière que le GT Tour veut garder sa proximité avec le public et permettre à des partenaires de pouvoir développer des opérations dans de bonnes conditions. »

Anthony Megevand,

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