Dakar Guillaume de Mevius et Xavier Panseri : « C’est osé de prétendre chatouiller les vieux »

Dans le clan De Mevius, la course auto est une histoire de famille. Son père, Grégoire, et son frère, Ghislain, sont eux aussi pilotes. Grégoire De Mevius affiche pas moins de huit participations au Dakar. Le jeune Belge a fait ses armes en rallye en Belgique avant d’obtenir un volant chez Citroën Racing en WRC2 pour la saison 2019. Overdrive ayant été fondé par Jean-Marc Fortin et son père, c’est tout naturellement qu’il s’est lancé dans l’aventure des rallye-raids. Sur les traces de son père, Guillaume a disputé son premier Dakar en 2022 sous les couleurs de l’équipe Red Bull Off-Road Junior qui était alors équipée des OT3, les protos légers développés par Overdrive Racing. Une première participation soldée par un abandon dans l’étape 5, mais après une

victoire d’étape le deuxième jour. Dans la foulée, le Namurois a pris les commandes du projet OT3, rebaptisé G Rally Team OT3, avec un G comme initiale, celle de tous les garçons de la famille De Mevius. Avec la double casquette de manager et de pilote, Guillaume a disputé avec François Cazalet son deuxième Dakar en catégorie T3, parrainé par Nasser Al Attiyah en personne. Leader de la catégorie durant deux jours avant la mi-course, Guillaume a rétrogradé à la 3e place à l’arrivée. Forcément déçu de ne pas avoir conservé le premier rang, mais satisfait d’être venu à bout pour la première fois du Dakar. Fin 2023, après deux saisons en T3, il a fait son entrée dans la cour des grands. Sur le Rallye du Maroc, il a disputé avec François sa première épreuve de W2RC au volant d’un Toyota Hilux T1+ de l’écurie Overdrive.

Entre le Top 5 et le Top 10 sur quatre des cinq journées que comptait la finale de la saison, celui qui sera trentenaire en 2024 a prouvé qu’il faudra compter sur lui pour sa première participation au Dakar en Ultimate. Ce n’est plus François, passé chez TGR aux côtés de Saood Variawa, mais un autre Français d’expérience, Xavier Panseri, qui sera en charge de la navigation. À 52 ans, le copilote du Haut-Doubs s’engage sur son 10e Dakar. Ces dernières années, Xavier s’est fait une spécialité d’escorter des nouveaux arrivants dans la discipline. Après deux années en T3 aux côtés de Fernando Alvarez chez South Racing, le Français fait donc son retour dans une auto sur le Dakar, son 8ème dans la catégorie reine, marqué par quatre Top 10. Résident à Varsovie depuis quinze ans suite à la conquête de trois titre de champion national en rallye traditionnel, Xavier fut le premier concurrent à enchaîner Dakar et Monte Carlo en 2015 lorsque les dates traditionnelles de la course du sud de la France furent reportées d’une semaine pour permettre à la presse de suivre les deux évènements. Depuis, il n’a jamais manqué un Dakar.

« Je n’avais pas du tout programmé de partir sur mon troisième Dakar en auto » avoue Guillaume de Mevius.« Disons que parfois le hasard fait bien les choses. Mon objectif était de passer en T1 en 2025 après une saison complète de W2RC 2024 en T3. Mais une opportunité s’est présentée lorsque Nasser Al Attiyah a annoncé à l’issue de la Baja Aragon qu’il allait quitter Toyota. C’est à ce moment-là que l’idée de venir challenger le T1+ plus tôt que prévu est née. Derrière l’engagement sur le Rallye du Maroc dans un Hilux, l’objectif était de décrocher un volant officiel. Nous n’étions pas les seuls à avoir cela en tête et nous n’avons pas réussi malgré des discussions bien avancées. Mais ce n’est que partie remise, on est maintenant là pour cela. Le Hilux est un produit hyper accessible pour des gentlemen drivers. Avec mon background en rallye traditionnel, j’ai déjà piloté des voitures puissantes et je n’ai rencontré aucune appréhension en essayant celle-ci. Sur le Rallye du Maroc, nous avons réalisé des chronos devant des pilotes comme Peterhansel ou Sainz, j’en suis très content et j’espère que c’est de bonne augure pour la suite. Mon objectif est de rentrer dans le Top 10 sur ce Dakar et de viser le Top 5. Après qui sait, quand on voit Moraes l’an dernier… Je ne peux pas prétendre à gagner des étapes ni à la victoire finale, il faut du temps pour cela. Le seul petit bémol, c’est que nous n’avons encore jamais roulé ensemble en course avec Xavier. Mais je ne suis pas inquiet pour cela. C’est une année spéciale qui se profile, c’est là où l’on peut se faire remarquer. Seth Quintero et moi sommes les deux premiers jeunes à franchir le step du T3 vers le T1. C’est risqué et c’est osé de prétendre aller chatouiller les vieux, et à juste titre car ils sont encore bons ! Mais j’espère avoir les capacités pour aller les titiller. Le but est de participer à la saison de W2RC, mais budgétairement ce n’est pas encore bouclé. Il y a de grandes chances que l’on soit sur l’ADDC qui se déroule dans la continuité du Dakar. »

« J’étais sur le point de ne pas partir au Dakar. Fernando Alvarez, mon pilote depuis deux saisons, m’a prévenu assez tard qu’il ne pourrait pas y participer en raison des difficultés à sortir des dollars d’Argentine depuis les élections présidentielles » explique Xavier Panseri. « Je m’étais fait à l’idée de ne pas le faire plutôt que de partir sans réel challenge. Guillaume aussi a eu confirmation assez tard de son engagement. Son copilote François Cazalet avait déjà préféré la proposition de Toyota Gazoo Racing qui lui offrait un programme plus long, sur la totalité du W2RC. Guillaume était donc sans copilote et nous avions déjà des atomes crochus puisque c’est dans sa structure G Rally que nous avons couru la coupe du monde des bajas avec Fernando Alvarez. Il savait que j’étais à la recherche d’un challenge et je pense que l’on va faire une bonne équipe. On s’entend très bien, il est talentueux, il l’a prouvé l’an dernier sur le Dakar en dominant longtemps sa catégorie, et on va essayer de concilier sa vitesse et mon expérience. Je me suis rapproché deux fois du Top 5 avec Al Quassimi, je pense avoir les outils pour apporter à Guillaume ma connaissance du Dakar. »

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