Dakar Mathieu Serradori : « Les 2 roues motrices sont l’héritage de Schlesser, ça fait quelque chose »

Mathieu Serradori et Loïc Minaudier ont en commun la passion de l’enduro qui les a emmenés tous les deux sur le Dakar à partir de 2016. Le premier a fait trois Dakar à moto avec une 21ème place finale comme meilleur résultat, le second cinq avec un soupçon moins de réussite à l’arrivée (23ème) malgré un niveau à moto qui le plaçait parmi les meilleurs enduristes de France.

Mathieu a ensuite accédé à une autre dimension en passant à quatre roues, avec le buggy CR6 du Sud-Africain Century Racing. À sa deuxième tentative en auto, il a même crevé l’écran, à la fois sur la distance, en allant chercher la 8ème position du classement général final, et sur la performance pure. Le jour de la 8ème étape, il est parvenu à dominer les Sainz, Peterhansel et Al Attiyah sur une spéciale où sa finesse en navigation lui a ouvert la voie du succès. Le chef d’entreprise varois dans le secteur de l’électricité devenait alors le premier réel pilote amateur à remporter une étape du Dakar depuis Guy Deladrière en 1988.

La confirmation attendue en 2021 a été contrariée par des péripéties typiques du Dakar. Dans la foulée, le recrutement de son copilote habituel Fabian Lurquin par Sébastien Loeb a bouleversé ses plans et scellé l’alliance avec Loïc Minaudier, copilote en quatre roues alors depuis deux saisons. Une complicité s’est rapidement nouée sur le rallye du Kazakhstan où le duo s’est imposé, puis les Français se sont hissés à la 7ème place finale du Dakar 2022. C’est dans la même zone que leur buggy évoluait en janvier dernier avant de perdre plus de trois heures et s’échouer au 12ème rang de la hiérarchie sur une casse moteur dans la dernière étape.

Un objectif similaire reste à l’ordre du jour sur l’édition 2024, qui doit également marquer un tournant dans la carrière de Serradori. Le développement de son partenariat avec les Sud-Africains de Century autorise l’artisan-préparateur à voir beaucoup plus grand. Mathieu pilotera donc pour la dernière fois le CR6 avant de se construire un futur encore plus ambitieux avec le CR7, un 4×4 qui adopte les normes T1+ et pourrait idéalement rivaliser pour la gagne sur le Dakar à moyen terme. Après des adieux qu’il espère en fanfare aux buggys 2 roues motrices qui ont été sa signature pendant des années, Mathieu se lancera à temps plein dans l’aventure du W2RC. Tout un programme.

« Sur le dernier Dakar nous avons vécu une très belle deuxième semaine jusqu’à la casse moteur qui nous a fait perdre beaucoup de temps dans la dernière étape » se souvient Mathieu. « Mais maintenant, si nous voulons rouler devant et suivre le rythme des meilleurs, il faut un T1+. C’est pourquoi Century a conçu le CR7, qui va faire son apparition dans les mains de Brian Baragwanath sur le Dakar. J’ai préféré de mon côté continuer une dernière fois avec le CR6, en visant le Top 5 mais c’est de plus en plus dur. J’ai testé le CR7, et c’est un choix stratégique plus qu’un choix de cœur. Les deux roues motrices c’était l’héritage de Jean-Louis Schlesser, donc ça fait quelque chose. La collaboration SRT-Century nous fait grandir, on s’est professionnalisés et on est allé chercher des compétences. Dans la démarche, on essaye de s’inspirer humblement de ce qu’a fait Jean-Marc Fortin avec Overdrive, c’est le modèle à suivre.
« Pour ce Dakar, nous avons organisé une super préparation avec Loïc. Il s’est fracturé le péroné en cours d’année et a suivi tous ses soins de réathlétisation dans ma région, donc il passé deux mois chez moi, ce qui nous a permis de beaucoup travailler ensemble, y compris sur de la préparation mentale très spécifique. Je ne pense pas que beaucoup d’équipages ont partagé autant de choses tout au long de l’année, hormis Nasser Al Attiyah et Matthieu Baumel. Par exemple, nous sommes allés courir le Morocco Desert Challenge, que nous avons remporté en passant 2500 kilomètres à rouler devant puisque nous avons gagné sept spéciales. Ce fut une très bonne expérience. »

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