Dakar : Sanders et Al Attiyah-Baumel, le sable au corps

L’ŒIL DANS L’OBJECTIF
C’est par un format d’étape inédit que les 409 véhicules ont entamé le Dakar. Partis de Jeddah le long de la Mer Rouge pour un transfert de 225 kilomètres plein Nord, c’est aux portes de la région de Médine que le départ de la spéciale de qualification a été donné. Un sprint inaugural de 19 kilomètres qui annonce déjà la couleur : des pistes sablonneuses et des dunes pour un chrono 100% sable, au cours duquel les concurrents ont gravi et dévalé des dunes, parfois cassées, le point culminant de cette étape se situant à près de quatre-cent mètres d’altitude. Un vrai parcours de santé qui réclamait d’être déjà bien en jambes, à l’image du jeune motard Daniel Sanders ou de l’inoxydable Nasser Al Attiyah, gonflé à bloc par une saison 2021 jalonnée de victoires. 614 kilomètres de liaison en direction du Nord-Est attendaient ensuite la caravane pour rallier Ha’il où le podium du grand départ les attendait pour l’étape en boucle 1B de demain.

L’ESSENTIEL
Dans Sanders, il y a ‘sand’ ! Sensation du Dakar 2021, le pilote australien confirme ses dispositions sur cette courte étape sablonneuse (voir Stat du jour), où son poursuivant Pablo Quintanilla a lui aussi montré qu’il savait changer de chemise avantageusement après être passé chez Honda. Ce n’est pas une surprise si Nasser Al Attiyah se montre à son aise dans le sable: sa 42ème victoire d’étape est également la 6ème en ouverture du Dakar. Il devance de 12 » Carlos Sainz, qui n’a pas attendu pour forcer l’allure avec sa toute nouvelle Audi. Deux pilotes sud-

africains, Brian Baragwanath avec un buggy CR6 et le coéquipier d’Al Attiyah chez Toyota Henk Lategan, suivent de près le duo des triple vainqueurs, tandis que Sébastien Loeb ferme le Top 5 au volant du Hunter de BRX. Les ‘Proto-légers’ ont vu une démonstration inattendue des OT3-Red Bull (voir Perf du jour), menés par Seth Quintero, tandis que les SSV ont été dominés par la famille Goczal, le grand frère Marek en tête pour sa première victoire d’étape, juste devant Michal. Les Kamaz ont quant à eux accompli un sans-faute absolu en plaçant leurs quatre camions en haut du classement, avec une 22ème étape dans la besace personnelle du revenant, Eduard Nikolaev.

LA PERF DU JOUR
On a bu la soupe à la grimace pour le réveillon de la Saint-Sylvestre chez les OT3-Red Bull, après avoir encaissé en moins de 48h l’annonce des tests Covid positifs de Mitch Guthrie d’une part, et du copilote de Guillaume de Mevius, Tom Colsoul, d’autre part. Pourtant, les trois véhicules de l’équipe se sont classés dans les 4 premières places des T3. Le toujours jeune Seth Quintero (19 ans) en tête, pour une septième spéciale glanée à sa deuxième participation au Dakar. Surtout, deux remplaçants de dernière minute ont été appelés à la rescousse pour occuper les baquets vacants. Le Norvégien Andreas Mikkelsen prend ainsi le départ de son premier rallye raid alors qu’il profitait d’une escapade au ski, mais signe tout de même le 2ème temps de la spéciale. De Mevius a quant à lui fait la connaissance de son navigateur de substitution en prenant le chemin de la spéciale : Kellon Walch, copilote historique de Robby Gordon et l’année dernière d’Austin Jones, venait de débarquer de l’avion à 5h30 du matin en provenance de Los Angeles via une escale à Paris. Les deux nouveaux complices ont pris place en 4ème position du classement !

LE COUP DUR DU JOUR
La 25ème place du jour de ‘Nacho’ Cornejo, loin de la barrière du top 15 autorisant à choisir son ordre de départ de demain, pourrait laisser croire à une contre-performance. Ses trois coéquipiers de chez Honda sont tous rentrés dans les clous du petit jeu de la spéciale de qualification. Mais seul Pablo Quintanilla, 2ème, a réalisé une bonne opération. En effet, Barreda et Brabec, respectivement 10ème et 12ème, se contenteront des miettes au moment de choisir leur position de départ pour l’étape 1B. Nacho lui, a préféré jouer à qui perd gagne ! En rendant la main volontairement, il a certes perdu du temps (8’45 au total), mais il s’est assuré une place d’observateur. Celui qui se battait l’an dernier pour la victoire jusqu’à l’avant-veille de l’arrivée ne dissimulait pas son jeu une fois arrivé au bivouac de Ha’il : « Aujourd’hui, il était possible de gagner beaucoup, mais il y avait tout autant à perdre à se retrouver au-delà du milieu du pack de 15. J’ai donc décidé de jouer la sécurité. Je perds un peu de temps aujourd’hui, mais je pourrai le rattraper dans les prochains jours. » Alors, un vrai coup dur ?

LA STAT : 13
Au terme de la première étape, Daniel Sanders, au pied du podium final l’an dernier avec le statut de meilleur rookie, a remporté sa première victoire d’étape au Dakar. Mais la série des ‘premières fois’ ne s’arrête pas là puisque l’Australien a offert à GasGas son premier succès dans le plus prestigieux des rallyes-raids. C’est aussi le premier succès de la 450, dernier fleuron de l’usine de Mattighofen dévoilé au Maroc l’an dernier. Au passage, GasGas est devenu le 13ème constructeur différent à triompher dans la catégorie moto au Dakar. Avant le constructeur espagnol, il fallait remonter à Sherco et Aprilia en 2010 pour retrouver la première victoire d’un constructeur.

W2RC : AL ATTIYAH VS LOEB
Le tout récent président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem, a fait le déplacement à Ha’Il pour assister à l’arrivée de la toute première étape de l’histoire du championnat du monde de rallye-raid FIA. Et l’ancien pilote Emirati ne pouvait certainement pas espérer mieux que de voir son éventuel successeur prendre la tête dans cette première journée historique pour la compétition. Non pas que Nasser Al Attiyah ambitionne de s’installer dans le bureau qui donne sur la Place de la Concorde à Paris ! Mais le pilote Toyota a remporté à 11 reprises, de 2003 à 2021, le championnat de rallye du Moyen-Orient… dont le palmarès a été quasiment monopolisé par Ben Sulayem entre 1986 et 2002, avec 14 titres remportés. Le match est lancé, mais Al Attiyah est davantage concentré sur la bataille qui débute avec Sébastien Loeb, le premier de ses poursuivants d’aujourd’hui inscrit au W2RC.

SUR UN AIR DE CLASSIC
Yannick et Valérie Panagiotis vivent le rêve américain en Arabie Saoudite ! Pour leur première venue sur le Dakar, ces amoureux et pratiquants de rallye historique sont tout simplement en tête de la catégorie au premier soir au volant d’un Protruck. A la ville, ils sont mariés et à la tête d’un garage de restauration à Gordes, l’un des plus beaux villages de France. Rien ne les prédisposait à figurer en si bonne position. La copilote paniquait presque à l’idée de devoir assurer la navigation de son époux : « envoyer des notes dans une spéciale de rallye, je sais le faire, mais naviguer au cap et gérer les indications de la régularité est tout nouveau. » Si l’avenir dira s’il s’agit ou pas de la chance des débutants, il en est un qui ne pouvait pas se cacher derrière ce statut et qui était même attendu au tournant. Marc Douton, tenant du titre, est revenu cette année au volant d’une Porsche 911 d’un autre calibre que le buggy Sunhill qu’il pilotait l’an passé : « On ne vient pas pour défendre le titre mais pour le remettre en jeu. Il y a trop de nouveaux venus et de voitures affûtées pour pouvoir faire le moindre pronostic. » Fausse modestie ou pas, le vainqueur 2021 se place d’entrée de jeu à la sixième place du provisoire avec un nouveau coéquipier. Jérémy Athimon, le jeune préparateur spécialiste Porsche, qui s’est inspiré d’une version historique Martini East Safari 1978 pour réaliser sa vision pailletée très ‘seventies’. Une peinture de lendemain de cotillon plutôt à la fête ce soir à Ha’il.

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