L’œil dans l’objectif
Bienvenue sur une autre planète. Les évolutions géologiques prennent des centaines de millénaires pour faire sortir de terre des sculptures gigantesques aux formes parfois familières, parfois délirantes : là un champignon, ici un mammouth, ou encore une tulipe, une pyramide, une colonne grecque… Dans cette visite surréaliste, les pilotes avaient surtout pour mission de s’orienter et les slaloms entre les rochers géants n’ont pas été du goût de tout le monde, à commencer par Sam Sunderland qui a failli y laisser sa place sur le podium. Il ne la doit qu’aux déboires de Nacho Cornejo, dont les espoirs de victoire ont été enterrés au moment même où le rallye s’approchait (à une centaine de kilomètres tout de même) des monuments funéraires nabatéens, eux aussi millénaires, qui font la réputation de la région d’Al Ula.
L’essentiel
La partie de chamboule-tout n’était absolument pas attendue. Après tout, les quatre pilotes Honda postés tout autour de Sam Sunderland dans le Top 5 du classement général n’avaient pas besoin d’imprimer un train d’enfer pour contrôler cette situation confortable. Ils n’ont d’ailleurs pas nécessairement pris de risques inconsidérés sur la spéciale du jour… mais Nacho Cornejo a tout de même chuté au km 252 (voir coup dur). Puis abandonné 90 kilomètres plus loin, à l’arrivée de la spéciale où Ricky Brabec signait le meilleur temps du jour en même temps qu’il se hissait au 2ème rang du classement général (voir perf). Le titre est maintenant promis à une bataille entre le tenant et son coéquipier Kevin Benavides, nouveau leader avec 1’04 d’avance.
En autos, le nouvel épisode du duel entre Stéphane Peterhansel et Al Attityah n’a pas connu de bouleversement, les 49 » cédées par le leader dans son buggy Mini n’ayant pas encore d’impact à la veille d’une explication plus sérieuse attendue demain. Yazeed Al Rajhi a de son côté saisi l’opportunité de remporter une nouvelle étape à défaut de pouvoir se mêler au match suprême.
Les quads ont été dominés sur la spéciale du jour par Pablo Copetti, qui reste au pied du podium du général (4ème), mais à bonne distance du leader Manuel Andujar.
De même, la victoire en véhicules légers de Sergei Kariakin ne perturbe en rien les plans de ‘Chaleco’ Lopez, qui doit en revanche se soucier de la menace d’Austin Jones, lui aussi dans un Can-Am et pointé à 10’13. Martin Macik avait remporté sa première étape hier et confirme en s’imposant à nouveau devant les Kamaz, qui restent toutefois les maîtres du jeu au général.
La perf’ du jour
Ricky Brabec n’est pas le tenant du titre pour rien ! Relégué à près de 20 minutes au général à la journée de pause, l’Américain n’a pas tardé à réagir en entamant une remontée fulgurante. Vainqueur de la première partie de l’étape marathon, il n’a depuis plus quitté le podium. Tandis que ses principaux adversaires sont partis à la faute à l’image de Xavier De Soultrait, de Toby Price ou encore Nacho Cornejo, le pilote Honda a repris du temps. En s’imposant au terme de la dixième spéciale, Brabec a également profité de la contre-performance de Kevin Benavides pour se rapprocher à moins d’une minute de son coéquipier au général. Demain, Brabec devra ouvrir la route de l’étape la plus longue de l’année, mais aujourd’hui, il a aussi dû le faire après avoir passé Benavides sur son parcours et cela ne l’a pas empêché de gagner…
Le coup dur
Les supporters chiliens de Nacho Cornejo devaient déjà s’apprêter à fêter leur héros, lancé pour remporter le Dakar à seulement 26 ans, avec 11′ d’avance et une maîtrise de son sujet qui ne semblait pas l’obliger à s’exposer. Après sa chute, on a même dû être rassuré du côté d’Iquique en voyant que l’enfant du pays remontait sur sa moto. Les désillusions se sont pourtant bien enchaînées à l’arrivée de la spéciale. D’abord le ralentissement consécutif à la chute, qui lui faisait perdre sa position de leader et annonçait une bataille risquée et féroce pour les deux derniers jours. Surtout, la nouvelle de son abandon, le pilote Honda ayant subi une commotion cérébrale nécessitant une surveillance fine et des examens poussés. Il ne pensait pas terminer son 5ème Dakar en hélicoptère.
La stat’ du jour : 7
Même si Sergei Kariakin a terminé avec le statut de dauphin de Casey Currie l’an passé, il fallait remonter à 2019 pour retrouver la dernière victoire d’étape du Russe au Dakar. En s’imposant aujourd’hui, l’ancien vainqueur en quad est au passage devenu le septième vainqueur différent de l’année chez les véhicules légers. L’édition 2021 a jusqu’ici offert de nombreux records avec notamment la première femme victorieuse depuis 2005 grâce à Cristina Gutierrez ou encore le plus jeune vainqueur d’étape au Dakar avec Seth Quintero à l’âge de 18 ans. On peut aussi mentionner Kris Meeke qui, à l’instar du duo du team Red Bull Off-road, fait ses armes au volant d’un véhicule léger. Deux rookies et une nouvelle venue dans la catégorie sur la liste des vainqueurs d’étapes, le match pour les scratchs est décidément très ouvert. Et deux étapes sont encore au programme !
Sur un air de Classic
Juan Donatiu et Pere Serrat Puig ont pris place dans un Mitsubishi Montero qui s’était engagé sur le Dakar 2005, occupé par Julia et Beatriz Garcia qui formaient alors le seul équipage féminin de l’année, qui s’était totalement égaré en Mauritanie. Cette année, le duo espagnol n’est pas loin du sans faute et pointe même au 2ème rang du classement général de la course de régularité du Dakar Classic.
La réaction du jour
Ricky Brabec : « Tout le monde veut gagner, c’est ce qu’il y a de meilleur »
Le tenant du titre s’est hissé à la deuxième place du classement général en remportant sa troisième spéciale (prologue compris), pendant que Nacho Cornejo encaissait une chute.
« Je suis sûr que Nacho a beaucoup de pression. Mener le Dakar, ce n’est pas facile. Il ne s’agit pas de pression venant de l’équipe, mais à titre personnel. C’est un jeune garçon, il a super bien roulé toute la semaine, il a surpris tout le monde, c’est le meilleur navigateur du rallye. On sait dans l’équipe que tout le monde veut gagner, c’est ce qu’il y a de meilleur. Il n’y aura pas de consigne d’équipe. »