Ruben Faria : « Nous avons tout fait pour arriver au top dans ce Dakar »

Il y a à peine trois ans, le Portugais Ruben Faria, 45 ans depuis le 30 juillet, participait encore au Dakar. Deuxième de la course la plus difficile du monde en 2013, le nouveau manager général du Team Monster Energy Honda connaît le monde du rallye tout-terrain sur le bout de son guidon et notamment le Dakar, course spéciale s’il en est.

À quelques jours du départ du Dakar 2020, qui s’élance demain de Djeddah, après les vérifications techniques et administratives, Ruben Faria a répondu aux questions sans se défiler et avec le ton d’un manager de qualité.

– Qu’attendez-vous du team Honda sur ce Dakar ?
Ruben Faria : « Nous avons tous travaillé d’arrache-pied pour que les cinq pilotes du team Monster Energy Honda soient à leur meilleur niveau pour ce Dakar. Nous avons effectué plusieurs séances d’essais et tous les membres de l’équipe ont également travaillé très dur au Japon. Personne n’a effectué de break cette année, y compris les pilotes. Il semble que cette année soit la meilleure pour nous en termes de préparation physique et d’absence de blessures. Kevin s’est lui aussi remis de sa blessure au Maroc et tout le monde s’est bien préparé pour ce Dakar. La moto est également au niveau que requièrent les pièges de l’Arabie Saoudite. C’est un Dakar totalement nouveau dont nous ne savons pratiquement rien et chaque jour apportera son lot de découvertes. »

– Le Dakar 2020 change totalement d’environnement et tous les pilotes et les teams arrivent sur un pied d’égalité. Comment se préparer à une épreuve où tout est pratiquement inconnu ?
Ruben Faria : « Oui, c’est une réalité. Le team se prépare pour une course enveloppée d’un mystère quasi-total et nous ne disposions pratiquement d’aucune information jusqu’à ce qu’ASO communique certaines données sur la course. Les dernières semaines ont été assez intenses en termes de préparation. ASO a profité du fait que la course arrivait dans un nouveau pays, un nouveau continent, pour concocter un rallye où tout le monde disposera des mêmes informations au départ. »

– Le Dakar de cette année comporte plusieurs nouveautés, comme le super marathon ou les road-books en couleur, qui seront distribués, lors de quatre étapes au moins, le matin même, avant le départ de la spéciale. Quelles pourraient en être les conséquences pour les pilotes du team Monster Energy Honda ?
Ruben Faria : « Je pense que toutes les équipes seront touchées de la même manière. Il y a beaucoup de nouveautés et c’est bien qu’il y ait des améliorations dans les rallyes-raids. Nous verrons comment les choses vont évoluer et comment nous pourrons résoudre les problèmes que nous allons rencontrer, mais nous essaierons de nous adapter au nouveau dispositif de course. Sur un nombre de jours aussi élevé, il faut un peu de chance, mais nous allons essayer de nous en passer ! »

– Quelles sont les qualités de chacun des pilotes du team Monster Energy Honda ? Que pensez-vous du plus expérimenté d’entre eux ?
Ruben Faria : « Joan Barreda est un très bon pilote. Il a montré tout au long de sa carrière qu’il était très rapide et il continue à l’être. C’est le pilote en activité qui compte le plus grand nombre de victoires de spéciales et c’est pourquoi il est avec nous. Il aborde son septième Dakar avec le team. Il n’a pas encore gagné, mais il est toujours en course pour la victoire. Il est très calme et je pense que nous gérons bien la saison, en le préservant de la pression. Je pense qu’il est en forme après la saison qu’il a faite. Si Joan arrive au bout, il sera certainement sur le podium. »

– Un autre pilote est passé tout près de la victoire, en terminant deuxième en 2018 et cinquième en 2019 après quelques incidents qui ont affecté sa performance finale. Où en est Kevin Benavides ?
Ruben Faria : « Kevin a été notre meilleur pilote lors des deux dernières éditions. L’an dernier, il a réussi à atteindre l’arrivée et à terminer cinquième malgré quelques problèmes. Il arrive à un bon moment. Il a désormais récupéré de son accident au Maroc. Kevin est un pilote en qui j’ai toute confiance et sauf imprévu, je suis sûr qu’il se battra aussi pour le podium. Il est très détendu et il se sent bien. Il est maintenant plus mature et je pense qu’il est prêt pour un grand Dakar 2020. »

– L’année dernière, Ricky Brabec a fait un grand Dakar. Sans faire de bruit, il est passé du statut de simple pilote à celui de candidat à la victoire…
Ruben Faria : « Il ne faut pas oublier Ricky ! Sur le dernier Dakar, il était en tête de la course avec sept minutes d’avance lorsqu’il a été victime d’un problème. L’année dernière, il a fait un énorme bond en avant et s’est révélé être un pilote capable de gagner le Dakar. Cela s’est confirmé en 2019 et nous pensons qu’il sera dans les mêmes conditions sur ce Dakar, dans un pays qui pourrait bien lui convenir. N’oubliez pas qu’après le dernier Dakar, Matthias Walkner est venu me féliciter à son sujet en me disant qu’il était très difficile de le suivre ! »

– Il y a deux jeunes pilotes dans le team, dont Nacho Cornejo, qui a terminé dans le top 10 lors des deux derniers Dakar. Peut-être pourra-t-il se mettre en évidence lors de la deuxième semaine, où il y aura beaucoup de dunes…
Ruben Faria : « Nacho est un pilote que j’aime beaucoup personnellement. C’est un garçon formidable et il est notamment très fort dans la navigation hors piste, surtout dans le sable. Il peut avoir quelques difficultés dans les zones pierreuses, à cause de son poids : il est très léger, donc la moto bouge plus, et il lui arrive de perdre confiance. Il a cependant un autre atout : plus les courses sont longues et mieux il finit. Si Nacho termine dans les cinq premiers, il sera très satisfait. »

– Le team Monster Energy Honda 2020 comptera un nouveau pilote, qui remplacera Paulo Gonçalves : Aaron Maré. Parlez-nous de ce pilote sud-africain ?
Ruben Faria : « Avec Ricky, Joan, Kevin et Nacho, nous étions très bons. Paulo a quitté l’équipe cette année et nous avons estimé que nous devions conserver une ossature à cinq pilotes. C’est pourquoi nous avons incorporé Aaron Maré, un très jeune pilote, mais qui a soif d’apprendre. Il a un bon tempérament et va certainement apprendre rapidement et aider l’équipe à faire du bon travail. Ce sera son premier Dakar et sa quatrième course de désert, et il doit s’attaquer à la course sans faire d’erreur, ni tomber, tout en essayant d’apporter son soutien au team. »

– Il n’y a pas si longtemps, Ruben Faria pilotait encore une moto. Dans la position que vous occupez à la tête d’un team comme le Monster Energy Honda, est-ce un avantage de savoir ce dont les pilotes et les teams ont besoin ?
Ruben Faria : « Ça aide peut-être, mais comme toujours, quand on est de l’autre côté de la barrière, on voit les choses différemment. Oui, je sais ce dont ils ont besoin, mais je sais aussi qu’il n’est pas toujours facile de fournir tout ce qu’on vous demande. Nous essayons de faire de notre mieux et nous sommes tous logés à la même enseigne à ce titre. »

– Comment gère-t-on une équipe de plus de 30 personnes ?
Ruben Faria : « Ce n’est pas facile du tout. Il y a différentes nationalités et différentes cultures au sein du team et on doit gérer et satisfaire tous les besoins. L’important, c’est d’être là, depuis trois jours avant le départ du Dakar, en ayant tout préparé et beaucoup travaillé en amont, en donnant à chacun les outils pour qu’il aille au bout de sa mission. C’est le plus important. J’espère que nous pourrons boucler ce Dakar en étant satisfaits du travail accompli. »

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