Silk Way Rally SS9: Quand passe le marchand de sable

Nasser Al-Attiyah et Matthieu Baumel © Red Bull

Cet avant dernier secteur sélectif prenait son envol depuis le point d’arrivée de la veille. Un piste sablonneuse à la fois rapide et belle. De quoi admirer les dunes géantes du Désert de Gobi. Au fil des kilomètres, la piste se faisait plus technique avec des bosses, des dunettes et des oueds à suivre, à longer ou à franchir. En vue de l’arrivée la piste se faisait plus rapide.

 

SS.9 – ALASHAN – JIAYUGUAN – Kilométrage total: 501,20km – Secteur sélectif: 290,30km
Déroulé de la spéciale
Motos : Short, clap première !
Après Oriol Mena (Hero) c’est Andrew Short (Rockstar Energy Husqvarna), un autre pilote issu du motocross qui a profité de ce Silk Way Rally pour remporter sa première étape sur une manche du Championnat du Monde FIM. Rude pour les hommes et leurs machines, ce 9ème secteur sélectif correspondait certes au style de pilotage de l’ancienne star du SX (SuperCross), mais cela n’enlève rien au mérite du pilote américain qui découvrit cette discipline voici moins de deux ans. Derrière lui, Paulo Gonçalves (Hero Motorsport) signe un autre beau résultat qui doit lui faire regretter ses ennuis moteur sur la dernière étape en Mongolie. Tout aussi heureux aujourd’hui, Adrien Van Beveren (Yamaha Racing Team) s’empare de la 3ème place aujourd’hui. Mal à l’aise sur les pistes sinueuses et glissantes en Sibérie, et déforcé par l’absence d’une 6ème vitesse sur sa machine sur les pistes rapides de Mongolie (la boîte 6 devrait équiper la Yamaha dès septembre), le triple vainqueur de l’Enduropal du Touquet, s’est complètement retrouvé dans le sable du désert de Gobi.

Au classement général, à la veille de l’arrivée, Sam Sunderland (Red Bull KTM Factory) conforte sa place de leader. Nettement plus relax à l’arrivée aujourd’hui, qu’il ne l’était hier à la suite de sa chute, le pilote britannique, 4e du jour à 4:19, a puisé une bonne dose de confiance qui devrait l’aider à ponctuer victorieusement ce Silk Way Rally. Derrière lui, les places sur le podium se disputeront, en revanche, sur l’ultime spéciale menant au podium final. Avec un Andrew Short, actuel deuxième, n’ayant jamais ouvert la piste, mais surtout Van Beveren (3ème à 51 secondes), Kevin Benavides (Monster Energy Honda), 4ème à 3:17 et Luciano Benavides (Monster Energy Honda), 5ème à 12:27, la course aux médailles d’argent et de bronze promet d’être passionnante lors du sprint final vers Dunhang.

Andrew Short (Rockstar Energy Husqvarna) 1er : « Aujourd’hui cela ressemblait plus à du MX. Je me sentais sur la moto, et puisque j’avais une bonne position au départ, j’ai pu en profiter. C’est vraiment sympa de remporter ma première victoire FIM en rallye, mais cela m’a pris nettement plus de temps que je l’avais imaginé. Et j’ai encore pas mal de chemin à faire. Les autres gars qui roulent avec moi, font ceci depuis tellement longtemps. Il est clair que cette première participation des motos au SILK WAY RALLY a nivelé les niveaux. Mais on retrouve tout de même les meilleurs pilotes à l’avant… »

Autos : Al-Attiyah, la force tranquille
Sur la ligne d’arrivée de cette 8ème étape (9ème jour de rallye), Nasser Al-Attiyah (Toyota Gazoo Racing Overdrive) prend son temps. Le traits tirés, le pilote qatari a souffert. A l’évidence, cette 8ème étape au travers d’un océan de sable et de dunes a laissé des traces. Mais comme depuis le début de ce SILK WAY RALLY, le triple vainqueur du Dakar ne faiblit pas. Modèle d’efficacité, le duo qu’il forme avec Mathieu Baumel dans l’habitacle de la Toyota Hilux aux couleurs du Gazoo Racing, fléchit parfois, mais ne rompt jamais. Il suffisait de voir les visages défaits de Han Wei (Buggy Geely SMG) et d’Eric Van Loon (Toyota Hilux Overdrive) à la sortie de leurs voitures pour mesurer par quel enfer ils venaient de passer. Le pilote chinois profite de cette deuxième place, pour se hisser sur la deuxième marche du podium provisoire.

On attendait une bataille intense avec le Buggy Optimus de Jérôme Pélichet. Mais celle-ci n’eut jamais lieue. Concédant une demi-heure suite à un bris de cardan le Français échoue huitième à près de 40 minutes aujourd’hui, avec un moteur diminué par des problèmes électriques. Tout juste, peut-être, de quoi sauver in extremis une troisième place sur le podium. Toujours à la recherche d’une victoire d’étape, Mathieu Serradori (Buggy CR6 SRT) s’est, quant à lui, peut-être laissé emporter par sa fougue. Dans sa lutte avec Han Wei pour la deuxième place du jour, le pilote de Fréjus a heurté un rocher et arraché une roue à 50 kilomètres de l’arrivée…

Nasser Al-Attiyah (Qat/Toyota Gazoo Racing Overdrive) 1er: « Une étape très difficile aujourd’hui. J’ai participé à de nombreux Dakar, mais jamais je n’ai connu une étape aussi éprouvante. Il nous reste une étape à faire pour finir ce SILK WAY RALLY en beauté. »

Camions : Shibalov montre les dents !
Remporter le Silk Way Rally, reste un must que les pilotes officiels Kamaz-Master aiment afficher sur leur CV. En prenant la tête de l’épreuve hier suite au cumulet dans les dunes du MAZ de Viazovich, le jeune pilote Kamaz-Master a tenu à démontrer à chacun que sa première place n’était pas usurpée.

Parti en tête aujourd’hui, sur ce qui restera comme l’une étapes les plus difficiles de cette édition 2019, il a enclenché l’option sport de la nouvelle boîte automatique de son monstre bleu pour s’offrir une journée de surf sur les dunes du désert de Gobi. Reléguant ses équipiers Karginov (tenant du titre) et Mardeev (double vainqueur de l’épreuve) à respectivement 24:48 et 37:29 au général à la veille de l’arrivée, Shibalov a voulu tuer dans l’œuf, toute velléité de complot interne à son égard.

Anton Shibalov (Rus/Kamaz-Master) 1er : « Nous avons abordé cette spéciale sur un bon rythme. Je n’ai jamais eu l’impression de prendre de risque. Le but était vraiment de rouler prudemment et d’enchaîner les obstacles avec efficacité. Cela nous a réussi, puisque les premières voitures ne nous ont pas pris beaucoup de temps aujourd’hui… »

LE CHIFFRE DU JOUR : 21.196
En installant son bivouac à Jiayuguan pour son dernier bivouac avant l’arrivée, le SILK WAY RALLY flirte avec l’extrémité occidentale de la Grande Muraille de Chine, matérialisée par le ‘Fort de la vallée fertile’. La Grande Muraille a été mesurée à différentes reprises. En 2012 les autorités chinoises avançaient une longueur officielle de 21.196,18 mètres, soit 5 fois la traversée des Etats-Unis d’Est en Ouest ou 175.000 terrains de football alignés ! Le calcul mérite pourtant d’être relativisé, car il tient compte de toutes les murailles, parfois multiples, qui se jouxtent ou se superposent à certains endroits depuis des siècles et au gré des différentes dynasties. En réalité, on estime généralement que la ‘8ème Merveille du Monde’, mesure plus ou moins 5.000 kilomètres. D’où son surnom original de ‘longue muraille des 10.000 li’. L’unité de mesure du ‘li’ étant équivalent à 500 mètres…

ROAD BOOK
Demain: Etape 10 JIAYUGUAN – DUNHUANG: A la poursuite du Tigre blanc – Kilométrage total: 556,30km – Secteur sélectif: 255,00km
Cet ultime secteur sélectif de l’édition 2019 s’élance de l’extrêmité occidentale
de la Grande Muraille de Chine. Jeu de pistes au cœur de canyons et sur des plateaux, slalom sur des pistes techniques et dans des lits de rivières asséchées : la première partie de la journée s’annonce encore particulièrement rude. Ensuite, à mi-parcours, une vallée annoncera la fin des véritables hostilités. Les derniers kilomètres vers l’arrivée finale se feront en roue-libre, à haute vitesse sur terrain plat.

Philippe Janssens,

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