SKR SS7: Une étape particulière…

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Journée pas comme les autres, cette 7ème étape fut un peu particulière. Pas tout à fait une journée de repos, juste une liaison pour le passage de Mongolie en Chine. 

Départ dès 5h30 (GMT+8) pour 550,66 kilomètres à avaler au rythme tranquille de la circulation locale, entrecoupé par les formalités douanières aux postes frontières entre les deux pays. En début d’après-midi, la première moto a posé sa béquille à Bayin Boalige sur le premier bivouac chinois, planté en Mongolie intéreure.

 

En l’espace d’une semaine, depuis le départ d’Irkoutsk, les deux tiers de ce Silk Way Rally ont déjà été accomplis, laissant des souvenirs impérissables du Lac Baïkal et de la Sibérie orientale. L’entrée en Mongolie, au cœur du désert vert et des steppes éternelles, a véritablement lancé les hostilités sportives, offrant plusieurs rebondissements, notamment dans catégorie moto, lors d’une étape marathon palpitante. Avec 1.843,61 kilomètres (dont 821,34 km de secteur sélectif) restant à parcourir sur les trois dernières étapes en Chine, ce Silk Way Rally s’apprête à nous offrir un épilogue de rêve au cœur des grands ergs du désert de Gobi.

Luc Alphand (Conseiller sportif du Silk Way Rally) : « Tout peut encore basculer »
« En Chine le décor change totalement. Le terrain devient plus aride, plus africaines.. Il faudra faire attention aux pierres, plus tranchantes comme et aux traversées d’oueds, beaucoup plus nombreux. Si l’on rentre dans le sable lors de la fin de la première étape, la deuxième entre Alashan et Jiayuguan sera 100% sable avec les fameuses dunes géantes. Le style de pilotage change et la navigation devient parfois nettement plus compliquée. Où les écarts se comptaient en minutes sur la Sibérie et en Mongolie ils peuvent parfois se calculer en heures dans les dunes en cas d’ensablement. En autos, comme en motos, Nasser (Al-Attiyah) et Sam (Sunderland) sont parvenus à se forger un avantage qui leur permet d’aborder plus sereinement les difficultés les plus critiques. Mais attention, tout peut encore basculer. Même s’ils possèdent beaucoup d’expérience dans les dunes, ni l’un, ni l’autre ne connait le désert de Gobi. Quant à Viazovich, connaissant la détermination du team Kamaz-Master, il ne dormira pas tranquille jusqu’à l’arrivée finale à Dunhuang. »

Sam Sunderland : « Poursuivre à mon rythme »
Au départ de cette toute première édition du Silk Way Rally ouverte aux motos et comptant d’emblée comme un rendez-vous important du Championnat du Monde FIM, ils n’étaient pas moins de 12 pilotes professionnels, tous plus rapides et ambitieux les uns que les autres. Tous, choisis pour leurs qualités exceptionnelles.

La preuve par Oriol Mena (Hero Motorsport), l’un des pilotes les moins expérimentés en rallye, issu de la plus petite équipe en lice qui occupe aujourd’hui la deuxième place au classement général. Dans le club très fermé des pilotes de pointe, ils étaient trois à porter l’étiquette de favori. Joan Barreda et Kevin Benavides (Monster Energy Honda Team), mais aussi Sam Sunderland (Red Bull KTM Factory), actuel leader du Championnat du Monde. Lorsqu’il dominait la catégorie moto Cyril Despres, quintuple vainqueur moto du Dakar et double vainqueur de ce Silk Way Rally en auto, avait l’habitude de dire que le pilote ayant le plus de chance de remporter un rallye était celui qui commettrait le moins de fautes.

De toute évidence jusque-là, c’est Sam Sunderland qui colle au profile. Là où Joan Barreda a chuté de manière spectaculaire, il a fait preuve de plus de prudence et, là où Kévin Benavides s’est égaré, le Britannique a immédiatement retrouvé la bonne piste. Bref: Sunderland réussit un sans-faute parfait. Voilà qui explique aussi pourquoi, avec trois victoires d’étapes sur six, il occupe la tête du classement avec un avantage de plus de 21 minutes. Question de retourner un peu plus le couteau dans la plaie de ses adversaires, il a fait preuve d’un réel panache. Deux de ses trois victoires ont été conquises en ouvrant la piste, un exploit en soi. Notamment lors du deuxième volet de l’étape marathon : chapeau bas ! Pour avoir grandi à Dubai, le pilote Red Bull KTM se sent plutôt à l’aise dans les dunes. Et puisque les traces laissées par les motos dans le sable rendent quasiment impossible les grandes échappées en solitaire, l’équation chinoise plaide en sa faveur. Le vainqueur du Dakar 2017 refuse pourtant de vendre la peau de l’ours… « Malgré une avantage de 21 minutes, on ne peut commencer à gérer sa course », confie-t-il, à l’arrivée au bivouac de Bayin Boalige. « Trop de choses peuvent mal tourner. De plus, je préfère maintenir un bon rythme afin de rester concentré. » En deux mots : Sunderland a bien l’intention de se concentrer sur sa propre course et de faire le boulot jusqu’à l’arrivée finale à Dunhuang.

Nasser Al-Attiyah : « La Chine s’annonce compliquée »
Intraitables depuis le départ d’Irkoutsk avec 6 victoires d’étapes sur 6, Nasser Al-Attiyah et Mathieu Baumel (Toyota Gazoo Racing Overdrive) n’ont laissé que des miettes à leurs adversaires.

Le retrait précoce de leur équipier et tenant du titre, le Saoudien Yazeed Al Rajhi (moteur), leur a certainement facilité la tâche. Il n’empêche, tant sur les pistes techniques de Sibérie que dans les steppes mongoles ultra-rapides, les vainqueurs du dernier Dakar se sont montrés intraitables, se permettant même de lever légèrement le pied lors des deux dernières étapes.

Reléguant Liu Kun (Hanwei SMG), lauréat de l’édition chinoise du dernier Silk Way Rally à plus de 40 minutes, Nasser Al-Attiyah peut aborder la Chine avec confiance dans sa quête d’une première victoire finale sur cette épreuve qui se refuse toujours à lui. « Je crois pourtant que les trois derniers jours en Chine seront compliqués », avoue le pilote qatarien. « Ce sera le cas pour tout le monde, car le contraste sera grand avec ce que nous avons connu depuis le début de cette course en Sibérie et en Mongolie. Nous sommes très curieux de découvrir cette partie du désert de Gobi. Habituellement j’aime le sable et les dunes. Mais que ce soit en Afrique, en Amérique du Sud, au Moyen-Orient ou ici, en Chine, tous les sables sont différents et demandent une adaptation. »

Voilà qui constituera certainement un avantage pour Liu Kun et les nombreux pilotes chinois luttant encore pour une place sur le podium, avec pas moins de six équipages présents dans le top 10.

Siarhey Viazovich : « Cela dépendra des conditions »
Trois victoires d’étapes sur 6 et leader depuis le premier jour : Siarhey Viazovich (MAZ) mène la vie dure au team Kamaz-Master. Aux commandes de son nouveau camion rouge au capot proéminent, le pilote biélorusse a parfaitement géré les deux premiers actes de ce Silk Way Rally, faisant face aux assauts répétés menés par les troupes de Naberejnye Tchelny.

Peu habitués à se faire dominer de la sorte, Andrei Karginov, lauréat de la dernière édition en Russie, Anton Shibalov et Airat Mardeev (vainqueur en 2012 et 2016) ont lancé plusieurs offensives infructueuses. Pour Viazovich, c’est certain, la victoire finale se jouera dans le désert de Gobi. « Cela dépendra des conditions dans lesquelles nous aborderons ces trois dernières étapes », avoue le pilote de Minsk, complètement décomplexé.
« Nous sommes ici pour tester notre nouveau camion. Donc nous le poussons au maximum dans toutes les situations afin de révéler ses faiblesses. Nous allons continuer à rouler à fond en Chine, car jusque-là cela nous a plutôt bien réussi. »
Pénalisé par le manque de puissance de son Renault sur les pistes mongoles ultra-rapides, le Néerlandais Martin van den Brink pointe à une demi-heure d’une place sur le podium et attend, lui aussi, le sable et les dunes chinoises avec impatience…

LE CHIFFRE DU JOUR : 1.500
Contrairement aux idées reçues, le Désert de Gobi, terrain de jeu privilégié de la fin de ce Silk Way Rally 2019, n’est pas le seul fait de la Chine. Il s’étend sur presque tout le territoire aride d’Asie centrale, entre la Russie et la Chine, comme au sud de la Mongolie. 1.500 kilomètres d’Est en Ouest de steppes salines et rocailleuses cassent l’image habituelle du désert. Terre de contrastes, le désert de Gobi offre une différence abyssale au niveau des températures. L’hiver y est glacial avec des températures chutant jusqu’à -40°C, des pics de 45°C pouvant être atteints l’été! Entouré des montagnes de l’Altaï, de la steppe de Mongolie, du plateau tibétain et de la plaine du nord de la Chine, le grand désert de Gobi recèle une impressionnante diversité de paysages.

ROAD BOOK
Demain: Etape 8 BAYIN BAOLIGE – ALASHAN: La panoplie complète – Kilométrage total: 786,11km – Secteur sélectif: 326,60km
Au lendemain d’une journée de transition et d’un peu de repos sans chrono, cette 8e étape sera non seulement la plus longue mais également la plus redoutable du rallye. Les concurrents y retrouvent la panoplie complète des difficultés que comporte le rallye tout-terrain. Les premières grandes dunes offrent un défi important au concurrents les moins expérimentés. En respectant le bon cap on aborde ensuite une succession de nouveaux obstacles. Du sable à gogo, mais aussi des oueds, des saignées, des canyons et de larges étendues de steppes. En vue de l’arrivée, il s’agira surtout de hausser le rythme…

Philippe Janssens,

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