Silk Way Rally SS6: Ne pas perdre le cap !

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Suite à la forte dégradation de la piste par de nombreux engins miniers et pour des raisons de sécurité, la Direction de Course a pris la décision de couper ce secteur sélectif n°6 en deux parties avec une liaison à partir du PK 157,23 jusqu’au PK 286,65, soit un total de 129,42 km de liaison.

Au programme : vitesse et navigation au cœur de l’immensité des steppes. Il fallait bien suivre le road-book et vérifier ses caps pour répondre aux multiples changements de direction.

SS.6 – MANDALGOVI – DALANZADGAD – Déroulé de la spéciale
Kilométrage total: 412,06km- Secteur sélectif: 279,06km

Motos : Mena et Sunderland sur le bon cap
Ce n’est ni la première, ni la dernière fois que cela se produit au terme d’une étape en rallye-raid. Lorsqu’une question de navigation détermine le classement de l’étape, deux clans se forment inévitablement. Il y a ceux qui ont suivi la bonne route et qui s’en félicitent, tout en louant la qualité du road book. Et puis, il y a les autres, déboussolés, déçus et persuadés d’avoir été trahis par cette bible de papier enroulée sur le guidon de leur machine.

Car aujourd’hui, juste après le (re)départ du secteur sélectif, interrompu pour des raisons de sécurité, certains pilotes de tête et notamment les frères Benavides, ont persévéré sur une piste empruntant un cap erroné. Une erreur qui leur a fait perdre pas mal de temps et tout espoir de bien figurer au classement final.

A nouveau ouvreur aujourd’hui, le leader du général, Sam Sunderland (Red Bull KTM Factory) s’était pourtant lui aussi laissé prendre au piège. Mais contrairement à ses acolytes, il eut la présence d’esprit de vérifier son cap pour repartir sur la bonne piste. Un réflexe salvateur qui lui permet, ce soir, d’accentuer considérablement son avantage au général où il relègue Kevin Benavides (Monster Energy Honda), l’un de ses principaux adversaires à la 7e place, à près de 33 minutes.

Encore deuxième au général hier, Luciano Benavides (Red Bull KTM Factory), le frère de Kevin, est l’autre grande victime du jour. Et puisque le malheur de l’un fait souvent le bonheur de l’autre, c’est Oriol Mena (Hero), l’autre grand bénéficiaire du ‘coup’ du jour, qui remporte sa première victoire d’étape sur l’épreuve et effectue un bond de géant de la 5e à la deuxième place au général, à 21:10 de Sunderland.

Le road book de cette 6ème étape, Adam Tomiczek (Husqvarna) va certainement le faire encadrer. Le pilote amateur polonais, lui aussi parti sur la bonne trace, signe une magnifique deuxième place et célèbre son tout premier podium dans le cadre d’une étape du Championnat du Monde, juste devant Joan Barreda (Monster Energy Honda), ressuscité, après son impressionnante cabriole d’hier. Cinquième du jour, Laïa Sanz (Red Bul KTM Factory) signe quant à elle son premier top 5 de la semaine. Mauvaise nouvelle, en revanche, pour Paulo Goncalves (Hero Motorsport) arrêté sur la piste, moteur cassé, tout en début de spéciale, alors qu’il occupait la 4ème place au général…

Oriol Mena (Hero Motorsports) 1er : « Hier en vérifiant le road book, j’avais remarqué qu’il était noté de vérifier le cap 3 kilomètres après le deuxième départ pour se mettre au 270. J’ai aisément trouvé la bonne piste, là où les autres ont visiblement beaucoup hésité. Je me sentais bien aujourd’hui. La moto était parfaite ! Dommage, Paulo Goncalves a connu un problème mécanique entre le km 50 et 60. Je me suis arrêté pour l’aider, mais nous n’avons pas pu trouver la solution, alors je suis reparti. »

Autos : Al-Attiyah s’en sort bien
Rien n’est jamais écrit d’avance. Sur la ligne d’arrivée de cette 6e étape, plantée à quelques encablures du bivouac, le ciel bleu avait fait place aux nuages et une fine pluie conférait à l’endroit des allures plaine bretonne. Sortant de sa Toyota, Nasser Al-Attiyah (Toyota Gazoo Racing Overdrive) n’arborait pas le visage qu’on lui connait depuis le départ. Il savait qu’il venait de mettre en péril sa quête de grand chelem absolu sur ce Silk Way Rally. Comme certains des meilleurs motards devant eux, Al-Attiyah et Baumel ont loupé, trois kilomètres après le ‘restart’ de la spéciale, cette piste peu visible qui tirait au cap 270. Pas de quoi fouetter un chat, mais cette étape a bien failli leur échapper.

Car sans la crevaison, doublée d’une boîte de vitesses bloquée à dix kilomètres de l’arrivée, Denis Krotov (Mini JCW), pointé avec un avantage de 23 minutes à 50 kilomètres de l’arrivée, aurait non seulement célébré une première victoire retentissante, mais se serait également rapproché à une vingtaine de minutes du leader au général.

En attendant, le rallye en a décidé autrement. Et au final, avec la deuxième place d’Eric Van Loon, le team Overdrive peut se targuer d’un nouveau doublé. Le Néerlandais devance finalement de dix secondes un Mathieu Serradori (Buggy CR6 SRT), pointé lui aussi en tête à la fin du premier volet du secteur sélectif.

Au classement général Al-Attiyah compte désormais 40 minutes d’avance sur le Chinois Liu Kun (Hanwei SMG), et 15 minutes de plus sur Jérôme Pélichet (Optimus Raid Lynx), huitième sur l’étape du jour.

Nasser Al-Attiyah (Qat/Toyota Gazoo Racing Overdrive) 1er : « La spéciale était rude en navigation. Il fallait rester très attentif. Nous avons hésité à certains endroits, mais au final tout se termine bien. C’est une 6ème victoire d’étape d’affilée pour nous. Demain ce sera tranquille. Nous avons une liaison de 550 kilomètres à faire pour entrer en Chine où nous allons découvrir les dunes du désert de Gobi. »

Camions : Viazovich tient bon
Comme Al-Attiyah en catégorie auto, Siarhey Viazovich (MAZ) occupe la tête du classement général camions depuis le départ de ce Silk Way Rally. Et si, comme le Qatari, il n’a pas remporté 100% des étapes disputées depuis Irkoutsk, le pilote Biélorusse a signé aujourd’hui son 3ème sacre partiel, pour tenir tête à l’armada Kamaz-Master lancé à ses trousses. Le leader du team MAZ devance Shibalov et Mardeev pour moins de trente secondes, tandis que van den Brink (Renault Mammoet) et Karginov (Kamaz), victime d’une roue crevée, complètent le top 5, avec un retard avoisinant les 5 minutes.

Au classement général, Viazovich entre en Chine avec un avantage de plus de 16 minutes sur Shibalov, tandis que l’autre Kamaz-Master de Karginov pointe ce soir à près de 24 minutes.

Siarhey Viazovich (MAZ) 1er : « Chaque jour on nous pénalise pour des excès de vitesse. Je sais que je ne suis pas exemplaire en la matière, mais cette fois je n’y comprends plus rien. On nous a changé les appareils (GPS), mais nous n’arrivons jamais à lire la vitesse correcte dans les zones de danger. Nous avons l’impression de respecter les limitations, mais les amendes et pénalisations continuent à tomber. »

LE CHIFFRE DU JOUR : 289,91
Le point kilométrique 289,91 de ce 6e secteur sélectif a bouleversé la course pour certains pilotes ou équipages. Il fallait repérer une piste, peu visible filant au cap 270°. Si en catégorie motos ce repère restera comme un souvenir inoubliable pour Oriol Mena (Hero), signant
sa première victoire sur ce SILK WAY RALLY, il est également celui où Kevin Benavides (Honda) a peut-être définitivement perdu cette course. En catégorie auto, ce changement de cap faillit bien interrompre la série de victoires d’étapes de Nasser Al-Attiyah (Toyota).

ROAD BOOK
Demain: Etape 7 DALANZADGAD – BAYIN BAOLIGE: Passage de frontière entre la Mongolie et la Chine (étape en liaison)
Pas tout à fait une journée de repos, mais une liaison pour le passage de Mongolie en Chine. Départ dès 5h30 (GMT+8) pour 550,66 kilomètres à avaler au rythme tranquille de la circulation locale, entrecoupé par les formalités douanières aux postes frontières entre les deux pays. En début d’après-midi, la première moto posera sa béquille à Bayin Boalige sur le premier bivouac chinois.

Philippe Janssens,

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