24 Heures du Mans: Un Gounon peut en cacher un autre !

Jules et jean-Marc Gounon © ACO

Après Jean-Marc, 12 départs aux 24 Heures, c’est à Jules de se frotter à la légende du Mans. Changement de baquet.

A droite, Jean-Marc, ardéchois au gros – et grand – cœur dont le pilotage était un subtil mélange de rigueur et d’attaque à outrance. Neuf Grands Prix F1 disputés chez Minardi et Simtek, 12 participations au Mans avec une 2ème place pour meilleur résultat, une belle carrière qui aurait pu être bien plus riche encore.

A gauche, Jules, son fils, moins fantasque peut-être, mais tout aussi rapide. Pilote officiel Bentley en Intercontinental GT Challenge et Blancpain Series, il dispute ses premières 24 Heures du Mans sur la Ferrari 488 GTE Evo #89 de Risi Competizione en catégorie LM GTE Pro.

« L’an passé, révèle Jules, nous avions essayé de réunir le budget pour un baquet en LMP2, mais impossible. Du coup, je me suis résolu à attendre d’avoir une proposition gratuite ou payée, et elle s’est présentée au cours de l’hiver. J’ai été contacté par Stéphane Ortelli, l’initiateur du projet avec Risi, et un collectionneur français, Jean Guikas. Comme je suis pilote officiel Bentley, je n’ai normalement pas le droit de rouler avec une autre marque mais nous sommes parvenus à trouver un accord. C’est un rêve de gosse… »

Son père a eu le même rêve, mais au sortir d’une carrière F1 trop vite stoppée. « C’était en 1995 sur un programme monté par Denis Morin qui était team manager chez Venturi. Je sortais de la F1, je n’avais plus de volant. L’équipe avait fait un peu de développement et la voiture était très rapide. Je suis parti façon Grand Prix, je doublais de partout et j’ai fait l’extérieur à la Courage de Pescarolo dans Indianapolis. Sauf qu’au lieu de rentrer le 3ème rapport, j’ai rentré le 1er ! Misère, on a passé 90 minutes à refaire le moteur et on a fini 21ème. C’était une édition sympa, avec des conditions difficiles. Le soir, la McLaren aux couleurs Harrod’s était en tête. Elle roulait en GoodYear. Comme nous étions loin au classement, Michelin était venu nous voir pour nous proposer des pneus pluie expérimentaux. Des gommes de fou. Je doublais tout le monde. Pas de patinage, rien. J’ai fait un relais, deux relais, et Michelin les a montés sur la McLaren de Dalmas qui a fini par s’imposer. Une belle expérience. »

Jules, lui, se souvient de l’édition 2005. « C’est mon premier souvenir, précise-t-il. Mon père roulait chez De Chaunac, avec Stéphane Ortelli et Frank Montagny qui appelait mon père ‘papy’. C’est la première fois que j’ai vécu la course dans les stands. Il y avait les Algecos pour dormir, le réveil avec les bruits de moteur. J’ai tout aimé et je me suis dit qu’il fallait que je fasse ça un jour ! »

En 2005, ‘Papy Gounon’ en était à ses neuvièmes 24 Heures et avait déjà des souvenirs plein la tête. Comme cette édition 1997 avec une McLaren GTC semi-officielle. « On est parti 17ème et on a fini 2ème. Je me vois encore sortir de la voiture à 6 heures du matin, à seulement 28 » de la TWR Porsche de tête. Pas mal ! On a été obligé de lever en fin de course car une voiture sœur avait brulée à cause d’une fissure par laquelle s’échappait de l’huile, tout près des échappements. Dans un tout autre registre, il y a eu l’édition 2003. Courage cherchait un pilote au pied levé. Sans budget, je n’avais aucune chance, mais Michelin et Judd ont appuyé ma candidature. J’ai eu le feu vert le lundi à 20 heures. J’ai roulé dans la nuit pour être au Mans le lendemain matin. Briefing, siège à mouler, et rencontre avec Yves Courage. Il s’inquiète de ma condition physique car je n’avais pas fait Le Mans depuis deux ans. Et il me demande si je suis ‘fit’ ? Je lui réponds : plutôt ‘fat’. Ça a fait arrêt sur image. Cette année-là, j’ai roulé plus de dix heures et on a fait 7ème ! »

A ses côtés, Jules, mi admiratif mi consterné, lève les yeux au ciel. « Pour la gestion de l’énergie, pour la manière de s’économiser, pour tout ce qui touche à la concentration, je suis ses enseignements, reconnait-il. Par contre, pour le fitness et tout le reste, je suis ma trajectoire… celle qui mène au podium. Non, vraiment, ça se passe bien avec mon père, conclut-il goguenard, il part avant le départ ! » Eclats de rire, les chiens ne font pas des chats !

ACO,

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