Peugeot 208 WRX: Tactique & Stratégie en Rallycross

© Flavien Duhamel

Si de prime abord le rallycross semble surtout être un sport de contacts, cela ne doit pas occulter les aspects tactiques et stratégiques indispensables à l’obtention un bon résultat.

Et pour cela, outre les 600 chevaux des voitures qui abattent le 0 à 100km/h en moins de 2 secondes, il faut savoir maitriser le choix du tour joker et la gestion du quota de pneus, des règles propres à la discipline.

De plus, avec les spécificités d’avoir jusqu’à 6 départs dans un meeting et des courses très courtes, il essentiel de disposer d’une stratégie de départ performante. Un challenge à part !

Explications techniques, tactiques et stratégiques.
Réussir un bon départ n’est pas une condition suffisante pour gagner une course de rallycross mais elle est absolument nécessaire !

« Il faut mettre toutes les chances de ton côté d’emblée, et dès la Q1. En gros cela signifie être le 1er en tête au 1er virage », explique Timmy Hansen, pilote du Team Peugeot Total. C’est extrêmement difficile de faire un départ parfait, et encore plus d’en enchaîner 6 sur un week-end. Il y a beaucoup de paramètres à maîtriser. Je dirais que j’en ai seulement réalisé parfaitement que 2 ou 3 cette saison. C’est la raison pour laquelle les équipes et les pilotes consacrent beaucoup de temps à travailler cet aspect. »

La lutte jusqu’au 1er virage est toujours âpre, avec tous les pilotes qui ont le même objectif et qui jouent des coudes pour se caler sur la meilleure trajectoire.
Mais avant d’en arriver là, il aura fallu des études approfondies et de nombreux essais pour définir la meilleure procédure de départ possible. Et c’est un processus sans fin : on cherche toujours à faire mieux, à mieux maîtriser les Lorsque les équipes ont trouvé la procédure adéquate, aussi fiable et répétable que possible, il reste à la mettre en oeuvre en course ! Il faut être en mesure de réagir vite et de libérer un maximum de puissance moteur instantanément. En pratique, cela signifie de passer la 1ère vitesse sur la ligne de départ, de jouer avec la pédale d’embrayage jusqu’au point de patinage tout en gardant le frein à main serré pour maintenir la voiture à l’arrêt et ainsi éviter un faux départ lourdement pénalisé.Quand le feu passe au vert, réactivité et précision sont de mise : relâcher l’embrayage et le frein à main, tout en appuyant sur l’accélérateur, et veiller à ce que les 600 chevaux de la Peugeot 208 WRX se libèrent le plus proprement possible, sans caler mais sans patiner.

Chaque équipe possède un système gérant la stratégie de départ, conçu pour assister le pilote dans cette démarche et déclencher le ‘START’ via un bouton situé sur le frein à main ou le volant. La transmission 4 roues motrices vient par ailleurs garantir une traction optimale. Toutefois – et c’est obligatoire !- le pilote reste le maître du jeu ! « C’est incroyable de voir à quel point nous avons gagné en vitesse au départ par rapport à ce qu’on avait il y a 1 ou 2 ans », s’enthousiasme Timmy. « En fin de compte, cela se joue beaucoup sur le temps de réaction et la traction que l’on arrive à obtenir. Il y a beaucoup de puissance à gérer, notamment en 1ère, avant de passer le rapport suivant. Sur la ligne de départ, tu peux sentir la voiture qui ‘tire’ sur le frein à main, et le régime moteur qui baisse un peu quand les roues commencent à mordre la piste. Et après, c’est une vague d’adrénaline. »

Les quelques dixièmes de secondes qui suivent sont déterminants pour le reste de la course et génèrent une pression énorme pour les pilotes… Il faut successivement relâcher le frein à main, passer la 2ème et maintenir la trajectoire de la voiture – malgré la puissance exceptionnelle libérée à cet instant précis – et ne pas toucher les concurrents qui évoluent à seulement quelques centimètres.

Pour détecter les faux départs, un capteur est situé à 10 centimètres des pare-chocs avants des concurrents. En règle générale, les voitures passent devant le capteur environ 4 dixièmes après le passage du feu au vert, dont 2 dixièmes de seconde attribués au temps de réaction du pilote. « On n’a pas vraiment le temps de ressentir exactement comment la voiture réagit ; il faut donc anticiper au maximum », ajoute Timmy. « Bien sûr, on peut toujours travailler les départs pour s’améliorer, et nous le faisons souvent, mais tout se joue vraiment sur ce qu’on arrive à faire le jour même, dans les conditions particulières de la course. Il est tout aussi difficile de réussir un départ parfait qu’un tour parfait. »

Ce week-end, sur la piste étroite et technique d’Estering, dans le nord de l’Allemagne, les pilotes devront une nouvelle fois mettre la théorie en pratique… et réussir une coordination parfaite sur la ligne de départ pour voler vers une nouvelle victoire conditions de départ alors que notamment le grip sur la grille évolue sans cesse au cours du week end.

Aurélie Lehé,

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