Paulo Gonçalves : « Arriver au Dakar plus fort… »

Paulo Gonçalves se prépare pour le Dakar 2019

Le pilote portugais du Team Monster Energy Honda est de retour, gonflé à bloc. Absent du Dakar 2018 après un accident lors de l’une de ses dernières séances d’entraînement en vue du grand défi, Paulo Gonçalves est maintenant prêt à effectuer son grand retour, avec toute l’énergie qui caractérise si bien le champion portugais.

 

Oubliés les jours sombres. Paulo Gonçalves a désormais en ligne de mire son rétablissement complet. Le pilote portugais pourrait bientôt retrouver le statut qui, à la fin de la saison dernière, lui valait d’être qualifié de « favori pour tout ». Un vent salutaire souffle sur le nord du Portugal et les rives du Douro, l’occasion d’une conversation passionnante et intimiste avec « Speedy » Gonçalves.

– Après avoir raté le dernier Dakar en raison d’une blessure et un retour en mars pas à 100 %, la première question essentielle est : quelle est la forme physique actuelle de Paulo Gonçalves ?
Paulo Gonçalves : « Je suis à présent guéri et je travaille dur pour les courses que nous avons programmées en août en Amérique du Sud. Ce qui s’est passé en décembre dernier a été très difficile. J’avais de très bonnes sensations en vue du Dakar et… ce qui s’est passé n’aurait vraiment pas dû se produire : j’ai heurté une voiture lors d’une séance d’entraînement et je me suis blessé au genou et à l’épaule, ce qui m’a empêché de participer au Dakar, la course que nous avions préparée durant toute la saison. C’était vraiment dur pour moi, mais aussi pour le team. Nous avons tous été très touchés, mais nous savons que dans ce sport de tels accidents peuvent se produire. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour essayer d’éviter de tels dangers, mais cette fois c’était mon tour. »

– Vous avez effectué votre retour à l’Abu Dhabi Desert Challenge, fin mars. Comment vous êtes-vous senti ?
Paulo Gonçalves : « C’était la première course que je disputais après ma blessure et malgré toutes les difficultés, je pense que ça s’est plutôt bien passé. J’ai terminé cinquième au sein d’un plateau qui comprenait pratiquement tous les grands noms. J’ai terminé assez satisfait, même si je savais que j’étais à 30 % de mes capacités.
Deux semaines plus tard, vous avez couru le Merzouga Rally…
« Le premier jour, il y a eu un problème de roadbook et j’ai perdu beaucoup de temps, alors j’ai pris cette course pour ce qu’elle était, une séance d’entraînement où il était aussi très important de pouvoir se comparer aux autres pilotes. Ce n’était pas si mal. »

– Vous aurez été absent quatre mois lorsque vous disputerez votre prochaine course, l’Atacama Rally. Qu’avez-vous fait pendant tout ce temps ?
Paulo Gonçalves : « Principalement, récupérer la force physique que j’avais perdue du fait de ma blessure. En ce moment, je me sens plutôt bien, à l’aise et en forme pour affronter les prochaines courses, afin d’arriver au Dakar 2019 dans la meilleure forme possible, meilleure même que l’an dernier. C’est l’objectif. Après ce qui s’est passé en décembre dernier, je ne peux penser à rien d’autre. Il reste six mois et je dois en profiter pour être plus fort que jamais. J’en ai besoin pour moi et pour mon team. »

– Vous étiez à Lima pour prouver comment vous étiez. Jusqu’au dernier moment, vous avez essayé de participer au Dakar 2018 !
Paulo Gonçalves : « L’accident s’est produit le 18 décembre et les vérifs avaient lieu le 4 janvier. J’ai essayé de récupérer aussi vite que possible, de toutes les façons possibles. Je savais que seul un miracle pourrait me permettre de prendre part à la course. C’était de l’ordre du possible, mais ce n’est pas arrivé. Ce n’était pas le moment. J’ai essayé et j’ai constaté que chaque fois que j’étais dans un peu de sable, je me retrouvais coincé parce que je n’arrivais pas à sortir la moto. Le départ du Dakar a été beaucoup plus difficile que cela, la décision était donc assez évidente. Si j’avais eu 20 % de bonnes sensations, je n’aurais pas hésité à prendre le départ, mais dans mon cas, le doute n’était pas permis. Heureusement, HRC disposait d’un pilote prêt à monter sur ma moto au cas où je n’aurais pas pris le départ. En réalité, je n’aurais pas tenu une journée sur le Dakar. En plus, il fallait veiller aussi aux intérêts du team et je l’aurais privé de la possibilité d’avoir un porteur d’eau en course, prêt à aider ses coéquipiers… »

– Les deux prochaines dates du championnat du monde approchent : l’Atacama au Chili et la Ruta 40 en Argentine. Comment vous sentez-vous à l’idée de reprendre le championnat du monde ?
Paulo Gonçalves : « J’arriverai en bonne forme, tant en ce qui concerne le physique que le pilotage, c’est certain. Mais il est également clair que je ne peux pas commettre d’erreurs qui pourraient compromettre le plan de travail que nous avons mis en place pour arriver au Dakar dans les meilleures conditions.. Nous devrons nous battre pour la gagne, mais l’important sera de trouver un bon rythme. Je suis également conscient que je ne peux pas me permettre de rater un autre Dakar à cause d’une nouvelle blessure. Nous devons évaluer tout ce qu’il faut faire au mieux, sans faire d’erreurs qui pourraient compromettre l’avenir. »

– Le Dakar démarre dans six mois. Vous renforcez vos muscles et votre endurance. Quelle est votre méthode de travail en ce moment ?
Paulo Gonçalves : « Je travaille physiquement avec un entraîneur personnel que j’avais déjà quand j’ai gagné le championnat du monde en 2013 et aussi en 2014, et quand j’ai terminé deuxième du Dakar 2015. Nous recommençons et c’est encore très difficile, mais cela montre simplement que nous travaillons dur. Gymnastique, vélo, natation et aussi un peu de travail sur la moto. Chaque fois que je peux, je m’entraîne en circuit, parce que c’est plus sûr. La feuille de route est la suivante : un bon programme physique et accumuler les kilomètres sur la moto. »

– Il y a l’entraînement physique du pilote, mais il y a aussi la mise au point de la moto. Comment se comporte la Honda CRF450 Rally au niveau de la fiabilité ?
Paulo Gonçalves : « En ce qui concerne la résistance, notre moto nous donne beaucoup de garanties. Jusqu’ici, nous n’avons pas eu de problèmes mécaniques dans beaucoup de courses. Nous avons atteint un haut niveau. Mais dans notre team, au HRC, nous n’arrêtons pas de progresser. En ce mois de juillet, nous avons fait des essais aux États-Unis afin de fourbir nos armes pour nous battre dans les courses. Le niveau de compétitivité est très élevé. »

– Qu’est-ce que vous aimez le plus dans la moto et qu’est-ce qui peut être amélioré sur la Honda CRF450 Rally ?
Paulo Gonçalves : « Cette moto est très bien équilibrée : elle a beaucoup de puissance, de stabilité, de suspensions, la partie cycle est excellente. J’aurais peut-être préféré un débattement plus faible, mais c’est quelque chose que nous avons également testé avec les ingénieurs. Nous avons trouvé le meilleur compromis pour les différents types de terrain auxquels nous sommes confrontés en course. »

– Le prochain Atacama se déroulera pratiquement intégralement sur le sable. Un bon terrain d’entraînement pour le Dakar 2019 avec l’Inca Challenge ?
Paulo Gonçalves : « Disputer une course qui possède des caractéristiques similaires à celles que nous trouverons sur le Dakar, c’est le mieux que nous puissions faire. Nous pouvons tester la tenue de route, comment la moto prend le sable, l’endurance, l’essayer dans des conditions plus difficiles, ainsi que notre force aussi. Et à l’Atacama, qui a lieu à Copiapó, nous aurons une course difficile mais positive pour obtenir des sensations du Dakar, et il en sera de même au départ de l’Inca, au Pérou.

– Cette année, le Dakar se déroulera uniquement au Pérou. Avec beaucoup de sable et de navigation…
Paulo Gonçalves : « Je ne sais pas si ce sera mieux ou pire, mais ce sera différent, c’est sûr. Ce sera la première fois que le Dakar se déroulera dans un seul pays : ce sera sans précédent dans la course et ce sera un défi pour tous, non seulement pour les coureurs, mais aussi pour l’organisation. Et ce ne sera pas facile. Lors du dernier Dakar, il y a eu beaucoup d’abandons, des accidents… Cela montre comment sera le prochain Dakar. Ce sera aussi difficile que d’habitude. Le sable sera le principal adversaire, il faudra donc s’adapter au mieux à ce genre de conditions pour essayer de subir le moins possible tout en restant extrêmement compétitif. Nous le saurons en janvier… »

– Dix étapes, une journée marathon… Que pensez-vous trouver d’autre ?
Paulo Gonçalves : « Il y aura certainement six jours avec 100 % de dunes. J’espère qu’il y aura une partie montagneuse afin qu’on puisse récupérer un peu. Vu la topographie du pays, c’est possible. Le Dakar, c’est toujours super sur une piste dure. »

– Nous sommes dans les plus beaux endroits de Porto, votre région. Comment va votre pays, votre région ?
Paulo Gonçalves : « Ma région est très belle, elle a tout ce qu’il faut pour avoir une bonne qualité de vie : du beau temps, et aussi de superbes pistes pour se faire plaisir en moto, mais aussi en vélo, car il y a beaucoup d’amoureux des deux roues par ici. Nous avons des plages, des montagnes… Je pense que c’est un privilège d’être né ici au Portugal et notamment dans le nord du pays. »

L’Atacama Rally, 3ème manche du Championnat du Monde FIM des rallyes tout terrain se déroulera à Copiapó, au Chili, du 12 au 18 août.

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