À deux jours de l’arrivée de cette quarantième édition du Dakar, il y en a beaucoup qui sont déjà passés en mode gestion. Nasser Al Attiyah lui, est de cette race de pilotes qui ne renoncent pas facilement et attaquent jusqu’au bout. Parfaitement secondé par Mathieu Baumel, sur plus de cinq cent kilomètres d’une spéciale encore exigeante en navigation, le vainqueur du Dakar 2011 et 2015 se livrait aujourd’hui à un duel de toute beauté avec Stéphane Péterhansel, l’homme aux treize succès absolus sur l’épreuve.
Et au bout de quelque six heures d’efforts dans une chaleur harassante, c’est bien le pilote officiel Toyota Gazoo Racing SA qui obtenait gain de cause pour plus de deux minutes à l’arrivée à San Juan. C’est la troisième victoire d’étape du Qatari cette année, la vingt-neuvième également de sa carrière sur l’épreuve reine du rallye-raid. C’est aussi la quatrième depuis le départ d’un Toyota Hilux nouvelle génération, qui n’en finit plus de démontrer son niveau de performance et de fiabilité quels que soient les terrains rencontrés.
Avec pareille démonstration de force, Nasser Al Attiyah maintenait non seulement la concurrence sous pression, mais consolidait aussi sa troisième place face à Bernhard Ten Brinke, son équipier. Vainqueur hier, ce dernier ne déméritait pourtant pas, en ouvrant la piste sans l’aide des traces des motos, mises au repos forcé aujourd’hui. Le Néerlandais intégrait le top cinq du jour et confirmait la nouvelle dimension prise au cours de ce Dakar. Un Dakar dont il détient toujours la quatrième place du classement général provisoire, devant son équipier Giniel De Villiers, vainqueur de la course en 2009, et encore beau troisième aujourd’hui. Et avec 368 kilomètres de spéciale encore au programme demain entre San Juan et Cordoba, nul doute que les équipages du Toyota Gazoo Racing SA vont continuer à faire des étincelles…
« Cela fait du bien de l’emporter à nouveau », se réjouissait Nasser Al Attiyah. « On a vraiment attaqué aujourd’hui, notamment sur la deuxième partie de chrono, pour faire en sorte de consolider notre troisième place. Ce n’était pas facile car le terrain était particulièrement cassant, et cela nous a d’ailleurs coûté deux crevaisons, dans chacun des deux tronçons au programme. Mais nous avons atteint notre objectif en reprenant près de huit minutes à Bernhard, notre équipier. Puis nous maintenons nos adversaires de devant sous pression… »
« C’était une longue journée », analysait Giniel De Villiers, « avec beaucoup de pierres à éviter, de la navigation difficile aussi dans les rios. J’ai d’abord souffert de deux crevaisons, avant de casser un ressort d’amortisseur puis d’être gêné dans la poussière d’un concurrent pendant un long moment. Mais c’était plaisant de piloter dans cette spéciale. Tout reste possible jusqu’à l’arrivée car le chemin menant à Cordoba est encore long et les difficultés nombreuses. »
« Ce n’était pas facile d’ouvrir la piste sans les motos », reconnaissait Bernhard Ten Brinke, « mais j’ai beaucoup appris. Michel a aussi été très bon. Sur la première partie du chrono, on a été très rapides, sans faire d’erreurs, même si c’était assez exigeant physiquement. Nous avons continué à attaquer sur la deuxième portion, jusqu’à ce que l’on se fasse une petite frayeur. Là Michel m’a recommandé de baisser d’un ton. On a aussi connu un souci de batterie, mais je savais quel capteur je devais déconnecter pour résoudre le problème, cela nous a donc coûté peu de temps. Il nous a simplement fallu finir sans climatisation dans une chaleur éprouvante. Mais je suis particulièrement heureux du résultat, car je m’attendais à concéder dix à quinze minutes en m’élançant premier sur une telle distance. »
RÉSULTATS
Jeudi 18 janvier / Chilecito-San Juan / 522 km de spéciale
1. Al Attiyah-Baumel (Toyota Hilux)
3. De Villiers-Von Zitzewitz (Toyota Hilux) + 4’33’’
5. Ten Brinke-Perin (Toyota Hilux) + 7’53’’
Classement général
3. Al Attiyah-Baumel (Toyota Hilux) + 1h05’55’’
4. Ten Brinke-Perin (Toyota Hilux) + 1h17’21’’
5. De Villiers-Von Zitzewitz (Toyota Hilux) + 1h26’31’’
Eric Bellegarde,