Les chronomètres ont fait des heures supplémentaires à l’arrivée du Libya Rally. Dans les trois principales catégories, en effet, si les écarts semblaient suffisamment importants au départ de la septième et dernière étape pour entériner les classements, tout a été chamboulé à l’arrivée. Mirjam Pol a ainsi perdu sa première place en motos, Martin van den Brink a chapardé la victoire en camions tandis qu’en autos, le dernier mot est revenu à Jérôme Renaud pour une poignée de minutes seulement.
Mirjam Pol semblait à peu près certaine de remporter le Libya Rally, lorsqu’elle s’est élancée le matin de Matarka, forte de son heure d’avance. Mais en chemin, elle a perdu une heure et vingt minutes en raison d’une rupture d’allumage de sa moto. Aidée par son compatriote néerlandais Erik Klomp qui a sacrifié son allumage pour lui permettre de rallier l’arrivée, Mirjam Pol a cependant été pénalisée par une réparation un peu trop longue.
Au final, la Néerlandaise a même manqué le podium pour quelques secondes. « Au départ, j’ai déjà eu du mal à démarrer ma moto, mais tout s’est bien passé durant la spéciale, jusqu’à ce que la machine s’arrête net à quelque 60 km de l’arrivée. Nous avons travaillé comme des malades pour réparer et je suis vraiment fière que nous y soyons parvenus. Je remercie Erik de s’être sacrifié pour m’aider. Je l’ai laissé sur place et il a dû doubler des camions et des voitures pour rejoindre l’arrivée. Cela va probablement me coûter le podium, mais je suis contente malgré tout d’avoir terminé le rallye. C’était une semaine fantastique et j’aurais aimé gagner, mais cela fait partie aussi du jeu. »
Motos : un podium inattendu
Mirjam Pol dans la tourmente, restait à savoir qui serait l’heureux élu : le Belge Gilles Vanderweyen, le Britannique Max Hunt ou le Suédois Michael Lundberg, vainqueur de l’ultime spéciale ? « C’était une très belle spéciale et je me suis bien amusé dans l’ensemble, mais j’ai du mal à imaginer que j’ai gagné, estime Lundberg. C’était seulement mon premier rallye africain, la première fois que je roulais dans les dunes et la première fois aussi que je disputais des étapes aussi longues avec une navigation compliquée. J’ai passé une bonne semaine, c’est vrai, je n’ai eu que peu de problèmes, mais je ne suis pas certain de mériter la victoire. »
Gilles Vanderweyen, pour sa part, s’est élancé en deuxième position, Max Hunt dans son sillage. « Mirjam aurait dû l’emporter, souligne Vanderweyen. Que je gagne serait une énorme surprise. Même Max Hunt n’aurait pas imaginé gagner voire terminer sur le podium. Aujourd’hui, pour la première fois, je n’ai pas manqué un seul contrôle de passage alors qu’ils m’ont coûté tous les jours une demi-heure de pénalité. Ce n’est que mon deuxième rallye. Un podium serait fantastique. Je suis vraiment désolé pour Mirjam. C’est une excellente pilote. J’ai essayé de la suivre, mais à chaque fois, j’ai décroché. »
Après avoir attendu encore et encore l’arrivée de la Néerlandaise, la situation s’est décantée : la victoire est revenue à Lundberg, devant Vanderweyen et Hunt.
Camions : Bouwens paye un problème mécanique au prix fort
Dans la catégorie camions, Martin van den Brink avait un peu moins de 22 minutes à reprendre dans l’ultime spéciale pour détrôner Igor Bouwens. Le duo s’est élancé pour un duel au couteau et leur position respective a évolué à plusieurs reprises. Van den Brink a ainsi perdu une dizaine de minutes en début de spéciale en raison d’une erreur de navigation et il était persuadé, la mort dans l’âme, que la victoire s’était envolée.
Mais à l’horizon, point de Bouwens. Van den Brink savait qu’il avait besoin de 34 minutes pour battre le Belge : les 22 minutes d’écart au classement auxquelles il fallait ajouter les 12 minutes séparant le départ des deux concurrents. Tout le monde a donc sorti chronos et calculettes et ne les a pas lâchés d’un regard. L’heure fatidique était fixée à 12 h 01. Si Bouwens arrivait avant cette heure, à lui la victoire, mais s’il pointait plus tard, Van den Brink serait l’heureux élu.
Il a fallu attendre 12 h 15 pour que l’Iveco pointe le bout de son museau, penchant d’un côté et visiblement endommagé. « Je suis encore étonné que nous soyons à l’arrivée, dit Bouwens. On s’est trompé deux fois et ensuite, l’aileron s’est brisé. Le camion était inconduisible et nous savions alors que la course était perdue. On a quand essayé de réparer par tous les moyens et le plus rapidement possible dans la mesure où Martin pouvait également avoir un problème sans qu’on le sache. C’était une journée plutôt passionnante. Je suis satisfait de la deuxième place, car c’était la première fois que je pilotais un camion de rallye. Nous l’avons construit nous-mêmes et avons acheté un moteur à Gerard de Rooy, vainqueur du Dakar. Mais ce résultat va au-delà de ce dont j’aurais pu rêver. »
Martin van den Brink n’était pas moins surpris. Il avait repris 51 minutes lors de la 6e étape et il ne s’attendait pas à combler encore un handicap de 22 minutes. « La spéciale n’était pas propice à de gros écarts. On a fait quelques petites erreurs et on a eu pas mal de chance lorsqu’un camion local a traversé la piste dans un nuage de poussière. Il s’en est fallu de peu. À l’arrivée, on s’est mis à compter les secondes. Nous étions incontestablement le camion le plus rapide et seules les pénalités auraient pu nous coûter la victoire. »
Finalement, Van den Brink s’est adjugé le Libya Rally avec 8 minutes et 5 secondes d’avance sur Igor Bouwens, Aart Schoones héritant de la troisième place.
Autos : final dans un mouchoir
Dans la catégorie autos, les données étaient claires au départ de l’ultime spéciale : tout reposait sur l’écart final entre le Français Jérôme Renaud et le Belge Vincent Thijs. En cas d’écart de 10 minutes, la victoire reviendrait à Thijs et si l’écart atteignait 28 minutes, Renaud s’imposerait.
« C’est très stressant et je refuse de croire que j’ai peut-être gagné le rallye avant une confirmation officielle », souligne le Français qui a même refusé toute célébration anticipée. Renaud s’est frayé un passage vers la tête du classement sans faire de bruit, mais vu son expérience, ce n’est pas une surprise de taille. Il a disputé deux fois le OiLibya Rally et le Dakar 2007 en moto. C’est la première fois qu’il participait au Libya Rally. « C’est plus dur que ce que je pensais, dit-il. Et je n’imaginais donc pas la victoire. »
Et pourtant, il l’a fait. Le Belge Vincent Thijs était bien évidemment déçu, mais il s’est rendu compte que la décision s’était jouée à quelques détails près. « Un rallye, dit-il, c’est de la navigation, du pilotage et de la mécanique. Il y a une foule de détails qui sont essentiels au bout du compte. Est-ce que la différence s’est faite sur une erreur de navigation ? Sur une crevaison ? Mais cela n’a pas d’importance, car avec des si… Il y a tellement de facteurs en jeu. »
Michiel Becx a terminé pour sa part troisième du classement général, et premier SSV. « Je suis très heureux de ce résultat, dit-il. Nous n’avons eu aucun problème avec notre Yamaha. Nous terminons avec les quatre pneus que nous avions au départ. Il y avait quelques buggies particulièrement rapides dans cette course et notre victoire n’en est que
plus extraordinaire. Notre intention était d’enfoncer la pédale d’accélérateur jusqu’à ce qu’elle casse, mais ce n’est pas arrivé (!) et on s’est régalé par-dessus le marché. Je viens de dire à ma femme que ce Libya Rally était l’une des meilleures semaines de ma vie. Cela veut tout dire. »
D’après communiqué Alain weerts,