B.Tréluyer: Le Mans, toujours autant de plaisir et de peur !

Benoît Tréluyer © DR

Le pilote français Benoît Tréluyer s’attaquera pour la 12ème fois aux 24 Heures du Mans cette année, et sera derrière le volant d’une Audi, comme c’est le cas sans discontinuité depuis 2010. Malgré son expérience, et les trois victoires déjà décrochées dans la Sarthe (2011, 2012 et 2014), il aborde l’épreuve Sarthoise avec humilité.

 

Nouvelle saison, mais objectif inchangé. Benoît Tréluyer et Audi veulent s’imposer en Championnat du Monde d’Endurance (WEC) et décrocher les mythiques 24 Heures du Mans. Avec une Audi R18 encore mystérieuse, que la marque allemande teste en secret, il faut reprendre les couronnes que Porsche s’est adjugé en 2015. Pour cela, Audi n’engagera non pas trois mais seulement deux voitures, afin de concentrer les efforts sur deux équipages de pointe. « Cela change le programme pendant la semaine de la course, mais aussi tous les essais qui peuvent avoir lieu en amont pour préparer les 24 Heures du Mans confie Benoît Tréluyer. « Nous essayons toujours d’arriver dans la Sarthe avec le maximum de données possibles, et aussi d’en capter un grand nombre sur place en faisant rouler les voitures. Mais avec deux Audi R18 seulement, cela signifie qu’il faudra travailler plus vite, et se contenter parfois de ne faire que trois tours pour valider une configuration d’un élément plutôt que cinq. Notre façon de travailler sera donc moins ‘confortable’, mais nous ferons tout pour abattre la même dose de travail. »

Vainqueur en 2011 après une superbe bataille face à Peugeot (et un final avec 13 »854 secondes d’écart seulement sur la ligne d’arrivée), Benoît Tréluyer avait de nouveau remporté les 24 Heures du Mans en 2012. Le statut de favori alors acquis l’avait, de son aveu même, un peu ‘relâché’. Et maintenant ? Après une édition 2015 remportée par Porsche et une seconde partie de saison dominée par les 919 Hybrid ? « Là nous ne sommes pas relâchés ! Face à la concurrence nous serons agressifs pour essayer de gagner. Déjà l’an passé nous étions agressifs. La catégorie d’hybridation dans laquelle nous étions engagés ne devait théoriquement pas nous permettre de nous battre avec les Porsche 919 Hybrid. Pourtant nous nous sommes imposés à deux reprises, et nous nous sommes battus jusqu’au dernier tour de la dernière course pour le championnat. André (Lotterer) a même signé le meilleur tour en course aux 24 Heures du Mans. Le fait que Porsche ait pris le pouvoir amène Audi à nous pousser dans nos moindres retranchements, à aller chercher encore les détails, à travailler plus. Personnellement, j’adore ça. J’aime être dans la difficulté pour sortir le meilleur de moi-même. Je me sens bien. »

e pilote natif d’Alençon est focalisé sur son début de saison, et évoque déjà la magie des 24 Heures du Mans. La concurrence ? Il ne la regarde pas, ou très peu. « Connaître les détails des autres voitures ne nous sert à rien. Cela ne va pas nous faire changer notre concept du jour au lendemain. Nous avons fait nos choix, nous savons dans quelle direction nous allons. Exactement comme l’année dernière lorsque nous avons fait le choix de la catégorie d’hybridation 4MJ, en comptant bien viser la victoire, cette année nous avons pris la décision de passer en 6MJ. Nous arrivons dans une nouvelle ère dans laquelle technologiquement nous sommes prêts. »

2016, année de la reconquête des 24 Heures du Mans ? La lutte promet d’être serrée entre les Allemands et Toyota, qui veut enfin s’imposer. « Le Mans, j’y vais toujours avec autant de plaisir, de peur et de stress. Je n’arrive pas bien à faire la différence entre ces sentiments. Lorsque je regarde après coup des images de la course, et que je me dis que je vais y retourner, c’est un mélange de tout ça que je ressens. En fait j’ai peur. Peur de ne pas gagner. Car quand on connaît le goût de la victoire, on a tellement envie de s’imposer encore, et en cas d’échec, il faut attendre une année… Bien sûr j’ai aussi du plaisir, car c’est une course à part, qui compte énormément. Cette année il y aura en plus 60 voitures, avec un superbe plateau et toujours autant de fans. C’est ça la magie du Mans. C’est une course que l’on ne maîtrise pas, même après trois victoires. J’y vais toujours de manière humble, car je crois qu’au fond il n’y a pas vraiment de recette. »

ACO – Geoffroy Barre,

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