
Victime fin janvier d’un accident de la route près de Reims, Mathieu Baumel a dû subir l’amputation de sa jambe droite. Désormais, il poursuit sa convalescence à l’hôpital universitaire de réadaptation du Grau-du-Roi.
‘Paris-Dakar’, Sur la table de nuit de Mathieu Baumel, l’un des albums emblématiques des aventures de Michel Vaillant attend une petite dédicace. « Attention, c’est une édition originale. C’est un patient qui me l’a confié ! Il l’a depuis plus de quarante ans ». Le Dakar est toujours dans un coin de la tête du quadruple vainqueur de l’épreuve, en tant que copilote du Qatarien Nasser Al-Attiyah. »Ça reste l’objectif prioritaire. Idéalement, j’aimerais être prêt en octobre, pour pouvoir rouler une première fois en course. Je donne tout pour ça. Je serai triste de ne pas y arriver… »
Pour l’heure, son quotidien s’articule autour de multiples ateliers de réadaptation. Kiné, renforcement musculaire, massages, ergothérapie, gym, et même simulateur de conduite… En bord de Méditerranée, les journées sont chargées. Pas le temps de contempler les flamants roses voisins. De 9h à 17h, cinq jours par semaine, le Français de 49 ans, appareillé depuis une quinzaine de jours, enchaîne les exercices. Le souffle est parfois un peu court, l’équilibre précaire. Encore deux mois de ce régime intensif. Le Dakar, c’est dans 200 jours…
Mathieu, un peu plus de trois mois après votre accident, comment allez-vous ?
Mathieu Baumel : « J’ai toujours le sourire. Je suis heureux, je me sens bien. La forme va forcément mieux puisque tout a été réparé ou presque. A droite, j’ai une jolie prothèse ! Je ne te dis pas que ça va bien tous les jours, évidemment. Il y a des moments où ça va forcément un peu moins bien, en particulier à cause de la jambe gauche, énormément abîmée. Elle a subi beaucoup de grosses opérations – fémur, tibia, péroné – qui me limitent aujourd’hui et me minent un peu le moral. J’ai parfois des hauts et des bas. Certains matins, tu te lèves, tu as mal. Les épaules, la cuisse, les hanches, tout travaille. Au fil de la journée, c’est compliqué. Un seul exemple : la prothèse fait cinq kilos, c’est lourd à emmener. Il faut pouvoir trouver la limite, pour en rajouter un peu chaque jour. Je veux toujours en faire plus. Ici on me ralentit un peu, il faut être patient. »
Imaginiez-vous une rééducation aussi lourde ?
« Non. J’étais loin de penser que ce serait aussi dur et aussi long. Je m’étais imaginé récupérer la prothèse, un pied devant l’autre et en avant. Après tout, je sais marcher ! Mais ce n’est pas du tout ça. Il faut tout réapprendre. C’est une autre façon de penser la marche. La moindre erreur de positionnement te rappelle à l’ordre. C’est la chute, et c’est du temps de perdu. La première fois que je suis mis sur ma jambe gauche, debout, deux mois après l’amputation, j’ai failli pleurer. Être à hauteur d’hommes, tu oublies vite. Ça m’a fait un petit quelque chose. »
Vous mesurez tout de même le chemin parcouru en trois mois à peine ?
« Oui et non. On veut toujours que ça aille plus vite. J’ai tendance à regarder vers l’avant, et j’oublie que çà fait à peine trois mois depuis l’accident, où j’aurais dû mourir. Aujourd’hui, on est ici au soleil, je marche, je fais des progrès tous les jours… Je me rends bien compte que c’est incroyable. »
Le départ du Dakar, c’est le 1er janvier 2026. Dans un peu plus de 200 jours…
« Ça reste l’objectif numéro un, et ce depuis l’accident. J’ai quasiment une année pour être prêt, ce doit être possible. C’est ce qui me motive chaque matin. Pour l’instant je compte en semaines, pas en jour. Je ne sais pas si ce sera possible, mais je donne tout pour y arriver. Je rajoute des séances dès que mon corps le permet. Aujourd’hui, je m’en sens capable. Je ne suis pas en retard sur le planning. »
Gaël Robic – France TV