Vainqueur de sa première course en European Endurance Prototype Cup à Magny-Cours, Maxence Maurice a vécu des émotions fortes avec son fils Louis Maurice et Christophe Carrière. Ce succès, acquis au bout d’un scénario improbable, est devenu le plus beau de la carrière du pilote CD Sport.
Dans le grand livre de la saison 2024 de l’Ultimate Cup European Series, les 4h d’European Endurance Prototype Cup à Magny-Cours auront le droit à un chapitre complet. La famille Maurice pourrait même écrire tout un ouvrage pour raconter ce jour gravé à jamais dans leur mémoire. Des conditions dantesques, une fin aussi magnifique que dramatique et un bonheur partagé entre père et fils, Maxence Maurice n’a jamais ressenti autant de joie sur un circuit.
Une semaine après cette victoire, depuis Bilbao où il disputait un semi-marathon, le pensionnaire du CD Sport racontait être toujours aux anges. « Je ne suis pas redescendu de mon nuage. J’essaie d’y rester le plus possible, d’en profiter encore. Je regarde toujours les photos (Rires). » Pourtant, le Français n’est pas un rookie qui découvrirait les joies de gagner une course. Champion Am 2021 de la Porsche Carrera Cup France, vainqueur de catégorie aux 24H du Nürburgring, sur le podium d’une course support des 24H du Mans, le Gentleman driver a un palmarès étoffé.
« Cette victoire est la plus belle de ma carrière, sans hésiter. C’était la première année que nous roulions ensemble avec mon fils et c’était déjà incroyable. Gagner avec lui est encore plus fort en termes d’émotions, surtout quand on ne s’y attend pas. » Depuis son enfance, Louis accompagne son père sur les circuits : en tant que spectateur puis comme ingénieur, notamment lorsqu’il était en stage dans le cadre de ses études, et donc désormais en piste avec un double rôle de coach et de coéquipier. « Il m’a pas mal aidé dans le pilotage. Quand il est là, je suis boosté. »
A l’heure de débuter la course, la #4 était bien loin d’être citée parmi les voitures capables de jouer la victoire. Dix-huitième sur la grille, Maxence Maurice avouait « ne s’attendre à rien. Christophe prenait le départ et je redoutais que ce soit difficile pour lui car il n’avait pas pris confiance dans des conditions humides au Mugello. Mais il a un gros caractère, il a pris sur lui et fait un très bon relais. »
Au huitième rang au cap de la mi-course, Maxence Maurice était déjà parti pour un stint de 2h15 : « je n’aurais jamais cru rouler autant de temps. C’est passé très vite alors que j’avais l’impression de faire beaucoup d’erreurs. Je me suis repris car j’adore la pluie, les moments périlleux où il faut juste rester sur la piste. »
Une fois son fils installé derrière le volant, le père assistait dans le box à sa belle remontée. Derrière le safety car, provoqué par l’accident d’Iko Segret (ANS Motorsport) dans la dernière demi-heure, Louis pointait en deuxième position. Le podium semblait déjà bien engagé. « Tant que la ligne n’est pas passée, je ne crois en rien. Je suis très terre à terre là-dessus. Un petit tête-à-queue, une sortie dans le bac à graviers, tout peut changer si vite sur piste mouillée. »
Dans l’avant-dernier tour, le coup de théâtre arrivé : la CD Sport #5 était au ralenti, ce qui propulsait les Maurice et Christophe Carrière en tête de la course : « L’ambiance était forcément partagée. J’étais déçu pour Thomas Imbourg et Jonathan Thomas qui sont des gars sérieux, qui bossent énormément. Ça aurait été magnifique de faire un doublé. D’un point de vue personnel, ce ne sont pas les mêmes sensations de finir deuxième ou premier. Nous aussi nous étions limites sur l’essence, je ne sais pas si nous aurions pu faire un tour de plus. Mais quand ça passe, c’est magnifique. »
Les yeux rouges, Maxence Maurice assistait au passage sous le drapeau à damiers de son fils : « le voir passer la ligne d’arrivée était dingue. Tout s’est goupillé pour avoir un maximum de sensations. Rien que d’y repenser, ça me donne des frissons. »
Cet immense bonheur derrière, l’heure est venue de se tourner vers la finale au Paul Ricard. Si le trio n’a pas d’ambition au général, ils sont désormais un équipage à suivre. « Là, il va falloir descendre du nuage ! (Rires) On a été bon sous la pluie, on peut l’être sur le sec. Louis est très rapide, en Bronze je suis pas mal et Christophe progresse à chaque roulage. Je suis convaincu que monter de nouveau sur le podium est possible. »