Dakar Prologue : Schareina et Ekström, parole aux sprinteurs

L’ŒIL DANS L’OBJECTIF
L’appellation peut sembler trompeuse, avec un prologue qui s’est révélé XXL, sur une distance de 27 kilomètres reprenant un condensé, certes très accessible, de toute une gamme de terrains qu’emprunte le Dakar. La région d’AlUla se prête à cet échantillon, avec des portions sablonneuses qui ont laissé place à des zones caillouteuses, et même déjà quelques choix de navigation ayant pu occasionner quelques hésitations. Pour autant, ce sont des spécialistes de l’exercice inaugural qui se sont illustrés : l’Espagnol Tosha Schareina avait damé le pion à tous les autres motards en ouverture du dernier Rallye du Maroc, et le Suédois Mattias Ekström avait imposé son Audi autour du ‘Sea Camp’ installé en bord de mer Rouge l’année dernière sur le Dakar.

L’ESSENTIEL
On ne parle déjà plus d’un débutant avec Tosha Schareina, qui a terminé à deux reprises à la 13ème place du Dakar et s’est imposé l’été dernier sur le Desafio Ruta 40, mais il disputait bien aujourd’hui sa première course en tant que pilote officiel. Le management de Honda peut se féliciter d’avoir été séduit par le jeune Espagnol, remarqué dans tous les états-majors et qui a choisi la marque japonaise pour passer à la vitesse supérieure. Derrière lui, Daniel Sanders a lui aussi fait parler la pointe de vitesse grâce à laquelle il avait pris d’emblée les commandes du Dakar en 2022, le podium du jour étant complété par Ross Branch.

Les favoris du rallye restent dans le coup, qu’il s’agisse d’Adrien Van Beveren (4ème) des frères Benavides (Luciano 5ème, Kevin 9ème), de Pablo Quintanilla (7ème) et de Toby Price (8ème), même si Skyler Howes (42ème) devra cravacher pour rester à leur contact (voir coup dur).

En autos les souvenirs de ‘pistard’ de Mattias Ekström lui ont donné le coup de volant adéquat pour dominer la concurrence et lancer le clan Audi sur une dynamique positive, comme il l’avait fait l’année dernière. Sans le savoir, il a contrôlé Seth Quintero qui a entamé avec zèle sa carrière en Ultimate, signant le deuxième chrono alors que le temps ne sera pas pris en compte au classement général.

Le jeune Américain a employé la manière forte pour avoir l’opportunité de choisir une position de départ avantageuse demain matin, tout comme Sébastien Loeb (3ème). Les frères brésiliens Marcos et Cristian Baumgart font une entrée remarquée sur le Dakar avec les 4ème et 5ème temps, mais le tenant du titre Nasser Al-Attiyah a en revanche payé une petite erreur de navigation qui fait peut-être ses affaires. Avec le 12ème temps, il héritera de la 12ème place au départ, bien plus favorable que s’il avait terminé 10ème et donc très probablement contraint à ouvrir la piste sur l’étape 1. Une mini-mésaventure similaire est arrivée à Guerlain Chicherit (voir réaction), avec une issue tout aussi heureuse puisqu’il se classe 11e. Il n’est pas nécessaire de descendre très loin dans le classement pour trouver le premier Challenger, puisque le 13ème temps scratch a été réalisé par Eryk Goczal, dont on connaît déjà la capacité a démarrer très fort. Le minot de Cracovie domine d’entrée sa nouvelle catégorie avec 20 » sur son oncle Michal, au volant d’une machine qui débute en fanfare sur le Dakar, puisqu’avec les autos de Nicolas Cavigliasso (4ème) et Mitch Guthrie (5ème), quatre Taurus figurent dans le Top 5 du jour, entourant l’ex-OT3 de GRallyTeam piloté par Kris Meeke (3ème).

Un air de renouveau souffle également en SSV, puisque Xavier de Soultrait, qui s’était imposé à moto sur une étape au Pérou en 2019 (7e au général), poursuit sa reconversion avec succès et s’est montré le plus rapide. L’écurie Sébastien Loeb Racing lui a confié un RZR Polaris, la marque qui a lancé les SSV sur le Dakar, mais ne s’était plus imposée depuis 2018. De Soultrait devance le favori Joao Ferreira, mais la performance de Polaris est soulignée par la troisième place de Florent Vayssade, le coéquipier du vainqueur du jour.

En définitive, le seul tenant du titre qui navigue au sommet du classement du jour est le camionneur Janus van Kasteren, plus rapide qu’Ales Loprais pour 16 ». Le match Hollande vs République tchèque est lancé.

LA PERF’
Les fratries sur le Dakar, c’est une vieille histoire depuis les frères Marreau vainqueurs avec leur R20 Turbo jusqu’à Kevin et Luciano Benavides, animateurs majeurs l’année dernière à moto. Aujourd’hui, c’est une autre paire familiale qui a crevé l’écran, cette fois-ci venue du Brésil, en prenant la 4ème et la 5ème place du prologue juste derrière Sébastien Loeb et devant le revenant Krzystof Holowczyc. Marcos et Cristian Baumgart, qui ont remporté à cinq reprises le Rally dos Sertoes, la course de référence en tout-terrain au Brésil, avaient déjà fait une apparition remarquée sur le Dakar en 2019.

Sur cette épopée péruvienne, les deux pilotes de Sao Paulo étaient inséparables, terminant l’épreuve en 6ème et 7ème position de la catégorie SSV. Cette année, ils passent à la vitesse supérieure et attaquent sur les chapeaux de roues en Ultimate. Du côté de l’aîné, Cristian, la préparation au Dakar a commencé dès le Sonora Rally avec une 7ème place, puis sur le Rallye du Maroc (19ème) ; tandis que son jeune frère Marcos a enchaîné sa deuxième place au Sertoes, derrière qui vous savez, par une 7ème place au Rallye du Maroc. Manifestement, les frangins ont bien pris en mains le Hunter T1+ de chez ProDrive. Voilà qui promet.

LE COUP DUR
Skyler Howes a du mal à se remettre en selle. Pour le cowboy de l’Utah, les prologues se suivent et se ressemblent. Sur la Honda officielle depuis le Rallye du Maroc, l’Américain fait plus de rodéo que de cavalier seul vers une progression qu’il avait amorcée il y a un an. Sur le Dakar 2023, alors chez Husqvarna, il s’était permis d’occuper la tête du Dakar en fin de première semaine avant de finir à Dammam sur la troisième place du podium. Pour sa première sortie sur la moto japonaise en octobre dernier, Skyler avait chuté dans le prologue, ne rejoignant même pas l’arrivée de ce galop d’essai. Aujourd’hui, le pilote Monster Energy Honda a une nouvelle fois mordu la poussière. Par chance cette fois, il s’est relevé avant de se perdre dans les canyons d’AlUla, road book devenu muet. 44ème à 5’10 de son coéquipier Schareina, Howes a pointé ses moustaches à l’arrivée en dernière position de la catégorie Rally GP. L’officiel HRC devra très certainement ouvrir la piste demain. Une position peu enviable sur une étape annoncée longue et difficile qu’il sera compliqué de réaliser en cavalier seul. Mais les bonus lui semblent promis sur le début de la spéciale. Maigre consolation pour le mercenaire de l’étape 1 de demain qui n’aura pas d’autre choix que d’attaquer la banque.

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