Dakar Carlos Sainz : « Se fixer un objectif est presque impossible »

Carlos Sainz, Lucas Cruz

Carlos Sainz, 59 ans, admet qu’il fait face à l’un des défis les plus complexes de sa fructueuse et longue carrière de pilote. Le Madrilène est double champion du monde des rallyes (1990 et 1992) et triple vainqueur du Dakar (2010, 2018 et 2020). Il a rejoint Audi Sport début 2021 pour développer et peaufiner le prototype 4×4 à moteur hybride (deux moteurs électriques Formula E MGU05 et un moteur TFSI 2.0 DTM), que le constructeur allemand a créé, avec l’intention de devenir la première voiture à moteur électrique à remporter le rallye. Sainz est une légende du rallye, bien que ses activités sportives aient débuté dans un sport très différent, le squash, dans lequel il a été champion d’Espagne à l’âge de 16 ans. Son obsession du détail et sa

recherche de la perfection sont deux caractéristiques qui l’ont toujours défini depuis qu’il a commencé à piloter une voiture de rallye au début des années 1980. C’est ce souci du détail qui a marqué toute une génération de fans. Ses deux titres WRC et ses 26 victoires en championnat ont changé à jamais le modus operandi des pilotes de rallye internationaux en termes de préparation physique et de connaissances techniques. À tel point que lors d’un vote sur le site officiel du championnat du monde des rallyes en 2020, les fans du monde entier l’ont élu meilleur de tous les temps, devant Sébastien Loeb, neuf fois champion du monde des rallyes. Les aventures de Sainz dans les déserts ont commencé en 2006, lorsqu’il a piloté pour Volkswagen lors des deux dernières éditions du Dakar en Afrique. Cependant, ce n’est qu’en 2010, en Amérique du Sud, que lui et son copilote de longue date Lucas Cruz ont eu le plaisir de soulever le célèbre trophée Touareg. Le duo a remis ça avec

Peugeot en 2018 et avec MINI X-Raid en 2020. Cette année, avec leurs coéquipiers Stéphane Peterhansel, Matthias Ekström, Édouard Boulanger et Emil Bergkvist, ils ont développé la nouvelle Audi RS Q e-tron à l’occasion de plusieurs séances d’essais au Maroc, en Espagne et en Allemagne. Ils prendront néanmoins le départ du Dakar 2022 sans avoir jamais couru avec la nouvelle voiture. C’est l’une de leurs principales préoccupations, mais leurs rivaux -Bahrain Raid Xtreme/Prodrive et Toyota- ont également dû adapter leurs véhicules de 2021 à la nouvelle réglementation T1+, sous l’égide de la Fédération Internationale de l’Automobile. ‘El Matador’ est plus motivé que jamais, et Cruz et lui rêvent d’accomplir le plus grand défi de leur vie : gagner le Dakar avec un quatrième constructeur différent, et ce dès la première année du projet le plus ambitieux, technologiquement parlant, de leur vie.

Carlos Sainz : « Ce nouveau projet est l’un des plus importants de ceux dans lesquels j’ai été impliqué depuis que j’ai commencé à courir, notamment en raison de la complexité de lancer une voiture hybride avec un moteur électrique sur une course telle que le Dakar. En ce sens, c’est excitant, et à ce stade de ma carrière, c’est une motivation suffisante de faire partie d’un tel projet.
« En ce qui concerne la compétitivité, il est difficile de se fixer un objectif avant le début de la course. C’est presque impossible. Pour deux raisons. Lancer une nouvelle voiture est toujours compliqué, et celle-ci d’autant plus car la question de la fiabilité sera un facteur déterminant. De plus, nous ne savons pas comment elle va se comporter, ni même quelle vitesse elle pourra tenir car nous n’avons participé à aucun rallye avant ce Dakar, et nous ne nous sommes donc jamais mesurés à la concurrence. Mais nous devons viser le meilleur, et nous espérons que tout se passera bien, que nous serons compétitifs et fiables. »

Lucas Cruz : « S’engager dans un projet comme celui d’Audi est unique car cela implique de travailler avec une marque qui a un héritage inégalé. C’est super qu’ils aient voulu développer un tel projet aussi innovant. Participer au développement d’une telle technologie est quelque chose de très spécial dont on peut être très heureux et, surtout, qu’il faut savoir apprécier. Nous étions ravis du comportement de la voiture lors des séances d’essais, malgré la difficulté et la complexité de sa gestion. Tout s’est mis en place pour créer un véhicule compétitif.
« La priorité sera d’aller au bout, car le simple fait de prendre le départ d’une telle course est déjà un succès. Le reste est inconnu. Nous ne savons pas ce qui va se passer, comment tout va fonctionner, qui seront nos rivaux, ni notre position exacte, car nous n’avons pas couru du tout avant cette édition. L’histoire dit qu’il est difficile pour une nouvelle voiture d’obtenir de bons résultats dès sa première année. »

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