Dakar: Vous en reprendrez bien pour une seconde semaine ?

Le premier Dakar organisé en Arabie Saoudite a rejoint la capitale Riyadh après six étapes, avec 262 véhicules (108 motos, 15 quads, 65 autos, 34 SSV et 40 camions), soit 77 % des partants de Jeddah il y a une semaine. Parmi les 80 abandons, 39 pilotes ont choisi d’utiliser leur joker pour poursuivre l’aventure et participer aux étapes restantes dans le cadre de la Dakar Experience.

Alors que le rallye se dirige vers les dunes de ‘l’Empty Quarter’ où de nombreux rebondissements sont envisageables, les différents leaders s’engagent avec des perspectives de victoire variables selon les catégories : Ricky Brabec a pris une option pour devenir le premier vainqueur américain à moto, Carlos Sainz peut envisager un troisième titre en autos, ce qui se profile encore plus clairement pour Ignacio Casale en quads. En SSV, ‘Chaleco’ Lopez a pris un avantage maigre sur la concurrence, tandis que l’écurie Kamaz reste la grande favorite en camions malgré l’abandon de leur leader Eduard Nikolaev.

Moto : Brabec a pris une option
Et si Ricky Brabec tenait enfin sa première victoire sur le Dakar ? Avec vingt minutes d’avance au cap de la mi-course sur Pablo Quintanilla et un peu plus sur Toby Price et Jose Ignacio Cornejo, l’Américain se garde bien de chanter victoire. Chat échaudé craint l’eau froide. Contraint à l’abandon lors des trois dernières éditions, Ricky sait que rien n’est joué tant que la dernière spéciale n’est pas bouclée. Et avec encore six étapes à avaler, bien des choses peuvent arriver. Ce qui est sûr, c’est que le gaillard a parfaitement tenu son plan de marche sur une première partie de rallye qu’il savait à son avantage, avec un terrain technique et cassant qui ressemble à ses pistes d’entraînement en Californie, où il a évité les pièges et imposé son rythme. En tête du général depuis la troisième étape autour de Neom, il a discrètement posé sa patte sur ce premier Dakar en Arabie saoudite. Une belle première moitié de rallye qui nourrit les espoirs de l’équipe Honda, privée de victoire depuis plus de trente ans.

Bien épaulé par Cornejo et Barreda qui monte en puissance au fil des jours (Kévin Benavides étant sorti du jeu sur une casse moteur dans l’étape de Riyadh), Brabec est en train de faire trembler la maison KTM, tenante du titre depuis 19 ans. Vainqueur de la dernière édition au Pérou, Toby Price s’est adjugé deux étapes mais a manqué de régularité et a détruit son pneu arrière entre Ha’il et Ryadh, où il a lâché plus d’un quart d’heure à Brabec. Plus ennuyeux pour KTM, Sam Sunderland a dû abandonner lors de la cinquième étape après une lourde chute. Le constructeur autrichien peut néanmoins compter sur Pablo Quintanilla qui se tient en embuscade avec sa Husqvarna. Cette première moitié de rallye aura par ailleurs été fatale à l’équipe Yamaha qui a perdu, coup sur coup et sur blessures Adrien Van Beveren et Xavier De Soultrait.

Dans la catégorie ‘Original by Motul’, 28 des 41 motards engagés sans assistance sont encore dans le classement général à mi-course, emmenés par le Roumain Emmanuel Gyenes avec une bonne heure d’avance sur Florent Vayssade et 1h43’’ sur Benjamin Melot.

Quad : Casale au-dessus du lot
Au départ de ce premier Dakar sur le continent asiatique, on s’attendait à un duel entre Ignacio Casale et Rafal Sonik, les deux anciens vainqueurs du plateau. A la mi-course, la bagarre entre le Chilien et le Polonais a tourné court, le premier devançant le second d’une heure et quart. Impérial, Casale s’est d’emblée solidement installé aux commandes du classement général en remportant les deux premières étapes menant la caravane du rallye de Jeddah à Neom. Sonik a tenté de résister avant de lâcher prise au fil des jours. Après une dernière édition en Amérique du sud disputée au volant d’un SSV et qui s’était soldée par un abandon, Casale est en train de réussir son comeback dans la catégorie quads qu’il avait remportée en 2014 et en 2018. Derrière le Chilien, c’est le surprenant Simon Vitse qui pointe en deuxième position à 38 minutes du leader. Grièvement blessé en 2018, le Français avait dû faire l’impasse l’an dernier sur le Dakar péruvien. Le voilà revenu au mieux de sa forme avec une victoire décrochée lors de la sixième étape. Derrière Rafal Sonik, troisième au général, c’est un autre Français qui pointe en quatrième position en la personne d’Alexandre Giroud.

Carlos Sainz et Stéphane Peterhansel © Red Bull

Autos : le duel à trois est lancé !
Vaidotas Zala a écrit une page d’histoire. Il restera à jamais le premier vainqueur d’étape en autos de l’ère moyen-orientale du Dakar. Cette première victoire lituanienne n’a pas été suivie d’effet, les protagonistes les plus réguliers de l’épreuve ayant rapidement repris le contrôle de la situation. Au rayon statistiques, c’est un métronome d’exception, Giniel De Villiers, qui s’offrait dès le lendemain le plaisir de devenir le premier vainqueur d’étape sur trois continents différents. Depuis, il a été imité par Carlos Sainz puis Stéphane Peterhansel, qui ont ajouté deux victoires chacun à leurs palmarès respectifs, l’Espagnol creusant également un avantage intéressant à la journée de repos tandis que le

Nasser Al-Attiyah © Red Bull

Français paye quelques erreurs de navigation qui le relèguent en 3ème position du classement général, à une distance toujours raisonnable de 16 minutes de son coéquipier chez Mini X-Raid. Entre deux, le duel attendu avec les Toyota est bien mené par Nasser Al Attiyah : à défaut de fulgurances au volant de son Hilux, le tenant du titre récolte les fruits pas encore tout à fait mûrs de sa constance et atteint Riyadh avec un retard de 7’48 sur Sainz. Le Qatarien fait mine de trépigner, mais attend peut-être les grandes étapes de dunes de la deuxième semaine pour placer son devancier sous pression et le pousser à la faute.

Les trois anciens vainqueurs (19 titres au total) qui occupent les trois premiers rangs ont peut-être écarté la concurrence. Mais le chouchou du pays, Yazeed Al Rajhi, posté en 4ème position à 36’48 du ‘Matador’, peut toujours fantasmer d’un scénario-fiction aboutissant à un carnage en règle. Un objectif plus réaliste consiste à viser une place sur le podium, envisageable y compris à la régulière, la 3ème place n’étant qu’à 20 minutes. C’est aussi une perspective qui pourrait se dessiner en faveur de tous qui se trouvent à moins d’une heure de Sainz : Orly Terranova (à 43’54), Mathieu Serradori (à 50’21) et Giniel de Villiers (à 55’41). Dans le clan des ‘perdants’ qui ne pourront plus exister au général, il reste encore à chasser les étapes pour le du Fernando Alonso-Marc Coma (16ème à 3h18, 1er rookie!), Nani Roma (28ème à 6h34) ou Jakub Przygonski (38ème à 8h25). Un plaisir auquel ne peut même plus prétendre Romain Dumas le malheureux du premier jour dont l’auto a brûlé après 65 km de spéciale.

Francisco Chaleco Lopez © Red Bull

SSV : ‘Chaleco’, tout en contrôle
On ne connaissait pas Aron Domzala. Mais le Polonais s’est invité au palmarès en remportant la première spéciale, avant une journée mécaniquement cauchemardesque qui l’a exclu des débats au général, et des petits ratés rageants qui l’ont empêché de faire gonfler son CV : 11 » de moins que Farres sur une spéciale, et 19 » de moins que Cyril Despres le lendemain. Le quintuple vainqueur à moto, bien qu’éliminé du classement général après avoir cassé son moteur, continue l’aventure avec Mike Horn en Dakar Experience, ce qui lui a permis de devenir le premier vainqueur de spéciales dans trois catégories différentes dans l’histoire du Dakar (motos, autos, SSV). Le programme dans lequel il s’est impliqué avec RedBull porte déjà ses fruits puisque le jeune Américain Mitch Guthrie s’est lui imposé sur une étape. Pour autant, le tenant du titre Francisco ‘Chaleco’ Lopez détient toujours les clés de la maison SSV : il roule au sommet de la hiérarchie, avec une dizaine de minutes d’avance sur l’Américain Casey Currie, possiblement capable de rivaliser pour la gagne d’ici la semaine prochaine, tout comme l’ancien vainqueur en quads Sergei Kariakin.

Camions : les Kamaz oui… mais sans Nikolaev
La maison bleue est en place. Pour autant, la perspective d’un cinquième titre pour Eduard Nikolaev s’est éloignée dès le premier jour de course avec un retard de près de quatre heure. L’écurie russe a toujours fait de la force collective son principal argument et la règle se vérifie encore une fois. Andrey Karginov, Anton Shibalov et Dmitriy Sotnikov se sont partagés quatre des six étapes, les deux premiers menant avec assurance le classement général de la catégorie. Karginov, vainqueur en 2014, peut donc éventuellement se permettre une défaillance sans mettre en péril les intérêts de Kamaz. La réelle menace se situe en effet à 36 minutes avec Siarhei Viazovich et son camion Maz. Ales Loprais se trouve quant à lui en embuscade, 4ème et en position de retrouver le podium qu’il a fréquenté pour l’unique fois en 2007 (3ème).

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