Mark Webber, un gentleman driver

Mark Webber prend sa retraite © DR

Mark Webber, pilote officiel Porsche depuis 2014 a annoncé sa retraite sportive à la fin de la saison 2016. Le Champion du Monde d’Endurance en titre, réputé pour être un gentleman, suivra désormais les courses depuis les stands.

 

Comme Allan McNish et Tom Kristensen avant lui, Mark Webber part au sommet de sa forme. Certes, son palmarès en endurance n’est pas aussi étoffé que celui du tandem dano-écossais, mais sa carrière en endurance n’aura pas été aussi longue, même si ses débuts aux 24 Heures du Mans remontent à 1998. Soit quatre ans seulement après avoir goûté pour la première fois au sport automobile !

Une performance rare pour un pilote qui, comme le double vainqueur des 24 Heures du Mans Alexander Wurz, a failli tout arrêter faute de moyens. Fort heureusement, l’un des compatriotes de Mark Webber, la légende du rugby David Campese, a cru en lui et l’a aidé financièrement.

L’Australie étant une terre lointaine, les jeunes pousses n’ont qu’une seule issue pour tenter de percer : l’expatriation, souvent en Europe pour ceux qui visent la F1, ce qui signifie quitter sa famille à un très jeune âge. C’est ainsi que Mark Webber s’est retrouvé à moins de 20 ans au Royaume-Uni pour disputer le très relevé championnat britannique de Formule Ford, dont il devient vice-champion en 1996.

Après un an de F3, grâce à David Campese, il est repéré par Mercedes, qui l’enrôle en 1998. Vice-champion de FIA GT1 avec cinq victoires, il prend le départ des 24 Heures du Mans pour la première fois, avec des coéquipiers de renom : Bernd Schneider, qui deviendra par la suite, avec cinq titres, « Monsieur DTM », le championnat allemand de super-tourisme, et Klaus Ludwig, triple vainqueur des 24 Heures du Mans. Bien que parti de la pole, le trio est l’un des premiers équipages à abandonner, mais ce n’est que partie remise espère-t-on dans le clan du constructeur à l’étoile.

Las, rien ne se passe comme prévu et la Mercedes CLR de Mark Webber s’envole lors des essais et du warm-up des 24 Heures du Mans 1999. Privé de départ, il assiste au looping de son équipier Peter Dumbreck en course. Le constructeur de Stuttgart renonce et quitte l’endurance. Comme Mark Webber, qui trouve un volant en F3000, alors antichambre de la F1.

Troisième à l’issue de la première année, le natif de Queanbeyan décroche une nouvelle fois le titre honorifique de vice-champion en 2000, mais ses trois victoires attirent l’attention de Giancarlo Minardi, propriétaire de l’écurie du même nom en F1, qui n’a pas son pareil pour dénicher les jeunes talents. Et Mark Webber n’en manque pas puisqu’à la surprise générale, il marque les points de la cinquième place dès son premier Grand Prix, chez lui, en Australie, avec sa plus que modeste Minardi qu’il troquera pour une Jaguar dès l’année suivante.

Après deux ans avec le félin britannique, Mark Webber intègre une écurie Williams pas au mieux de sa forme. Malgré des modestes montures, l’Australien a tout de même réussi à mener un Grand Prix, même s’il ne totalise qu’un seul podium en 2005. La chance lui sourit en 2007 lorsqu’il signe avec la jeune équipe Red Bull Racing, qui vient de racheter Jaguar.

Les débuts sont difficiles, avec un seul podium la première année, mais la formation de Dieter Mateschitz, propriétaire de la boisson énergisante, monte en puissance. La délivrance vient au Nürburgring, en 2009, pour Mark Webber avec une première victoire au Grand Prix d’Allemagne, puis une seconde à Interlagos, au Brésil. Prélude à un titre de Champion du Monde ? C’est sans compter sur l’ascension fulgurante du prodige Sebastian Vettel. Pendant que ce dernier rafle quatre couronnes d’affilée entre 2010 et 2013, l’Australien termine troisième du championnat à trois reprises et même sixième en 2012.

Fin 2013, Mark Webber décide qu’il est temps d’aller voir sous d’autres cieux et annonce son arrivée chez Porsche, qui doit faire son grand retour dans la catégorie reine de l’endurance en Championnat du Monde d’Endurance (WEC) en 2014. Bien lui en a pris ! Si l’Austalien, comme ses équipiers essuie les plâtres la première année, il connaît la consécration en 2015. Deuxième des 24 Heures du Mans, il est, enfin, sacré Champion du Monde, avec ses coéquipiers Timo Bernhard et Brendon Hartley, à la fin de l’année. Arborant désormais le n°1, la Porsche 919 Hybrid n’en connaît pas moins un début de saison 2016 difficile, y compris aux 24 Heures du Mans, mais le trio saura rebondir pour offrir à Porsche trois victoires d’affilée au Nürburgring, à Mexico et à Austin.

Malgré un comportement exemplaire en piste et dans le paddock, Mark Webber est un guerrier et ne lâche rien. Pour preuve, à la question : aimez-vous le circuit des 24 Heures du Mans ? La réponse fut claire et nette : « je l’aimerai quand j’aurai gagné ! » Ce sera pour une autre vie…

Cécile Bonardel,

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