Rallye du Maroc Étape 1 : 3 Honda et 3 Toyota, qui dit mieux ?

ROAD BOOK
Étape 1 : Menu gastronomique
Distances (km) : L1: 143 / SS: 288 / L2 : 11 – Total : 442

Entrée, plat, fromage et dessert, voilà le menu copieux qui attendait les concurrents de la première étape qui sont rentrés d’emblée dans le vif du sujet. Après un départ rapide vers M’Hamid en guise de hors d’œuvres sur les 80 premiers kilomètres, David Castera avait annoncé le premier défi de cette 21ème édition : 30 kilomètres de dunes dans l’Erg Chegaga, le plat de résistance du jour. S’en suivait une alternance de pistes tantôt sablonneuses tantôt en dur jusqu’au CP1. En dessert, le retour était programmé sur des pistes plus caillouteuses, mais aussi plus sinueuses que le matin, jusqu’à l’arrivée à 10 kilomètres du bivouac.

EN PISTE
Chez les motos, à la difficulté habituelle d’ouvrir la piste, s’est ajoutée une tempête de sable à la sortie des dunes de l’Erg Chegaga. Un imprévu qui a permis aux pilotes Honda, partis stratégiquement en retrait, d’empocher rapidement les dividendes de leur pari de la veille. Arrivé dans les dunes, Joan Barreda (Monster Energy Honda) est resté imperturbable devant la situation et a guidé ses coéquipiers Ricky Brabec et Pablo Quintanilla sur la bonne voie, tout droit vers un podium d’étape entièrement rouge. Les grands perdants du jour sont les deux pilotes partis en 2ème et 3ème position ce matin. Toby Price (Red Bull KTM Factory) et Ross Branch (Monster Energy Yamaha Rally) qui perdent chacun environ 47 minutes après s’être perdus au kilomètre 120. En Rally2, le rookie américain Mason Klein (KTM BAS) signe le meilleur temps moto tandis que le russe Aleksandr Maksimov (Yamaha 700 Raptor) remporte le classement des quads. En Enduro Cup Afriquia, bis repetitas. Le quad d’Axel Dutrie (Yamaha Drag’on) a fait mouche comme hier tandis qu’à moto c’est à nouveau le marocain Amine Echiger (KTM OCP) qui s’impose.

Parti en 10ème position chez les autos comme il l’avait choisi après sa victoire d’hier, Nasser Al-Attiyah (Toyota Gazoo Racing) a d’abord perdu du temps dans la poussière avant de doubler quatre concurrents dans les dunes et de remporter l’étape avec 04:16 sur Yazeed Al Rajhi (Toyota Overdrive) et devant un autre coéquipier Ronan Chabot (Toyota Overdrive), troisième à 14:30. Écartés de la bagarre, Jakub Przygonski (X-Raid Mini) qui occupait la 2ème place jusqu’au kilomètre 82 a cassé une suspension et Mathieu Serradori (SRT) qui pointait 3ème au kilomètre 176 ont tous les deux été contraints de s’arrêter en piste pour raisons mécaniques. Chez les véhicules légers prototypes T3, Cristina Gutierrez (Red Bull Off Road Junior Team) remporte sa catégorie mais signe aussi la 8ème place scratch à 27:02 du leader, talonnée par Michal Goczal (Energylandia Rally Team), premier T4 et 10e scratch à 18 secondes derrière la pilote espagnole.

RADIO BIVOUAC
Ceux qui suivent notre sport savent que le rallye-raid est plus populaire dans certains pays que dans d’autres. Ce que certains ignorent peut-être, c’est que la Lituanie est le pays où l’on compte le plus de fans de rallye-raid par habitant au monde ! Si ce pays Baltique ne compte pas de désert sur son territoire, 84% de ses 2,8 million d’habitants se déclarent passionnés par le Dakar. De quoi pensez-vous que, en dépit de son jeune âge, rêve le champion d’Europe de Rallycross d’origine lituanienne ? Participer au Dakar, évidemment ! Et c’est bien ce que Rokas Baciuska a l’intention de faire du haut de ses 21 ans. Mais les choses ne sont pas aussi simples que cela. Il faut d’abord trouver le bon copilote. Et pour ça, Rokas a décroché le gros lot avec l’ex pilote officiel moto Hero Motorsports Oriol Mena qui sait non seulement lire un road book mais aussi trouver les bonnes lignes dans les dunes. Il faut ensuite avoir le bon véhicule pour permettre à cette association de talents de s’exprimer. Et là encore, Rokas semble avoir visé dans le mille en se rapprochant de South Racing et de leur T4 Can-Am Maverick. Reste alors à accumuler des kilomètres. C’est ce que le nouvel équipage a réalisé à la Baja Aragon et à celle de Pologne où ils ont régulièrement pointé dans le top 3. Mais où ils ont aussi parfois confondu vitesse et précipitation et goûté aux sorties de piste et aux pénalités. C’est pour parfaire leur préparation qu’ils se sont engagés au Rallye du Maroc : « Mon Can-Am South Racing a beau avoir moins de puissance que la voiture de Rallycross à laquelle j’étais habitué, je prends beaucoup de plaisir à le piloter. J’ai enfin eu l’opportunité de l’essayer dans les dunes et j’attendais ce moment avec impatience. Je sais que je dois être plus régulier, mais dès que j’aurais acquis cette expérience du rallye-raid, je sais que je serai compétitif. »

CHIFFRE DU JOUR : 2300
C’est la largeur en millimètres du nouveau Toyota GR DKR Hilux T1+ développé par Gazoo Racing. Il s’agit du premier T1+ de l’histoire à s’aligner en test en course. Les quatre équipages officiels Gazoo Racing du prochain Dakar en seront équipés, dont Nasser Al-Attiyah. Voilà les nouveaux plus du Hilux T1+ :
– roues de 37 pouces (contre 32 en T1) et bande de roulement de pneu de 320 mm (contre 245 mm en T1, soit + 75 mm). Des dimensions identiques à celles des deux roues motrices.
– débattements de suspension de 350 mm (contre 280 mm en T1, soit + 70 mm)
– largeur 2300 mm (contre 2000 mm en T1, soit + 30 cm). Les deux-roues motrices sont limitées à 2200 mm.
La version utilisée cette semaine par Erik Van Loon et Sébastien Delaunay reste équipée du moteur 5.0L V8 de 320 ch et 520 Nm. Il s’agit de celui apparu en 2018 et vainqueur du Dakar 2019. Un second moteur 3,5L V6 biturbo provenant du Toyota Land Cruiser 300 GR-S équipera aussi certains Hilux dès janvier prochain. Un nouveau bloc qui développe d’origine 415 ch et 650 Nm. Ces deux options de motorisation seront disponibles au choix. Le V8 n’a donc pas fini de rugir dans le désert.

LE RALLYE DU MAROC ET MOI
Mathieu Serradori – Century CR6 SRT
Où ?
« C’était ici, à Zagora. C’était ma première expérience en rallye, j’étais amateur complet en Enduro Cup et sans assistance. Je venais du supermotard, de l’enduro et du motocross. »

Quand ?
« C’était en 2007. Je suis revenu en 2008, cette fois sur une moto de rallye avec trois copains pour préparer le Dakar qui a finalement été annulé. J’ai ensuite fait 3 Dakar à moto de 2009 à 2012. J’ai même terminé 2ème français à la 20ème place en 2010 lorsque Cyril Despres gagne ! En 2014 je suis revenu au Rallye du Maroc et j’ai commencé mon parcours sur quatre roues. »

Comment ?
« Je me souviens très bien de ma première participation. Le plus impressionnant, c’était l’entrée dans les dunes pour la première fois, j’avais la boule au ventre. Pour moi, le Maroc c’est le terrain et l’essence même du rallye-raid. Si le Dakar a la renommée qu’il a aujourd’hui, je pense que c’est un peu parce qu’il a traversé le Maroc durant des décennies. »

DÉCLARATIONS
Joan Barreda (Monster Energy Honda) – vainqueur : « Je suis content. Ce n’était pas facile au début à cause de la poussière des autres pilotes devant moi. Puis quand nous sommes arrivés dans les dunes, j’ai pu hausser le ton et trouver un bon rythme. Après les dunes, j’ai rattrapé un paquet de pilotes qui étaient désorientés, mais je suis resté calme et j’ai trouvé la bonne direction et économisé beaucoup de temps. La suite était plus rapide et à l’arrivée je fais une bonne étape. »

Ricky Brabec (Monster Energy Honda) – 2ème à 01:10 : « C’était une longue journée. Partir devant aurait été dur. C’était très venteux. A un moment j’ai même pensé que l’étape allait être annulée tellement on n’y voyait pas à dix mètres. J’allais vraiment lentement, le vent était vraiment fort… quand j’ai aperçu Joan (Barreda) et on s’en est sorti. Maintenant, il reste quatre jours de course et demain est encore une grosse journée. »

Toby Price (Red Bull KTM Factory) – 25ème à 47:53 : « On ouvrait la spéciale lorsqu’entre le kilomètre 120 ou 130 on a été pris dans une tempête de sable. J’étais vraiment mal. Les autres derrière nous ont rattrapé et on a commencé à faire des allers-retours pour tenter de trouver une piste indiquée sur le road-book. Je me suis perdu à la sortie d’un oued. J’ai laissé filer environ 40 minutes, peut-être un peu plus. Une journée difficile, pas la meilleure manière de débuter le Rallye du Maroc, mais il reste encore 4 jours de course et je vais tâcher de continuer à tester la nouvelle moto et de rester sur mes roues. »

Nasser Al-Attiyah (Toyota Gazoo Racing) – vainqueur : « Ce n’était pas une étape facile. 300 kilomètres avec du sable mou au milieu de la spéciale suivi d’une dernière partie plus dur avec des pierres. Mais nous avons fait du bon travail, sans aucune crevaison. Je pense que c’est une bonne façon de débuter la course. Demain sera encore une longue étape mais on va essayer de faire de notre mieux. Honnêtement, ce n’était pas une si bonne idée que ça de partir en dixième position ce matin. Il y avait trop de poussière et nous avons dû attendre d’arriver dans les dunes pour passer quatre autos. »

Mathieu Serradori (SRT) : « Nous avions un bon rythme ce matin et on s’est bien sorti des dunes dans lesquelles j’ai attaqué. On a même fini par ouvrir la piste un moment et Loïc (Minaudier) a fait un super boulot. Je suis déçu car nous avions de quoi nous battre pour le podium de cette édition. On va laisser les mécaniciens changer le moteur ce soir et on va repartir demain matin. On va en profiter pour essayer des nouvelles choses sur l’auto, comme des pneus en 35 au lieu de 37 pour compenser l’effet de la nouvelle bride qui nous a causé des problèmes aujourd’hui. »

PROGRAMME DE DEMAIN
Distances (km) :
L1: 211 / SS: 334 / L2 : 62 km – Total : 607 (Moto FIM / Auto FIA)
L1: 211 / SS: 318 / L2 : 62 – Total : 591 (Enduro Cup / Quad / SSV / Open)

PUBLICITÉ