Les FIA Motorsport Games, qui transposent l’esprit des J.O. dans l’univers des sports mécaniques, se sont déroulés cette année en Espagne sur le circuit Ricardo Tormo à Valencia. La Turquie avait confié à Schumacher CLRT Racing Team la mission de représenter ses couleurs dans la catégorie GT Sprint disputée par un seul pilote sur une unique course de 40 minutes. Ayhancan Güven, qui fait partie de l’effectif de l’équipe en GT World Challenge Europe Endurance, a remporté une épreuve longtemps indécise, sur un dépassement à couper le souffle au 22e des 26 tours. Cet exploit restera dans les annales du team qui a ainsi décroché sa toute première victoire en GT3 !
Le programme est concentré sur une seule journée. La séance d’essais libres matinale révèle que le pilote turc et sa Porsche 911 GT3 R auront fort à faire avec les Mercedes-AMG de l’Allemagne, qui a gagné la veille la course de GT en duo, et de l’Espagne devant son public.
Deuxième sur cette première feuille de temps, Ayhancan Güven se hisse en tête d’une séance de qualification qui a fait hésiter plusieurs équipes sur le choix des pneus. La piste est en effet encore bien humide au feu vert mais l’état-major de Schumacher CLRT Racing Team et son pilote misent d’entrée de jeu sur les slicks. Une fenêtre d’exploitation favorable est atteinte en fin de séance et Ayhancan Güven signe le meilleur temps. Il gagne ainsi le droit de s’élancer en dernier pour les deux tours lancés de la Super Pole… Où là encore, il devance l’Allemagne et l’Espagne !
Pourtant la Porsche rouge et blanc se voit reléguée en fond de grille pour la course aux médailles, un coup de théâtre si improbable qu’il est préférable de laisser le team-manager Côme Ledogar nous en expliquer le contexte : « Les organisateurs ont posé quatre voitures représentant les différentes disciplines sur un lac artificiel pendant deux jours et deux nuits, dont la nôtre. Mais il a plu pendant deux jours sur la voiture qui s’est donc remplie d’eau par tous les orifices. Quand on l’a récupérée, on l’a vidée autant qu’on a pu, en démontant des pièces, en épongeant. Puis nous l’avons amenée au contrôle technique, elle a été pesée, le poids était bon, les commissaires ont scellé le lest et on est retournés à la structure. Là, on l’a épongée encore, à droite, à gauche, on a trouvé de l’eau stagnante ici et là, sans penser au poids. Après, elle a dû perdre encore du poids en roulant et quand on est arrivés au contrôle après la super pole, la voiture était trop légère. On n’a pas fait une grosse erreur, personne n’est à blâmer dans l’équipe mais ça nous donne une bonne leçon. »
On pourrait presque trouver l’anecdote amusante… enfin, surtout maintenant que l’on sait comment la journée s’est terminée ! Les chances de remporter une médaille sont devenues réelles quand Ayhancan Güven a rejoint la Mercedes espagnole, qu’il a rapidement dépassée pour revenir dans le sillage de l’allemande au tiers de la distance. Le Stambouliote a longuement observé son rival avant de lui mettre la pression et de le surprendre à cinq minutes du drapeau. « Je n’étais pas beaucoup plus rapide mais dans un virage précis j’étais beaucoup mieux et c’est là que je l’ai attaqué » a-t-il déclaré juste après l’arrivée.
Côme Ledogar ne fut pas le moins admiratif : « Ayhancan a compensé notre erreur avec la manière. C’est un pilote de haut niveau, un pilote officiel Porsche, qui fait le DTM… et aussi un être humain exceptionnel qui n’a pas reproché quoi que ce soit à qui que ce soit. »
A Valencia, l’or n’était pas sur la livrée de la voiture… mais autour du cou du pilote ! Elle fera l’objet d’une nouvelle séance de stickage avant son rendez-vous avec la Coupe du Monde FIA GT dans le cadre du 71e Grand Prix de Macao du 14 au 17 novembre.
Romane Didier,