Le Mans, circuit des 24 Heures. Ce rendez-vous avait été souligné, surligné sur l’agenda des concurrents du Lamborghini Super Trofeo Europe. Quel pilote ne rêve pas de se confronter à ce monstre sacré, ce juge de paix, face à des tribunes pleines de fans de la plus grande épreuve d’endurance au monde disputée cette année encore à guichets fermés ? Mais Le Mans écrit aussi des scénarios à suspense, rend les courses plus incertaines qu’ailleurs et chaque virage est une aventure en soi. Pour ses débuts sur ces 13626 mètres de légende, Joran Leneutre a connu tout cela au volant de son Huracàn, sans oublier de montrer l’évidence de sa pointe de vitesse et l’étendue de sa détermination !
Les 51 voitures prennent une première fois la piste le mercredi matin pour les essais libres. L’expérience de six participations aux 24 Heures du Mans apportée par Claude-Yves Gosselin, le coéquipier de Joran, permet de définir rapidement de bons réglages, notamment sur le plan de l’appui aérodynamique. En seulement trois tours lancés, le jeune espoir de Bernay fait étalage de sa rapidité d’adaptation et de sa rapidité… tout court. Il établit la 4ème performance absolue, et hisse la #4 en tête des équipages Pro-Am.
Mais la séance de qualification est une autre chanson. Si Claude-Yves positionne la Lambo bleu turquoise du team Iron Lynx au 28ème rang et 4ème de sa catégorie, Joran subit les affres du trafic infernal en piste. Il apparait d’abord à la 5e place du général et 1er Pro-Am mais ce temps lui est retiré par les commissaires sportifs car il a dépassé les limites de la piste en doublant un pilote moins rapide juste avant le passage devant les cellules de chronométrage. C’est d’autant plus rageant qu’il avait réalisé plusieurs meilleurs partiels, mais sans pouvoir aligner les trois secteurs sur un même tour.
Place à la course 1 jeudi 13 juin à 13h15. Au départ, Claude-Yves conserve sa 28ème position, mais alors qu’il doit ralentir à l’approche d’une zone neutralisée, la voiture se met en sécurité et le Caennais doit redémarrer le moteur. Il perd beaucoup de temps et de nombreuses places dans l’incident. Joran prend le relais à la 38ème position. Il s’emploie à remonter, double une vingtaine de voitures et se classe 18ème, au pied du podium Pro-Am.
Ultime coup de théâtre de cette semaine mouvementée, la course 2 est annulée par l’organisateur pour raison de sécurité suite à des problèmes rencontrés avec les pneumatiques.
Joran Leneutre est intarissable quand il s’agit de parler de ce qu’il a vécu au Mans. « Nous avons commencé par un ‘track walk’ aussi particulier que le circuit est unique. Nous sommes allés de virage en virage, avec le coach des pilotes du team et Andrea Piccini, team principal et fondateur d’Iron Lynx, qui a fait trois fois Le Mans. Je connaissais le tracé par cœur grâce au simulateur, mais il était intéressant de prendre en compte les différences de revêtement, entre les parties récemment re-surfacées et l’asphalte plus usé des parties ouvertes à la circulation. Il est également assez saisissant de visualiser le segment des Virages Porsche qui passe sur le pont, c’est assez étroit et il n’y a aucun dégagement ! Aux essais libres, j’ai pris beaucoup de plaisir, j’avais même des frissons en me disant que j’étais en train de rouler à presque 300 km/h sur le circuit du Mans ! La séance de qualification s’est moins bien passée pour moi, j’avais des problèmes de réception radio et je ne savais pas que j’avais dépassé les ‘track limits’, ça se joue parfois à quelques millimètres. Mon erreur est de ne pas avoir assuré un tour moyen avant de tenter d’aller chercher la pole ou la première ligne. Mais Le Mans, c’est magique. On regarde la course à la télé quand on est petit, et quand on réalise qu’on a couru ici, c’est énorme. J’ai très envie de revenir ! »
Joran, qui reste 3ème au classement Pro-Am Lamborghini Super Trofeo Europe après l’étape sarthoise, découvrira un autre terrain de jeu d’exception, le Nürburgring, du 26 au 28 juillet !