Dakar Étape 2 : Joan Barreda et Sébastien Loeb-Fabian Lurquin, chasseurs dans l’âme

L’ŒIL DANS L’OBJECTIF
Véritablement submergé par les eaux, le bivouac d’Al Artawiyah a été privé de la soirée si spéciale de l’étape marathon qui devait s’y tenir. Mais c’est l’essence même du rallye-raid que de se plier à la nature : organisation comme concurrents se sont déroutés sans sourciller vers le bivouac de l’étape 3. Le programme sportif de la deuxième étape n’a pas pour autant été bouleversé puisqu’à l’issue de la spéciale de 338 km en direction de la province de Riyadh, une nouvelle liaison de 270 km a permis de rejoindre Al Qaisumah, où la caravane s’est établie pour deux nuits. La catégorie Dakar Classic, qui bénéficie d’un parcours en parallèle trop touché par les inondations, a rejoint la ville étape de substitution en convoi. La spéciale s’est déroulée à 90% dans le sable, dont un tiers de cordons de dunes dans lesquels les ténors ont commencé à resserrer leurs rangs chez les motos juste avant que le mano a mano entre Al Attiyah et Loeb ne tourne à l’avantage de la BRX Hunter.

L’ESSENTIEL
Il n’a jamais abdiqué et court toujours après un premier titre sur le Dakar. Joan Barreda, réputé comme l’un des plus rapides du plateau, n’a pourtant jamais fait mieux que la 5ème place au général décrochée en 2017. Hier, c’est une longue séance de jardinage qui a compromis ses chances. Mais comme souvent, son tempérament l’incite à tenter une ‘remontada’. En poussant le niveau d’attaque au maximum, il est allé chercher sa 28ème victoire de spéciale, pendant que loin devant lui, Sam Sunderland et Adrien Van Beveren s’emparaient respectivement des deux premières places du général, avec 2’51’’ d’écart.

Dans le genre chasseur d’étapes, Sébastien Loeb est aussi redoutable. Mais avec sa 15ème victoire (voir La stat), obtenue en suivant Nasser Al Attiyah qui menait grand train, le Français se rapproche à 9’16 et s’affirme avec son Hunter BRX, manifestement au point, comme le rival à surveiller pour le titre. Le duel se précise entre Al Attiyah et Loeb et ne devrait pas être arbitré par les Audi, bien que Carlos Sainz et Stéphane Peterhansel se montrent encore déterminés à faire parler d’eux : après leurs déboires d’hier, ils se classent 3ème et 4ème de l’étape.

Manuel Andujar a également souffert hier, mais les problèmes d’injecteur de son quad ont été réglés. Il s’impose en s’inspirant de la méthode Barreda mais accuse toujours un retard d’une demi-heure sur le leader lituanien Laysvidas Kancius.

C’est un coup d’éclat qu’a réalisé Guillaume De Mevius en s’imposant chez les T3 (voir La perf du jour), brulant pour 4 minutes la politesse à ‘Chaleco’ Lopez, le Chilien héritant toutefois du fauteuil de leader, suite à la rupture du carter de différentiel de Seth Quintero à 30 km de l’arrivée.

La Pologne garde la main chez les SSV au tableau des étapes, avec cette fois-ci le meilleur temps réalisé par Michal Goczal, mais c’est Austin Jones qui prend les commandes du général avec un court avantage de 1’52.

Un troisième Kamaz différent s’impose, avec Andrei Karginov devant ses trois autres coéquipiers. On ne voit également que du bleu aux 4 premières places du général, Sotnikov en tête !

LA PERF’ DU JOUR
L’équipe OT3-Red Bull continue de passer par tous les états. Si Seth Quintero s’est retrouvé coincé par une panne à 30 km de l’arrivée, la bonne surprise est venue de Guillaume de Mevius, un ‘rookie’ qui n’en finit pas d’expérimenter le yo-yo émotionnel à la sauce Dakar. Après un changement de copilote de dernière minute, le Belge désormais accompagné de Kellon Walch a perdu sept heures dans l’étape d’hier. La panne lui a également valu un départ hyper tardif qui l’a obligé à rouler dans les ornières des camions. Ce n’est pas le genre de contrariété qui l’empêche de donner du rythme, et même de réaliser au bout des 338 km de spéciale le chrono du jour ! Au passage, le vainqueur de la spéciale a même eu la délicatesse de s’arrêter en chemin pour dépanner d’une roue son coéquipier Andreas Mikkelsen. La performance dans la décontraction, c’est certainement une vision du Dakar héritée de son père Grégoire, triple vainqueur d’étape au début des années 2000.

LE COUP DUR DU JOUR
Décidément, quand ça veut pas, ça veut pas… et aujourd’hui Danilo Petrucci en est la parfaite illustration. Tout a commencé le 6 décembre lorsque le natif de Terni s’est fracturé la cheville et le talon droit. Il s’est quand même rendu en Arabie Saoudite comme ça, pour voir, et il s’est rapidement rendu compte qu’il était possible de rouler, quitte à serrer très fort les dents. Et puis, il y a eu ce test Covid positif à deux jours du départ. Après un autre contrôle, l’ancien vainqueur en MotoGP a finalement obtenu le feu vert pour réaliser son rêve de courir au Dakar. Classé deuxième au général de la catégorie Rally2 au soir de l’étape 1B, Petrucci va vite, très vite. Mais après avoir composé avec les blessures et la menace du Covid-19, c’est tout compte fait un problème mécanique qui aura eu raison du pilote Tech3, sa KTM s’étant stoppée au km 115 de la spéciale du jour. Il a bien essayé de réparer, en vain. Il a finalement été évacué. Petrucci n’a pas encore jeté l’éponge puisqu’il peut jouer sa carte joker qui lui permettrait de poursuivre l’aventure et d’en profiter pour faire ses armes en rallye-raid. Si tel est son choix, il recevrait dans tous les cas une pénalité de temps à l’instar de Stéphane Peterhansel en auto.

LA STAT DU JOUR : 15
La patience et l’abnégation de Sébastien Loeb ont finalement été récompensées aujourd’hui entre Ha’il et Al Qaisumah. Le nonuple champion WRC a su garder ses distances sur Nasser Al Attiyah pour gagner au terme de la deuxième étape de ce 44ème Dakar. Sébastien Loeb porte désormais à 15 son nombre de succès sur l’épreuve et se hisse au niveau de ses compatriotes Jean-Louis Schlesser et Bruno Saby au classement des pilotes qui comptent le plus de spéciales en auto. En figurant sur la première marche du podium du jour, Loeb offre également à l’écurie Prodrive qui découvre depuis l’année dernière le Dakar en ayant monté le team BRX son tout premier succès. Elle devient au passage le 27ème constructeur différent à triompher sur l’épreuve. Cerise sur le gâteau : Nani Roma a terminé cinquième à huit minutes de son coéquipier. Une belle journée pour le clan BRX.

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