M’Hamid Express ES3 : La Chevauchée désertique – 365,63 km.
Il a fallu en mettre un coup sur la plus longue étape du Rallye. Le bivouac s’est réveillé sous la voûte étoilée, les mécanos enfilent déjà leur combinaison et s’équipent de lampe frontale pour effectuer une dernière révision.
Dans l’écurie de Sylvain et Jules Mautret dénommée ‘Bande de Zèbres’, ils sont tous prêts à rentrer dans le vif du sujet pour affronter la piste sablonneuse et de la brousse poussiéreuse. Les six mécanos sont déjà sur le pont et branle-bas de combat pour les équipages du Team : le Can Am de Herbin-Tavernier (#142), le Can Am des Corvaja (#152), le Can Am de Henon-Durame (#161), le Petit Prost-Boine (#160), le Toyota HDJ 80 des Benoit (#204).
Le départ est donné derrière la commune de M’Hamid face au soleil levant. Au-delà de la performance de la veille, la première moto se présente pour ouvrir les festivités. Babette regarde les minutes s’égrener sur son chrono alors que les bénévoles essayent de placer les concurrents en file indienne dans l’ordre du départ. Cette organisation qui, logiquement devrait être simple, devient un casse-tête car, il manque toujours deux ou trois équipages retardataires qui viennent perturber le bon déroulement de l’organisation.
À force de fréquenter ces endroits et de rouler sur les pistes du M’Hamid Express, après deux jours de course, les pilotes chevronnés ceux des Polaris principalement tiennent la dragée haute aux Can Am. Attention, les Can Am et Yamaha devraient faire monter les enchères sous peu. Hier soir, l’équipage Lacam-Delfino (#127) qui avait cassé trois ponts en deux jours, était bien au départ. Si le SSV fonctionne correctement à nouveau, il faudra compter sur eux pour la ‘remontada’ !
Une fois les motos lancées, le SSV Polaris de Caszalot-Pereira (#120) se positionne dans la zone de lancement et s’élance sur les chapeaux de roues. Une minute plus tard, c’est au tour du Can Am # 128 Gabari / Labriny (#128) qui attend le feu vert de Babette. Derrière, on retrouve le Polaris de Cazenave-Bourricaud (#118). Un Can Am pris en sandwich entre deux Polaris !
La pression monte et, entre les cinq premiers du général, ça va être la guerre sur ces 365 km. Aujourd’hui, une nouveauté sur le rallye, les concurrents bénéficient à un road-book papier avec quelques caps. Une excellente initiative pour les jeunes copilotes qui, jusqu’ici travaillaient avec le principe de la tablette. Une autre façon de décortiquer le tracé. Page par page, ils vont découvriront les caps, les symboles, le kilométrage total et les partiels. Ils peuvent aussi utiliser que leur tablette. Ce sera leur choix.
Sur cette longue étape, le descriptif présente des pistes étroites et très rocailleuses, il ne sera guère aisé de doubler sans prendre de risques. Dès lors, le bon sens de chacun sera mis à l’épreuve pour que cette journée se dispute dans un contexte sportif et loyal. Il arrive certaines fois que des excès en tous genres soient commis par des inconscients qui perdent tous sens de courtoisie et de sang-froid. Un constat en particulier à l’arrivée du prologue. Ils savent toutefois que, dans le désert on ne triche pas, on ne ment pas et, personne n’est à l’abri d’une erreur. Presque tous les concurrents ont vécu leur lot de galères : « panne mécanique ou électrique, pipe d’admission, barre de transmission, cardan, triangle, crevaison… » la liste est longue pour pouvoir tout développer.
Vers les 16 heures, le Can Am de Van Lancker-Lesne (#104) rentre au bivouac avec le train arrière arraché, il avance telle une fourmi sur trois roues. Afin d’équilibrer le véhicule, le copilote est debout sur trois pneus posés sur la marche pied.
Sur cette spéciale, on constate aussi que les dix premiers roulent quasiment sur le même rythme. Au-delà du classement, tous adoptent une discipline sans faille. Le long du lac Iriki, ça décoiffe ! A l’arrivée, le décor est toujours le même, le sable ocre du grand parking couvre le sol de l’hôtel ‘Chez le Pacha’. En fin d’après-midi, tout le monde rentre au bivouac dans la joie, la bonne humeur et, avec le sentiment du travail accompli. Couverts de poussière et de sable, les traits tirés, à peine reconnaissables, aucun concurrent ne se plaint.
Oubliant la poussière de l’étape, la fatigue d’une journée de pistes ou l’indispensable révision du véhicule, chacun vient oublier la spéciale et les problèmes rencontrés, en regardant la lune qui entame sa courbe descendante derrière un sable rougit par la chaleur de la journée.
Florien Frederico (#04) : « Hier, ce n’était pas terrible, j’avais cassé ma fourche. En revanche, aujourd’hui, je me suis régalé. Ancien pilote de motocross en Championnat de France, c’est la première fois que je dispute un Rallye-Raid et je pense que ça ne sera pas le dernier. J’aime bien cette discipline. La grande différence avec la motocross, c’est qu’ici, il faut toujours être concentré et très vigilent. Aujourd’hui, j’ai signé le scratch avec une moto Chinoise KOVE. Je suis là pour apprendre, corriger mes erreurs et pour m’améliorer. Dans la mesure où j’ai perdu trop de temps sur la spéciale d’hier, maintenant, ce qui compte, c’est de terminer le Rallye et de ne pas abîmer ma moto. »
Rémy et Alexandre Chapot – Buggy BMC 2 roues motrices (#205) : « Je roule avec mon fils, c’est la première fois qu’il affronte les dunes. De mon côté, j’en suis déjà à douze années de rallye-raid. Comme tout le monde, nous avons eu des petits tracas : injecteur, turbo… Mais dans l’ensemble, tout va pour le mieux. Le plus compliqué pour nous, c’est d’affronter les dunes en 2 roues motrices. Je pense que demain, nous allons en voir. Je trouve que l’ambiance est bonne, et que tous les membres de l’organisation sont chaleureux. Nous apprécions beaucoup la coupure de 30 minutes, c’est une excellente initiative, ça nous permet de souffler un peu entre deux tracés. Nous sommes là, pour nous faire plaisir. »
Yvan et Véronique Diard – Toyota HDJ 80 (#201) : « Une journée parfaite pour nous, puisque nous faisons deux scratchs de suite. Les paysages étaient magnifiques. Un vrai plaisir de rouler dans ces conditions. La végétation était partout et le lac Iriki, plein d’eau, nous avons aimé. Nous avons croisé sur les chemins de traverse un troupeau de Gazelles. Sans quoi, il y a des problèmes mécaniques, mais je pense, un peu comme tout le monde. Dans les dunes, nous avons tracté plusieurs concurrents. C’est aussi l’esprit du Rallye-Raid. C’est formidable d’être ici, car tous les concurrents sont en fait des amis, malgré l’importance de l’esprit de compétition. Nous espérons nous engager sur le Morocco Sand Express L’Oasis. »
