
Il se dit souvent que le Dakar se gagne sur les erreurs des autres. Le verdict intermédiaire n’a bien sûr rien de définitif, mais le scénario de la première semaine illustre à merveille cet adage, les rivaux attendus de Nasser Al Attiyah ayant trébuché dans les grandes largeurs, de façon rédhibitoire pour les Audi et avec une carte encore prometteuse parmi les Hunter de BRX.
La quête du titre s’annonçait sous les meilleurs auspices pour les RS Q e-tron E2, avec les victoires de Mattias Ekström sur le prologue et de Carlos Sainz le lendemain.
L’Espagnol a même fait jeu égal avec Al Attiyah, pendant que Stéphane Peterhansel se relançait après une première alerte sonnée par des crevaisons en chaîne. Mais c’est sur la sixième étape, précisément au km 212, que les espoirs de victoire des Audi se sont envolés, ou plutôt écrasés au pied d’une dune qui a signifié l’abandon à Stéphane Peterhansel et à son copilote Édouard Boulanger, blessé à une vertèbre par le choc, pendant que la voiture endommagée de Sainz devait attendre plusieurs heures avant d’être récupérée par le camion d’assistance de l’équipe. Ekström connut le lendemain un sort aussi peu enviable après avoir cassé une suspension : le Suédois pointe maintenant à plus de sept heures de Nasser.
L’entame du rallye semblait tout aussi encourageante pour les quatre Hunter alignés par l’écurie Prodrive, qui ont commencé à subir les rigueurs du terrain saoudien avec une avalanche de crevaisons reléguant Loeb comme Terranova, Chicherit et Zala à plus d’une heure du sommet du général au soir de l’étape 2.
Depuis, en dépit d’une cabriole et d’une panne de direction assistée, Sébastien Loeb s’est lancé dans une opération de reconquête du terrain, qui le replace après deux victoires d’étapes au quatrième rang de la hiérarchie, avec dans son viseur immédiat le podium à environ une demi-heure.
Pour l’heure, Nasser Al Attiyah parait hors d’atteinte, après avoir franchi avec calme et succès tous les obstacles qui se sont présentés devant lui. Ni les caillasses tranchantes comme des couteaux, ni les dunes les plus rotors, ni les plus fines subtilités de navigation n’ont fait vaciller le duo qu’il forme avec Mathieu Baumel. Et ils n’ont pourtant pas roulé à l’économie : trois nouvelles victoires d’étapes sont tombées dans leur escarcelle sur la route de Riyadh. Au général, le matelas de Nasser s’est épaissi jusqu’à 1h03’ sur son premier poursuivant, Henk Lategan.
Sans tirer de conclusion hâtive, un coup d’œil aux archives permet d’apprécier le travail réalisé par le seigneur des sables : lors de ses quatre précédentes victoires (2011-15-19-22), il n’avait jamais franchi la journée de repos avec plus de 50 minutes d’avance.
L’année dernière, c’est Yazeed Al Rajhi qui le suivait à distance raisonnable. Le pilote saoudien est le seul atout majeur de Toyota qui soit sorti du jeu, bien qu’il ait empoché une étape. Pour le reste, les Toyota toutes chapelles confondues relèvent le défi du Dakar 2023 avec classe.
Derrière Nasser, le podium est pour l’instant occupé par deux coéquipiers, Henk Lategan et le nouveau venu Lucas Moraes (à 1h20), tandis que Giniel De Villiers (5ème) et Romain Dumas (6ème) assurent la densité des Hilux dans l’élite.