Silk Way SS3: Hunt et Sotnikov marchent sur l’eau

Harry Hunt et Sébastien Delaunay, leaders du rallye © DPPI

Alors que jusqu’à hier un temps estival accompagnait le rallye dans une région où la pluie est rare de violents orages se sont abattus sur l’étape du jour. Les conditions de course et de sécurité se dégradant de minute en minute, l’organisation a décidé d’arrêter la course à CP1 (km 140). C’est dans ces conditions exceptionnelles que Harry Hunt (Peugeot 3008 DKR Maxi #107)  a remporté la 3ème étape du Silk Way Rally 2018. 

Le pilote britannique s’empare de la tête du classement général auto suite aux ennuis rencontrés par Nasser Al-Attiyah (Toyota Hilux #101), parti d’Elista en deux roues motrices et, victime d’un embourbement qui lui coûte près d’une heure. Du côté des camions, le secteur sélectif du jour arrêté au point kilométrique 140 (CP1), excepté pour les trois premières autos, permet à Dmitry Sotnikov (Kamaz-Master) de conforter sa position de leader au général.

À RETENIR
Quand Hunt… chasse Al-Attiyah
Nifontova sauvée des eaux
Sotnikov sort du bourbier
Demain : « Sur la trace d’Astrakhan »
Le Merzouga de Russie

Autos : Quand Hunt… chasse Al-Attiyah
Toujours… de boue ! Alors que le ciel vient de lui tomber sur la tête, Nasser Al-Attiyah tente désespérément de conserver son légendaire sourire. Privé de motricité sur le train arrière de sa Toyota Hilux depuis hier, le pilote qatari a vécu l’enfer sur cette 3e étape du retour vers Astrakhan. Embourbé à 3 km du CP1 (km 140) et en proie à un souci d’embrayage, il lui a fallu plus de 50 minutes et un sacré coup de main du Russe Krotov (BMW X3 #11) pour finalement rallier le premier contrôle de passage. Une aubaine pour ses adversaires qui n’en demandaient pas tant pour naviguer toutes voiles dehors vers l’arrivée, sous les premières averses. Parti le couteau entre les dents et parfaitement guidé par son ‘skipper’ Sébastien Delaunay, Harry Hunt (Peugeot 3008 DKR Maxi #107) a livré un combat naval aux deux MINI John Cooper Works de Yazeed Al Rahji et Nani Roma. Entre baignades forcées et glissades à peine maîtrisées, ces trois-là, les seuls à franchir la ligne d’arrivée du secteur sélectif, s’expliquèrent à coups de secondes. Avantage au pilote britannique qui signe sa première victoire d’étape pour 48 secondes sur Al Rahji et s’empare de la tête du classement général, où il relègue le Saoudien à plus de 18 minutes. Classé 16ème de l’étape avec un chrono calculé à CP1 et, augmenté du temps forfaitaire jusqu’à l’arrivée, Al-Attiyah pointe désormais à la 3ème place, à 55:24 de Hunt.

Catégories T2 & T3
Nifontova sauvée des eaux
Pour Anastasia Nifontova (Toyota LandCruiser #132) cette 3ème étape a été celle de la grande frayeur. Concédant près de 46 minutes au Chinois Zi Yun Gang (Toyota LandCruiser #134), la pilote russe a vu se liquéfier son avantage au général. Deuxième du jour, l’autre Toyota du Chinois Lu Binglong, complète le podium provisoire de la catégorie T2 réservée aux véhicules de séries. Changement de leader, en revanche en T3 (SSV) où la Russe Mariia Oparina (Maverick X3 n°115) s’est laissée déborder à tribord par le Bulgare Petar Cenkov (Quaddy Yxz n°130), vainqueur du jour, devant le Français Frédéric Chavigny (Polaris RZR #126).

Camions : Sotnikov sort du bourbier
L’image est saisissante : trois Kamaz enfoncés jusqu’à la garde dans un bourbier géant. La scène se déroule à quelques 20 kilomètres de CP1. Après Karginov, c’est Nikolaev et son ‘Kapotnik’ noir qui semblent engloutis à jamais. Arrivé sur place pour aider ses compères c’est, à son tour, Anton Shibalov qui perd pied. Parti dernier ce matin d’Elista après une liaison de nuit pour cause de réparation du train avant de son Renault Sherpa, c’est finalement Martin Van Den Brink qui évite le naufrage au team russe. Le Néerlandais n’oubliera pas de fêter dignement son anniversaire par un 2ème chrono du jour dans le sillage de Dmitry Sotnikov, le seul Kamaz à être sorti indemne du bourbier. Le lauréat de l’édition 2017 en profite pour creuser l’écart au général où ses équipiers Mardeev et Karginov pointent désormais respectivement à 26 et 35 minutes. Mais la mésaventure du jour revient sans conteste au team MAZ Sport Auto, dont le leader Siarhei Viazovich, concéda plus de 3 heures, planté en hors-piste après avoir voulu contourner l’obstacle…

ROAD BOOK
Demain : Etape 4 – ASTRAKHAN-ASTRAKHAN : « Sur la trace d’Astrakhan… » –  390,58 km
Pour cette deuxième boucle autour d’Astrakhan (390,58 km dont 366,03 de secteur sélectif), le sable devrait rendre le secteur sélectif nettement plus praticable sur un tracé similaire alternant de portions rapides et secteurs de ‘woops’. Attention, cependant, aux traces et aux éventuelles ornières résultant du passage de la caravane lors de la SS1 de samedi dernier. La navigation sera encore une fois à l’ordre du jour…

LE SAVIEZ-VOUS ?
Le Merzouga de Russie…
Astrakhan, nichée aux confins de la Volga et de la Route de la Soie recèle mille et une merveilles. Mais outre son Kremlin, et ses innombrables temples bouddhistes, ses fourrures et son caviar, celle que les Tatars ont baptisé, voici plus de 500 ans, ‘L’étoile du désert’ ouvre ses portes sur le plus grand désert d’Europe. C’est ici que chaque année, le championnat de Russie de rallye tout-terrain se dispute dans des cordons de dunes qui n’ont rien à envier à ceux d’Afrique du nord ou d’Amérique du sud. Les compétiteurs russes, biélorusses et kazakhs connaissent cette région sur le bout des doigts. « C’est un peu notre Merzouga », confirme Anton Shibalov, l’un des pilotes du team Kamaz-Master qui, outre les courses nationales, effectue dans cette région, l’essentiel des essais préalables à tous ses grands rendez-vous.

AUTOS
Harry Hunt (G-B/Peugeot 3008 DKR Maxi #107 – 1er) – « Moscou est encore loin »
 ‘Il y avait vraiment beaucoup d’eau sur la piste et d’innombrables flaques et passages de gué. C’était très glissant et vraiment pas facile de rester sur la piste, surtout avec notre buggy deux roues motrices. Nous sommes restés plantés juste avant CP2 et Yazeed (Al Rajhi), nous a passé. C’est bien de passer en tête, mais Moscou est encore loin et tellement de choses peuvent encore se passer. Nasser (Al-Attiyah) à près d’une heure, cela devrait être ok (rires). Mais il suffit parfois de si peu de choses, une crevaison, un problème mécanique… Je vais simplement continuer à rouler vite et à prendre du plaisir…’

Yazeed Al Rajhi (SAR/MINI John Cooper Works #103 – 2ème) – « Très glissant »
« Tout s’est bien passé pour nous et nous avons pris du plaisir. Dans ces conditions, la piste était très délicate à négocier. Nous ne savions pas que la spéciale avait été annulée après CP1 (NdlR : ils avaient déjà dépassé CP2 lorsque la décision a été prise.) »

Nani Roma (Esp/MINI John Cooper Works #104 – 3ème) – « Happy with my speed… »
« La pluie tombait vraiment fort et les conditions étaient très difficiles. Nos voitures, ni nos pneus ne sont prévus pour cela. Le problème c’était que la piste était tellement glissante qu’on roulait dans l’herbe sur les bas-côtés, mais là, il y a des grands trous ! Je me suis bien douté que dans ces conditions, la spéciale risquait d’être annulée à CP1. Mais en y arrivant, personne ne nous a dit quoi que soit. Même chose à CP2. Après mes ennuis de santé du premier jour, je suis vraiment heureux d’être là. Je ne m’attendis pas à être aussi rapide aujourd’hui. Harry et Yazeed ont déjà fait pas mal de courses durant l’année et pour moi
il s’agit du premier rallye depuis le Dakar.’

Mathieu Serradori (Fra/Buggy SRT #108 – 4ème) – « Je n’avais jamais vécu ça ! »
« Ce fut une journée compliquée, mais elle le fut pour tout le monde. Nous sommes parvenus à tenir le rythme de la tête de course en passant 4e à CP1. Après cela, les conditions sont devenues apocalyptiques. Je n’avais jamais vécu cela auparavant. On m’en avait déjà parlé, j’avais vu des images à la télé, mais là, je l’ai expérimenté par moi-même. La quantité d’eau sur et en dehors de la piste était impressionnante. Avec la buée sur le pare-brise, on n’y voyait pas grand-chose. On s’est fait quelques belles frayeurs. Plusieurs fois je me suis dit qu’on allait y rester. On est content d’être au bivouac et dans cette position. La troisième place est toujours jouable et tout peut encore se passer. »

Nasser Al-Attiyah (Qat/Toyota Hilux #101- 16ème) – « Ce ne sera pas facile, mais je vais essayer de gagner »
« Hier nous avons eu problèmes avec le différentiel arrière. Nous ne sommes pas parvenus à le réparer donc, avec l’aide de l’assistance T4 des Kamaz, nous avons décidé de l’enlever. Nous savions que ce serait une journée compliquée. Après avoir perdu du temps régulièrement sur nos adversaires, nous sommes restés plantés et l’embrayage a commencé à surchauffer. C’est là à 3 km de CP1 que nous avons perdu beaucoup de temps. Heureusement un concurrent nous a tracté. En arrivant à CP1, les organisateurs nous ont dit de nous arrêter. Il reste 4 jours de course. Nous allons tenter de remettre la voiture en état. Ce ne sera pas facile, mais je vais essayer de de gagner cette course. »

CAMIONS
Dmitry Sotnikov (Rus/Kamaz-Master #300 – 1er) – « Impossible de piloter… »
« C’était très mauvais aujourd’hui. Il était vraiment impossible de piloter le camion dans ces conditions. Je crois qu’avant le départ de cette spéciale, personne n’imaginait qu’il serait aussi compliqué de rester sur la piste. La météo a vraiment tout changé. Au début, cela ne glissait pas trop et tout était sous contrôle. Mais lorsque la pluie a commencé à tomber, le camion était incontrôlable. La visibilité était réduite et je n’ai vraiment jamais pensé à rouler vite. La seule ambition était de rouler et… d’arriver. »

Martin Van Den Brink (P-B/Renault #304 – 2ème) -« Deuxième pour mon anniversaire »
« Nous avons passé tout la journée et la nuit de dimanche à réparer le camion et nous sommes arrivé à Elista à 6 heures du matin. Nous avons eu le temps de dormir une heure avant de prendre le départ comme dernier concurrent. Nous avons dépassé pas mal de concurrents et puis, juste avant CP1, nous avons sorti le Kamaz de Shibalov qui était planté et puis nous avons poursuivi notre route. Il n’était pas clair que la spéciale était annulée, alors nous avons continué jusqu’à CP2. Nous terminons 2ème aujourd’hui, c’est un beau cadeau pour le jour de mon anniversaire. C’est difficile de gagner lorsque vous partez de derrière… »

Philippe Janssens,

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